Ce mémoire s'intéresse au quotidien des soldats soviétiques qui ont combattu sur le front de l'Est entre 1941 et 1945 et consiste en une analyse de leurs correspondances personnelles. Sur un tel sujet, une historiographie non négligeable nous précède. Cette recherche s'inspire donc des travaux d'Omer Bartov et de ses successeurs sur le phénomène de la « barbarisation » sur le front de l'Est, de différentes études abordant la réalité du soldat au front et la vie quotidienne au temps de Staline ainsi que d'ouvrages exploitant comme sources de base des correspondances ou des récits personnels. En mettant de l'avant une approche sociale de la guerre, ce travail vise à faire la lumière sur les conditions physiques et psychologiques dans lesquelles Ivan, le soldat soviétique moyen, a évolué, tout en évaluant à quel point il fut « brutalisé » par son expérience au front et quel fut le rôle de l'idéologie du régime en place dans ce processus. Notre utilisation du cadre d'analyse de Bartov, appliqué à notre corpus, vise à valider si les trois facteurs de « brutalisation » des soldats d'Hitler avancés par cet historien (les conditions du front, les antécédents sociaux et éducationnels et l'endoctrinement des troupes) peuvent également expliquer la « brutalisation » des soldats de Staline pendant cette période. En étudiant les propos des soldats qui abordent leur alimentation, leur hygiène, leurs conditions de travail et la logistique au front, nous sommes amenés à réduire l'importance accordée aux conditions physiques du front de l'Est dans le processus de « brutalisation » des troupes par rapport au cas allemand. Alors que les écrits de ces combattants au sujet du moral au front, de leurs inquiétudes liées à leurs proches ainsi que de leur état psychologique général renforcent l'idée d'une forte politisation de la vie quotidienne en URSS avant même le début du conflit, qui a eu pour effet de rendre ces hommes encore plus perméables à la propagande de guerre. Aussi, en analysant les calques du discours de la propagande soviétique, les représentations de l'ennemi ainsi que les traces de « brutalisation » présentes dans les correspondances étudiées, il est possible de démontrer le rôle crucial de l'endoctrinement idéologique. Finalement, la présence d'une spirale de violence, liée au désir de vengeance face aux crimes commis par les envahisseurs dès le début du conflit, explique également le comportement excessivement violent de ces militaires soviétiques, tant envers les soldats allemands que les civils, lorsqu'ils firent leur entrée en Allemagne en 1945. L'intérêt de cette recherche réside dans le fait qu'elle constitue un apport à un des débats fondamentaux du champ d'études, surtout sur le plan de la critique de sources importantes, mais mal exploitées, puisqu'elle permet, entre autres, de définir le profil idéologique d'un échantillon représentatif de millions de Soviétiques appelés sous les drapeaux durant le second conflit mondial.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Histoire, URSS, Deuxième Guerre mondiale, Front de l'Est, Armée rouge, Soldat, Correspondances, Conditions sociales, Idéologie.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5439 |
Date | 04 1900 |
Creators | Campeau, Marilyn |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5439/ |
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