La pensée nietzschéenne a souvent été soumise à un découpage intellectuel. Une première période schopenhauerienne avec l’écriture de La naissance de la tragédie, une deuxième proche de Voltaire et des Lumières débutant par Humain, trop humain, et enfin une troisième période, celle du Gai savoir, du Zarathoustra jusqu’aux terribles Dithyrambes de Dionysos. Cependant certains auteurs, comme Granier ou Fink, ont remarqué la résurgence des premiers thèmes dans cette dernière période dite exclusivement dionysiaque. Ces problématiques, ces interrogations, ce sont celles qui gravitent autour du problème de la tragédie. Or reconnaître que Nietzsche n’a de cesse de revenir, à la fin, vers cette « première transvaluation de toutes les valeurs », c’est reconnaître un lien indéniable entre La naissance de la tragédie et le Zarathoustra. Nous proposons par conséquent d’interroger la figure apollinienne de l’individuation et celle du Tout dionysiaque au-delà de cette première publication. La tragédie n’est-elle pas alors le cœur de la pensée nietzschéenne ? la cohérence qui lui fait si souvent défaut ? Cependant cette lecture va bien souvent à l’encontre de l’héritage nietzschéen, qu’il s’agisse d’un romantisme atavique (Bertram) ou de l’hégémonie conceptuelle (Deleuze). Si bien que penser le retour d’Apollon sur la scène tragique, penser l’individuation au travers du Zarathoustra et des dithyrambes, c’est repenser le fondement mythique chez Nietzsche, non pas à la manière d’une anecdote, ni dans l’assimilation d’un cliché à abattre, mais dans la problématique de l’ego fatum et de l’affirmation illimitée du surhomme. Reconnaître dans la volonté de puissance la puissance du mythe, c’est donc indéniablement se confronter à la violence du nihilisme, tant d’un point de vue schopenhauerien, que d’un point de vue parfaitement moderne. C’est le problème politique de la révolte (Camus), de la résurrection (Franck), de la chair (Stiegler). Dans le dilemme d’un passé victorieux, d’un Nietzsche wagnérien, ou d’un plan d’immanence révolutionnaire, le concept comme meurtre des identités, n’est-il pas nécessaire de recadrer la volonté de puissance au sein d’un Éternel retour tragique plutôt qu’au sein d’un Éternel retour sélectif et meurtrier ? N’est-il pas indispensable de recouvrer l’identité d’Apollon pour admettre sa nécessaire extinction, la « mort volontaire » ? / Nietzsche's thought has often been submited to an intellectual split. The first period Schopenhauerian with the writing of "The birth of tragedy", a second one close to Voltaire and the Lumières starting with "Human, all to human", and finally a third period, "The gay science" one, from "Zarathustra" to the terrible "Dithyrambs of Dionysus". Some authors, like Granier or Fink, have however noticed the first themes resurgence during the last period said to be exclusively dionysian. Those issues, those questions, are the ones spinning around the tragedy problematic. But admitting that Nietzsche doesn't stop from coming back, at the end, to this "transvaluation of values", is admitting the undeniable link between "The birth of tragedy" and the "Zarathustra". And so we suggest to question the Apollonian figure of individuation and the one of the All dionysian over this first publication. Isn't the tragedy the heart of the Nietzsche thought? The consistency that he is often missing? This reading however often goes against the Nietzsche legacy, it being atavistic romanticism (Bertram) or a conceptual hegemony (Deleuze). To a point where thinking the Apollon's come back on the tragic scene, thinking individuation through "Zarathustra" and some dithyrambics, is re-thinking the Nietzsche's mythic base, not in a anecdotal way, neither in a way to kill a cliché, but in a problematic of the "ego fatum" and the unlimited overman affirmation. Recognizing the myth power in the willingness of power, is definitely coming against the nihilism violence, as much as from a Schopenhauerian's point of view, as from a modern one. This is the political issue of the revolt (Camus), the resurrection (Franck), the flesh (Stiegler). In the victorious past dilemma of a wagnerian Nietzsche, or a revolutionary immanence plan, the concept of identity murder, isn't it necessary to focus the willingness of power inside an everlasting tragic return rather than a everlasting selective and murderer return? Isn't it necessary to recover Appolon's identity to admit its necessary extinction, the "voluntary death"?
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LYSE3066 |
Date | 06 February 2016 |
Creators | Guelpa, Rémi |
Contributors | Lyon, Pinchard, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0017 seconds