Les « années 1968 » ne virent pas seulement l’émergence d’une jeunesse radicale, mais une politisation sans précédent de l’ensemble d’une génération. Aux États-Unis comme en Europe, des jeunes de gauche comme de droite s’engagèrent massivement en politique, faisant des partis et de leurs organisations de jeunesse les premiers bénéficiaires de cette politisation des jeunes. L’étude des principales organisations de jeunesse politiques en RFA (Junge Union, Jungsozialisten) et en France (MJCF, UJP) met en évidence la mutation profonde de la culture politique que suscita cet afflux de jeunes entre 1966 et 1974. Avant même le mouvement étudiant, un nouveau modèle d’organisation fondé sur l’autonomie des jeunes se diffusa dans le cadre du processus de naissance des partis d’électeurs. Au lendemain de « 68 », les organisations se forgèrent une nouvelle identité autour d’un positionnement progressiste reposant sur la foi en un changement social imminent. Cherchant à mobiliser massivement les jeunes, elles transformèrent leur vie interne à travers l’accroissement du rôle de la base, la démocratisation et la rationalisation de leur fonctionnement, l’essor du militantisme actif et de la propagande. L’ascension politique exceptionnelle que connurent par la suite leurs cadres fit des organisations de jeunesse l’une des principales filières d’accès à la politique. Ainsi, à travers l’ensemble des changements qu’elle suscita dans l’engagement militant, la culture politique et le fonctionnement de la démocratie, cette génération fut, par excellence, une génération politique. / The « 1968s » witnessed not only the emergence of a radical youth, but also an unprecedented politicization of a whole generation. In the United States as in Europe, young people on the left and the right became massively involved in politics, making the political parties and their youth organizations the first beneficiaries of the youth’s politicization. The study of the main political youth organizations in West Germany (Junge Union, Jungsozialisten) and in France (MJCF, UJP) highlights the deep transformation of the political culture sparked off by this influx of young members between 1966 and 1974. Even before the student movement, a new model of organization based on more autonomy developed along with the rise of “catch-all-parties”. After “68”, the organizations forged a new identity by taking a progressive stand, proclaiming their faith in the imminence of a social change. Attempting to mobilize massively the youth, they transformed their internal organization increasing the role of the activist base, accelerating the democratization and the rationalization of their functioning, developing the militancy and the propaganda. The exceptional political rise of their leaders made the youth organizations a major pathway to a political career. Thus, by initiating radical changes in the organization of activism, in the political culture and in the management of the democracy, this generation was par excellence a political generation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040035 |
Date | 27 June 2012 |
Creators | Dubois, Mathieu |
Contributors | Paris 4, Bled, Jean-Paul |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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