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Antiquité et postmodernité : les intertextes gréco-latins dans les arts à récit depuis les années soixante (fiction, théâtre, cinéma, série télévisée, bande dessinée) / Antiquity and postmodernity : greek and Latin intertexts in narrative arts since the sixties (fictions, plays, movies, television series, comic books)

La postmodernité est peut-être une époque de crise des humanités : depuis les années 60, l’apprentissage du latin et du grec est en chute libre. Les arts n’en continuent pas moins, toutefois, de recourir à la matière antique. Dans les arts à récit, c’est-à-dire à dominante narrative, l’esthétique postmoderne traite moins l’Antiquité comme une source de genres à imiter et adapter, à la manière des classiques, ou comme un ensemble de récits à parodier et transposer, à la façon moderne, que comme un corpus de textes auquel recourir pour pasticher les genres, déconstruire les récits, et notamment les « méta-récits », les grands récits à message, les idéologies. L’Antiquité gréco-latine y fonctionne soit comme un autre passé, un autre monde, païen, homo-érotique, à opposer au nôtre, soit comme un nôtre passé, impérialiste, sexiste, une origine des « grands récits », à laquelle remonter pour les déconstruire. Cependant, l’esthétique postmoderne n’englobe pas tout l’art de l’époque postmoderne. Les esthétiques classiques et modernes continuent d’exister pendant cette période. Dans une perspective classique, le péplum, c’est-à-dire l’Antiquité envisagée comme un genre, se déplace du cinéma vers d’autres arts (série télévisée, bande dessinée), se servant de l’espace-temps antique comme moyen d’évasion mais aussi comme matière à réflexion sur le pouvoir, le rapport entre dominants et dominés, centre et marges. La transposition moderne des récits antiques n’en finit pas, elle, de jouer son rôle pour mythifier le quotidien et démythifier l’héroïsme. Autant de manières d’aborder aujourd’hui l’Antiquité, non plus seulement comme ce modèle en crise de la République des Lettres. / Postmodernity may be a time of crisis of the humanities: since the sixties, the learning of the classics has been plummeting. Nevertheless, the arts have gone on using the matter of Rome. In narrative arts – in other words, arts where narratives are dominant, the postmodern aesthetic does not use Antiquity through imitation and adaptation of its genres, as did the classics, nor through parodies and transpositions of its narratives, in the manner of the moderns: it resorts to it as a corpus of texts, in order to pastiche genres, to deconstruct narratives, and especially “metanarratives”, great narratives conveying messages, ideologies. Greek and Latin classics function either as another past, another world, a pagan, homo-erotic world, that can be contrasted with ours; or as our past, steeped in imperialism, and sexism, an origin of the “metanarratives”, that we can get back to for their deconstruction. However, the postmodern aesthetic doesn’t rule all art in the postmodern era. Classic and modern aesthetics still exist during this period. On one hand, in a classical way, the epic, that is Antiquity viewed as a genre, spreads from the cinema to other arts (television series, comic books), and uses ancient space-time for escapism, but also as material for reflections on power, relationships between the dominants and the dominated, centre and periphery. On the other hand, the modern transposition of ancient narratives relentlessly plays its part to mythologize everyday life and demythologize heroism. These are all different, contemporary ways of dealing with the classics, beyond the mantra of a “model in crisis” within the Republic of Letters.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2011TOU20082
Date30 September 2011
CreatorsBessières, Vivien
ContributorsToulouse 2, Dürrenmatt, Jacques
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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