Le dessin d’actualité est un dessin qui appartient au genre journalistique fonctionnant comme un éditorial visuel. Cependant, en tant qu’objet sémiotique, il n’a presque jamais reçu l’attention analytique qu’il mérite. Nous soutenons la thèse que le dessin d’actualité emploie un langage visuel particulier afin de partager son savoir. Pour illustrer notre thèse, nous avons utilisé les dessins d’actualité du magazine Jeune Afrique parus entre l’année 2000 et 2010. Notre hypothèse est que ces dessins « disent » quelque chose d’une manière particulière à propos de l’Afrique subsaharienne (AfSS). Selon les questions et objectifs de notre recherche, nous avons voulu faire connaitre la structure du langage du dessin d’actualité, les stratégies énonciatives qu’il emploie pour véhiculer son savoir, les sujets thématiques qu’il aborde et l’image de l’Afrique qu’il projette. Le dessin d’actualité dispose d’une structure syntaxique tabulaire composée de cinq unités, à savoir, la figure iconique, la figure plastique, l’unité temporelle, le paratexte et la parole. L’informateur dépose le savoir dans une ou plusieurs unités tout en employant des stratégies énonciatives appropriées et efficaces pour manipuler l’observateur cognitif à voir, à savoir et à croire à ce qu’il observe. L’étude du langage du dessin d’actualité a été inspirée des propositions théoriques du Groupe μ, (1992), Töpffer (cf. Gombrich, 1996), Genette (1987) entre autres. Les thèmes portant sur la pratique électorale, l’aide humanitaire, la guerre civile, la corruption financière et le portrait moral des dirigeants africains ont alimenté notre corpus. Quelle est donc l’image que les dessins d’actualité dans J.A. donnent de l’AfSS – de son territoire, ses peuples, leur situation, et leurs dirigeants ? Différentes propositions découlent des analyses du quatrième au neuvième chapitre. Il est ressorti que les dessins d’actualité dans J.A. racontent de petits récits fictifs qui ne reprennent pas les histoires de l’actualité mais s’en inspirent, les transposent et s’y réfèrent pour composer les leurs. Nous avons constaté que chaque dessin d’un sujet thématique donné s’enchaine chronologiquement au prochain qui pourrait être ou pas la production du même dessinateur. Si les dessins racontent de petits récits, nous pouvons imaginer chaque dessin comme une scène d’une pièce de théâtre et pour cela, chaque dessin caractérise ses personnages. L’informateur donne des rôles figuratifs et thématiques aux acteurs. Les acteurs sont des africains. Nous, les observateurs, sont assignés le rôle de spectateurs. Dans chaque scène, le dessinateur amène nos esprits dans les pays de l’AfSS pour « témoigner » avec lui de ce qui « se passe ». Cependant, les problèmes socio-économiques de l’AfSS sont présentés comme des géants par rapport aux « Africains ». En effet, l’opposition topologique des figures visuelles met en évidence une opposition des valeurs différentielles mettant ainsi l’AfSS dans une opposition qui la minimise et la dévalorise. Les dessins pointent les enjeux socio-économiques qui accablent la population civile. Et comme les problèmes nécessitent une intervention, il se fait que cette intervention provienne de l’étranger. Pendant ce temps de souffrance pour les civils, les hauts fonctionnaires s’engageant dans des pratiques de l’impunité financière, racontent les dessins. Les présidents africains, quant à eux, ne pensent qu’à s’éterniser au pouvoir. Ainsi, selon les dessins, ils vont chercher tous les moyens pour mener à bien leur objectif. Les dessinateurs emploient des stratégies énonciatives pour se moquer de la situation africaine peinte par les dessins. Enfin, il n’y a pas une seule image mais des images sombres de l’AfSS issues d’histoires fictives qui s’inspirent de l’actualité. Images sombres parce que le dessin d’actualité est un outil de critique plutôt que d’éloge. / A caricature is a drawing which belongs to the journalistic genre of comments functioning as a visual editorial. However, as a semiotic object, it has never received the analytical attention it deserves. The thesis that we are defending supports the idea that caricatures use a particular visual language distinct from other images to relay their message. To illustrate our thesis, we used caricatures published between 2000 and 2010 in the news magazine Jeune Afrique. We started from the hypothesis that these caricatures "say" something about sub-Saharan Africa (SSA) in a certain way. According to the questions and objectives of our research, we sought to know the structure of the language of the caricature, the discourse strategies the caricatures employed to convey their message, the thematic issues they addressed and the image of SSA they portrayed. As a semiotic object, the caricature has a tabular syntactic structure composed of five components, namely the iconic figure, the plastic figure, the temporal component, paratexts and speech. The informant (cartoonist) chooses to deposit messages in one or more of these syntactic units while using appropriate and effective discourse strategies to manipulate the cognitive observer to see, know and believe in what he observes. To find the structure of the language of caricatures, we were inspired by several theoretical proposals of Group μ (1992), Töpffer (quoted by Gombrich, 1996), Genette (1987), among others. Several themes emerged, but those on electoral practices, humanitarian aid, civil war, financial corruption and moral portrait of African leaders were used as a sample. So what is the image that the caricatures in J.A. give about SSA - its territory, its people, their situation, and their leaders? Various proposals came forth from the analysis in chapters four to nine. First, it emerged that the caricatures in J.A. tell small tales that are distinct from media stories though they get inspired by them, transpose them and refer to them in order to compose their own stories. We found that each caricature from a given thematic subject chronologically fits into the next even if they are productions of different cartoonists. If the caricatures form small stories in form of plays, we can imagine each caricature as a scene and for that, each caricature characterizes its actors. The cartoonist invents a story and gives figurative and thematic roles to the actors. These actors are Africans and we, the observers, are assigned the role of spectators. In each scene, the cartoonist “takes” our minds in African countries in order to "witness" together with him what "happens" there. However, the socio-economic problems of SSA are presented as “giants” compared to "Africans". Indeed, the visual topological oppositions of visual figures reveal an opposition of differential values thus putting SSA in a position which minimizes and devalues it. The caricatures point out the problems of famine, drought, disease, corruption, war etc. that plague the civilian population. And as the problems require intervention, it happens that this intervention comes from elsewhere rather than from Africa. During this time of suffering for civilians, high civil servants are shown as engaging in financial impunity practices, seems to say the caricatures. African presidents, meanwhile, are portrayed as those that only think of staying in power. Thus, according to the cartoons, they are always focusing on looking for any means by which to remain in power. Cartoonists employ all kinds of discourse strategies to make fun of the african situation. Finally, not just one, but several bleak images of SSA emerge from the caricatures of J.A. Bleak images because a caricature is a tool for critic rather than praise. Yet, these little stories are fictional even if they are inspired by current events as told by the media.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015LIMO0115 |
Date | 17 December 2015 |
Creators | Kyalo, Nuru Koki |
Contributors | Limoges, Université de Maseno (Kenya), Beyaert-Geslin, Anne, Klock-Fontanille, Isabelle |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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