La perspective écologique qui s’est développée en criminologie adopte une notion implicite de la spatialité qui réduit l’environnement à un simple site géographique et exclut les rapports de pouvoir, les dynamiques sociales et culturelles ainsi que les valeurs qui y sont véhiculées. La présente étude interroge donc l’importance de l’espace géographique en criminologie. Elle se penche particulièrement sur le rôle de l’espace dans la (re)production et la régulation d’illégalismes et de déviance ludique ainsi que sur la production du savoir par le biais du concept de liminalité compris comme un espace-temps symbolique. Pour exposer le concept de liminalité, la thèse repose sur une ethnographie de 5 mois et demi réalisée dans deux villes balnéaires du Costa Rica. Elle montre comment les pratiques néolibérales de l’industrie touristique créent un espace liminaire qui répond aux quêtes d’exotisme, mais surtout de sens et d’authenticité recherchées par les touristes qui souhaitent rompre avec leur vie quotidienne. Alors qu’un pan de la littérature scientifique considère la liminalité comme un espace où les normes quotidiennes sont suspendues, cette thèse suggère que les touristes adhèrent aux normes présentes dans cet espace, soit à celles qui reposent spécifiquement sur la consommation d’un hédonisme agressif. Cela les mène à une consommation d’alcool et de drogues ainsi qu’à une sexualité dites hors de l’ordinaire. S’inscrivant dans une approche interdisciplinaire, cette étude emprunte, dans un premier temps, la notion d’espace à la géographie culturelle. Cette conception de l’espace qui comprend une dialectique idéaliste-matérialiste permet d’adopter une perspective analytique de développement inégal. Celle-ci permet de comprendre non seulement pourquoi certains endroits, lieux, régions et pays sont connus pour être des espaces dits liminaires, mais également en quoi les pratiques d’une économie capitaliste poussent ceux-ci à miser sur une image de liminalité pour (sur)vivre dans l’économie de marché. Inspirée dans un deuxième temps par l’anthropologie sociale, la thèse considère l’expérience touristique comme un rite de passage et propose que les touristes soient soumis.es à un dispositif symbolique qui les mène à performer in situ une identité de touriste. Cette performance, concrétisée par la consommation de transgressions, a pour conséquence de (re)produire l’espace liminaire. La thèse montre également que ce dispositif symbolique est un mécanisme de régulation non seulement des conduites, mais aussi des corps. Enfin, la thèse indique que le terrain de recherche est également une liminalité pour les chercheur.ses qui les affecte ainsi que le savoir produit. / Within the field of criminology, the ecological perspective argues for an implicit notion of spatiality, one which reduces the physical environment to nothing more than a basic geographical site, thereby excluding the power relationships, as well as the social and cultural dynamics, or values- and meaning-based dynamics, conveyed therein. As such, this study investigates the importance of geographical space in criminology. By employing the concept of liminality, defined as a symbolic space-time, this thesis also specifically studies the role space plays in the (re)production of both illegalisms and playful deviance, their respective regulation, as well as in the production of knowledge. In order to shed light on the liminality concept, this thesis draws on a five-and-a-half-month-long ethnography, carried out in two Costa Rican beach towns. It also illustrates how the tourism industry’s neoliberal practices produce a liminal space that caters to quests for the exoticism, and especially the hedonism and authenticity, sought by tourists seeking to escape the confines of their everyday lives. While a segment of the scientific literature views liminality as a space where everyday norms are suspended, this thesis instead suggests that tourists adhere to norms already present in such spaces, ones specifically based on an aggressive form of hedonism, which in turn result in “out of the ordinary” alcohol and drug consumption, as well as sexuality, on the part of tourists. In adopting an interdisciplinary approach, this study initially employs cultural geography’s notion of space. This conception of space, which employs an idealist-materialist dialectic, also allows for the adoption of an analytical perspective based on the concept of uneven development. It also makes it possible to understand not only why certain places, regions, and countries are recognized as being so-called liminal spaces, but also how the practices of a capitalist economy push them to rely on an image of liminality in order to survive and operate within the market economy. In additionally taking inspiration from social anthropology, this thesis views the touristic experience as a rite of passage, while also proposing that tourists are subjected to a symbolic device, which leads them to perform a site-specific tourist identity. This performance, given concrete form by the consumption of transgressions, results in the (re)production of the liminal space. The thesis also shows that this symbolic device is a regulating mechanism in regard to conducts, but additionally to bodies. Lastly, the thesis illustrates the ways in which the research field is also a liminality for researchers, one which affects them, as well as the knowledge produced therein.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25235 |
Date | 07 1900 |
Creators | Montmagny Grenier, Catherine |
Contributors | Côté-Boucher, Karine |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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