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L'évanescence du corps chez quelques auteurs postmodernes : domaines francophone et anglophone : Marie-Claire Blais, Pascal Bruckner, Marcel Moreau, John Banville, Ian McEwan, Joyce Carol Oates / [The vanishing body in some postmodern authors] : [french and english-speaking fields] : Marie-Claire Blais, Pascal Bruckner, Marcel Moreau, John Banville, Ian McEwan, Joyce Carol Oates

L’évanescence suppose un état de précarité qui se nourrit de sa propre incomplétude. Le corps qui s’éthérise est en permanente déperdition de matérialité et d’énergie, ce qui amènera le détachement de la conscience. L’acheminement de l’état « tout-corps » à celui de « dé-corps » passe par trois régimes visuels : par l’opacité, associée à la pierre et à la figure de Thanatos, par la translucidité, qui concerne la chair et le feu érotique et, enfin, par la transparence du verre et de l’air, marquant l’entrée sur les territoires de Narcisse. Le thème du corps évanescent est développé autour de ces trois axes selon une logique centrée sur l’existence d’un seuil – décliné comme mur opaque, paroi organique translucide ou écran transparent. Ce seuil signale la transgression d’ordres et d’interdits. Lors du passage, le corps perd graduellement son ancrage dans la réalité concrète, qui s’estompe à vite allure pour faire place à un complexe espace-temps construit graduellement, dans le malheur de la maladie et de la mort ou dans la joie de la projection heureuse. Le corps évanescent tend vers un ailleurs qui s’organise à mesure que le premier s’efface. Ce double conditionnement s’accompagne d’innombrables régressions temporelles qui réverbèrent au niveau de la conscience incorporée sous la forme de la fissure qui entraîne le détachement. Sous le régime de la pierre l’évanescence se cristallise autour de l’image de la statue qui parcourt le trajet symbolique entre figement et vivification. Le marbre, le plâtre et le sable sont les trois motifs qui expriment l’idée de fragilisation de la matière. Le retour à la vie se prolonge dans la tiédeur de la chair réchauffée. Alors qu’elle atteint le seuil de la liquéfaction dans la fugue érotique, l’intensité de la sensation commence à diminuer, ce qui amène à un nouveau refroidissement. Dans le domaine de la transparence le corps subit des formes de détachement selon une logique qui va de la réflexion dans le miroir en tant qu’expression d’un moi naissant à l’extrême affaiblissement du caractère réfléchissant qui altère l’image de soi. Fenêtre, vitrine et écran sous-tendent l’effacement sous le régime de la transparence tout en créant l’illusion d’une intériorité. Comble du processus évanescent, le corps éthérique est mis en rapport avec l’ineffable de l’élément aérien. Cette forme de corporalité ultime exprime le détachement de la conscience, dans la joie comme dans la souffrance. Elle décrit un état de précarité absolue, qui met en avant le fait que tout en se délivrant de ses amarres matérielles la conscience tend à conserver un engramme qui assure la réincorporation, et avec elle, la survie. L’envol, le survol et la descente décrivent trois formes d’évanescence « aérienne » qui marquent le retour symbolique à l’opacité à travers des images d’épaississement : par les motifs de la vapeur, du brouillard ou de la nuit « polie » on est ramené au point de départ de la réflexion. L’histoire du corps évanescent, qui commence et achève par des images de la mort, est également l’histoire d’un continuel retour à la vie, aux forces pulsionnelles, à l’euphorie de se sentir vivant. / The vanishing body depicts a state of extreme precariousness and reveals a progressive loss of substance and vitality which results in the disembodiment of the conscience. The way from being “all body” to being “out-of-body” is hallmarked by three visual categories, each one being assigned a certain classical element: stone, for opacity (the territory of Thanatos), erotic fire for the flesh representing translucency and air and glass for transparency, reminding Narcissus. In this structure water is always the transversal element. The theme is therefore sustained by a network of thresholds such as: the wall, the organic layer and the transparent or invisible screen. With every threshold comes the idea of transgression. Passing into another state or dimension interrupts the contact with reality which fades swiftly away and makes room for another time-space configuration gradually defined by death and illness, by joy and thrilling giddiness. The vanishing body tends to inhabit a no man’s land ever more present as the first one fades away. It is thus submitted to various temporal regressions which concern the embodied consciousness and evolves as a “crack” finally producing the separation body-conscience. Within the realms of Thanatos and the stone the evanescence concerns the representation of the statue which stiffens and then recovers the “flesh-state” progressively. The marble, the plaster and the sand present themselves as three “stages” of dematerialization. Coming back to life means entering a state of tepidness of the revived flesh. As the sexual temperature increases it reaches a threshold of erotic liquefaction which then diminishes to a new form of symbolic coldness represented by physical decay and loss of sexual interest. In the field of transparency the body suffers several forms of detachment stretching from the mirror reflection as expression of a newly-born ego to the extreme weakening of the reflexivity which alters the sense of self. Window, window display and transparent shield underlie the self-effacement and create the (illusion of) inhabitable space.Peak of the vanishing process, the ethereal body is finally connected to the air as classical element. This ultimate form of corporeality express the disembodiment of the conscience in symbolic projections of both joy and suffering. It shows a state of absolute precariousness which points out the fact that by loosening the grip on the immediate reality the consciousness tends to gradually build up an engram of the body which ensures the reincorporation and by that, the survival. The take-off, the overflight and the landing describe three forms of “aerial” vanishing which states a symbolic return to opacity declined through images of densification: the steam, the fog, and the “polished” opacity of the night represent a comeback to the starting point of reflection. The story of the vanishing body, which starts and ends through images of death, is nevertheless the story of the continuous return to life and its possibilities.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016CLF20012
Date30 September 2016
CreatorsPop, Andreea
ContributorsClermont-Ferrand 2, Universitatea Babeş-Bolyai (Cluj-Napoca, Roumanie). Facultatea de Studii Europene, Lysøe, Éric, Lascu-Pop, Rodica
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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