Marie de France a rédigé en Angleterre vers 1170 le premier recueil de fables en français, original à la fois par son ampleur (104 fables) et par sa variété.Sa première partie est une réécriture des fables classiques issues de la tradition du Romulus et en particulier d’un de ses remaniements, le Romulus de Nilant, composé avant le Xe siècle. Marie a traduit du latin un recueil intermédiaire perdu, le *Romulus anglo-latin, d’où provient également un recueil latin, le Romulus hexamétrique (Xe siècle). Si Marie prétend, à la fin de son recueil, s’appuyer sur un recueil anglais, celui-ci n’a jamais été retrouvé et les indices historiques suggèrent plutôt une source factice. Sa réécriture des fables antiques se caractérise par une réinterprétation des rapports de force dans un contexte féodal.La seconde partie, composée d’éléments variés, contient d’autres fables antiques dont le rassemblement est imputable à Marie elle-même. Le reste des fables n’a pas de source connue mais leurs origines peuvent être liées à différents genres en formation au XIIe siècle : les formes hétérogènes du récit comique qui aboutissent plus tard au fabliau (chansons, contes, aphorismes) et que Marie a pu connaître par l’intermédiaire du monde clérical ; le roman épique animalier qui prend forme aux XIe et XIIe siècles et qui pouvait circuler sous la forme d’assortiments de poèmes latins ; au moins deux exemples de fables arabes ; des fables « philosophiques » issues peut-être du monde de la prédication ou de l’invention personnelle de l’auteur.La répartition de ces fables dans le recueil montre que Marie a pu l’élaborer en « trovant » (découvrant, inventant) différents matériaux de multiples origines sur une longue période de temps. / Marie de France wrote in England, around 1170, the first book of fables in the French language, original both by its extent (104 fables) and by its diversity.The first half is an adapation of classical fables taken from the Romulus tradition and in particular from one of Romulus’ many offsprings, the Romulus de Nilant, written before the 10th century. Marie translated from latin a lost intermediary, the *Anglo-latin Romulus, from which also derives the Hexametrical Romulus (10th century). Though Marie asserts in her epilogue that she worked from an English book, historical context and contemporary sources suggest a fictitious claim. The main characteristic of her adaptation of the fables from Antiquity is the recasting of the classical power struggles into the feodal context.The second half is far more diverse and contains other fables from Antiquity probably gathered by Marie herself as well as many fables of unknown sources but whose origins can be linked to different emerging genres of the XIIth century : the comic story in all its varied forms from which the fabliau will soon be born (songs, tales, aphorisms), known to Marie by way of the clerical world ; the beast epic taking shape during the XIth and the XIIth centuries, accessible to Marie in manuscripts collecting latin animal poems ; at least two exemples of Arabic fables and “philosophical” fables taken from predicators or entirely invented by the author.The repartition of theses fables in her anthology-like book shows that Marie could have built it by “finding” (trover, meaning both finding and inventing) diverse materials from many origins over a lenghty period of time.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PESC0023 |
Date | 12 December 2016 |
Creators | Laïd, Baptiste |
Contributors | Paris Est, Boivin, Jeanne-Marie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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