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La ferme des bénévoles : analyse comparée des pratiques de woofing en France et au Québec

Le woofing propose à des bénévoles de venir en aide à des « hôtes » propriétaires de fermes biologiques en échange du gîte, du couvert et du partage de connaissances. Ces « petites mains » novices des savoir-faire paysans s’activent aussi bien dans les champs que dans les maisonnées, et représentent une nouvelle forme d’entraide agricole. La thèse analyse le rôle du woofing dans les secteurs de l’agriculture paysanne française et québécoise, de même que ses usages par les woofeur·euses et les organisations du travail qui en découlent. Grâce à une approche féministe du travail, la thèse rend compte de l’articulation entre la reproduction sociale, c’est-à-dire l’entretien des vies humaines et non-humaines, et la production marchande dans le cas du woofing. La thèse repose sur une méthodologie ethnographique qui combine des immersions au sein des fermes en tant que woofeuse, une analyse documentaire et des entretiens semi-directifs avec hôtes, woofeur·euses et membres des organisations agricoles. La thèse montre tout d’abord comment le bénévolat dans ces entreprises commerciales constitue une anomalie juridique en France et au Québec, qui prend place dans des secteurs d’activités marqués par des fragilités structurelles, politiquement instituées dans une large mesure. S’il est mieux toléré au Québec qu’en France, le woofing fait l’objet d’un déni de travail dans les deux cas. Il recrute ensuite majoritairement des personnes privilégiées à la recherche d’une expérience touristique, militante ou professionnalisante. Enfin, paysan·nes et woofeur·euses interagissent au sein d’organisations alternatives du travail centrées sur le souci des autres, où la subordination est remplacée par le don. Les logiques du prendre soin, si elles peuvent susciter une usure chez les hôtes, permettent cependant de lutter contre les organisations productivistes du travail et ainsi de le re-visiter. / Woofing gives the opportunity to volunteers to help organic farmers in exchange for accommodation, food, and knowledge sharing. These novices learn peasant know-how and active both in the fields and in the households. Therefore, they represent a new form of agricultural mutual help. The thesis analyzes the role of woofing in France’s and Quebec’s peasant and agricultural sectors, as well as its uses by woofers and the work organizations structured by the practices of woofing. Based on a feminist approach of work, the thesis unveils the articulation between social reproduction, the maintenance of human and non-human lives, and market production on woofing. The thesis is based on an ethnographic methodology that combines farm immersions as a woofer, documentary analysis and semi-structured interviews with hosts, woofers, and members of agricultural organizations. First, the thesis shows how volunteering in these commercial enterprises constitutes a legal anomaly in France and Quebec, which takes place in sectors of activity marked by structural weaknesses, which are to a large extent politically instituted. If it is more tolerated in Quebec than in France, woofing is the subject of a denial of work in both cases. Then, the thesis explains that woofing recruits mostly privileged people looking for a tourist, militant, or professional experience. Finally, peasants and woofers interact within alternative work organizations centered on the concern for others, where subordination is replaced by a logic of “gift”. While causing wear among the hosts, the logics of taking care nevertheless enable to resist productivist organizations and therefore re-visit work.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27776
Date03 1900
CreatorsLelièvre, Agathe
ContributorsBherer, Laurence
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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