Return to search

L'émotion en partage : approche anthropologique d'une musique tsigane de Roumanie / Shared Emotions : an ethnomusicological study of a Romanian Gypsy village

Cette étude aborde le thème de l’émotion musicale d’une perspective anthropologique. Elle se base sur deux hypothèses centrales. La première est que la musique offre un moyen privilégié pour comprendre les émotions au sein d’une société donnée. La seconde suppose qu’une ethnographie focalisée sur les affects permet d’expliquer quelles significations les membres d’une communauté accordent à leurs pratiques musicales. Les Tsiganes de Ceuaş, petit village de Transylvanie centrale, disent que « la bonne musique est celle qui fait pleurer ». Cette expression n’a rien d’anecdotique : lors des mariages, funérailles, baptêmes, fêtes familiales, les musiciens peuvent pleurer en jouant, tout comme leurs auditeurs en les écoutant. L’analyse de ces circonstances de « pleurs musicaux » aboutit à deux résultats principaux. D’une part un modèle qui se base sur trois modes différents de production de l’émotion musicale : 1) la « fabrication » en service professionnel, où il s’agit de parvenir à toucher les clients ; 2) l’« expression » à l’occasion des fêtes spontanées entre Tsiganes, où les musiciens eux-mêmes pleurent en jouant ; 3) le « partage » lors des funérailles, où les « proches » (neamuri) du défunt engagent les « éloignés » (străini) sur le plan de l’affect. D’autre part elle permet l’identification de trois invariants de l’émotion musicale, présents à chaque occasion où l’on pleure avec la musique : une esthétique sonore du « chagrin » (jale) ; des associations entre mélodies et personnes particulières ; et une qualité du sujet (la milă, « compassion, pitié »), que les Tsiganes perçoivent comme identitaire. Les acquis du terrain sont interrogés à un niveau théorique, dans l’objectif de dégager quelques pistes de réflexion autour de la notion d’empathie – traduction la plus générale du mot milă – et de son utilité dans le domaine musical. / This study explores musical emotion from an anthropological perspective. It rests upon two central hypotheses. First, music provides a particularly clear way of understanding how emotions function within a given society. Conversely, an ethnography focused on affects helps us uncover the meanings that community members ascribe to their music.According to the Gypsies of the small central central-Transylvanian villlage of Ceuaá, "music is good when it makes tou cry". This expression is not merely metaphorical: at weddings (Gypsy or otherwise), funerals, baptisms, and other family celebrations, musicians and listeners alike often cry during a performance.Two conclusions may be drawn from an investigation of these musical tears. On the one hand, a tri-partite model emerges of how musical emotion is produced: professional poeisis, whose goal is to move the customers to tears; expression during spontaneous celebrations among Gypsies, in which the musicians themselves cry while playing; and the sharing that takes place during funerals, in which "those who are close" (neamuri) to the deceased person affectively draw in "those who are distant" (străini). On the other hand, three constants of musical emotion are made apparent : 1) the musical aesthetics of grief (jale); 2) associations between melodies and specific persons and 3) and a universal human quality (milă, ‘compassion’, ‘pity’) that Gypsies consider to be proper to their culture.All of these findings are brought under a theoretical lens, with the end of clarifying the notion of empathy (which is perhaps the best all-around translation of milă) and how it functions in musical practice.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA100097
Date24 September 2010
CreatorsBonini Baraldi, Filippo
ContributorsParis 10, Lortat-Jacob, Bernard, Bigand, Emmanuel
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

Page generated in 0.0022 seconds