L’allongement de la vie professionnelle est l’une des dispositions prise par les politiques afin de faire face au vieillissement démographique. Dans cette perspective, les salariés entrent dans un processus de vieillissement au travail. Le travail, lui-même, a fortement évolué au cours des dernières décennies. Il est marqué par de nombreux changements techniques et organisationnels qui ont pour effet de reconfigurer les pratiques et compétences des salariés (Caroli, 2001 ; Greenan, 2003 ; Vendramin & Valenduc, 2002). Les salariés vieillissent et devront vieillir dans des environnements de plus en plus médiatisés par les TIC. Or, les difficultés des salariés les plus âgés à s’adapter aux changements techniques et technologiques sont connues et démontrées (Czaja et Sharit, 1993 ; Greenan, Narcy & Volkoff, 2012) aux dépens des ressources mobilisées par ces salariés de façon à ce qu’ils continuent à « bien faire » leur travail. Dès lors, notre thèse vise à interroger (a) les effets des nouvelles technologies sur l’activité des salariés âgés ainsi que (b) les conditions sociotechniques qui permettent l’acceptation des TIC par ces salariés âgés. Nous postulons que les TIC n’ont pas nécessairement un effet délétère sur l’activité des salariés âgés dès lors que l’environnement sociotechnique rend possible le développement de l’activité de ces derniers.Dans la perspective d’une approche tout à la fois systémique, située et développementale, nous avons déployé une démarche de recueil procédant par double triangulation : méthodologique et des points de vue. A cet effet, des entretiens semi-directifs ont été réalisés à la fois avec des représentants syndicaux, médecins du travail, demandeurs d’emploi seniors et salariés âgés. L’objectif est d’appréhender les relations entre vieillissement et travail de différents points de vue. Des observations et techniques de verbalisations ont également été mobilisées afin d’appréhender l’activité des salariés âgés in situ. Enfin, des entretiens d’explicitations ont été menés sur la base des observations précédemment citées afin de cerner ce qui, dans l’expérience vécue de chaque salarié âgé, orientait ses actions, tout en permettant, ou non, le développement de son activité. Nos résultats confirment que les relations vieillissement, travail et TIC sont complexes. En effet, une multitude d’éléments rentrent en jeu dans leur configuration et dans leur articulation. Néanmoins, certains d’entre eux apparaissent prépondérants : le niveau de formation initiale, l’existence et l’appartenance à un collectif de travail, la possibilité de mobiliser le métier dans sa dimension transpersonnelle (outils de travail, ficelles du métier), la latitude organisationnelle ou encore que le caractère « plastique » et ajustable des TIC aux exigences de l’activité. Ces éléments sont tout autant de moyens qui permettent aux salariés âgés de développer les compétences nécessaires à l’usage des TIC en situation pour ainsi les intégrer à leurs pratiques de travail. / The lengthening of working life has been one of the policy measures taken in order to deal with demographic ageing, and this has led workers to enter the ageing process as they are still working. Work itself has much evolved over the last few decades, as many technical and organizational changes have reconfigured the practices and skills of workers (Caroli, 2001, Greenan, 2003, Vendramin & Valenduc, 2002). Workers age, and will continue to age, in environments ever more shaped by information and communication technologies (ICT). The difficulties that the oldest workers face in adapting to technical and technological change has been well known (Czaja and Sharit, 1993; Greenan, Narcy & Volkoff, 2012) and demonstrated by the resources they mobilize so as to keep on doing “good work.” Our thesis seeks to investigate (a) the effects new technologies have on the activity of older workers as well as (b) the sociotechnical conditions that enable them to accept ICTs. We posit that ICTs are not necessarily detrimental to the activity of older workers as long as the sociotechnical environment enables its development.Using an approach that is at once systemic, situated and developmental, we have collected data by double triangulation – methodologically, as well as by gathering points of view. We have achieved this through semi-directive interviews held with union representatives, occupational health doctors, elderly job seekers and older workers. The aim is to gain better insight into the relation between work and ageing, from different points of view. Observations and verbalization techniques have also been performed to understand the activity of older workers in situ. Finally, clarifying interviews have been held following observations in order to discern which aspects in the experience of each older worker oriented their actions while enabling, or not, the development of their activity.Our findings confirm that the relations between ageing, work and ITCs are complex, as many factors come into play in their configuration and articulation. There appear however to be a certain number of overriding factors: level of initial education; existence of, and belonging to, a work collective; ability to engage in the transpersonal dimension of one’s progression (working tools and “tricks of the trade”); organizational latitude; or the “plasticity” or adaptability of ICTs to the demands of the activity. All these are means for older workers to develop the necessary skills to use ICTs situationally so as to integrate them in their professional practice.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSE2137 |
Date | 04 December 2017 |
Creators | Cros, Florence |
Contributors | Lyon, Bobillier-Chaumon, Marc-Éric, Cuvillier, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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