Les universités publiques en Guinée, comme ailleurs en Afrique francophone, ont connu au cours des dernières années une succession de réformes néolibérales conçues dans les pays occidentaux et parachutées dans les universités africaines comme des modèles à adopter. Le système LMD, qui est l’inclinaison du processus de Bologne conçu en Europe pour harmoniser les programmes des institutions universitaires européennes, et appliqué en Guinée en 2007, est l’une de ces réformes comme celles de la gouvernance et de l’assurance qualité. Comment se traduisent concrètement sur le terrain guinéen ces réformes conçues au niveau international ? Comment ont-elles été vécues de l’intérieur par les acteurs universitaires ? Quel est le niveau d’adhésion de ces derniers face aux réformes ? Pour répondre à ces questions, la présente a privilégié le point de vue des acteurs et a adopté une démarche méthodologique de type qualitatif, basée sur l’entrevue semi-directive comme technique de recueil d’informations. Plus précisément, des entretiens ont été réalisés avec différents acteurs qui composent le milieu universitaire public guinéen : représentants du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, directeurs généraux, vice-recteur, doyens de facultés, chefs de départements, enseignants-chercheurs, représentants syndicaux et étudiants. L’analyse des données révèle une adhésion globalement faible des acteurs universitaires aux récentes réformes, notamment celle du LMD. Bien qu’elles soient défendues par les dirigeants des universités et les représentants ministériels, leur pertinence est en effet fortement remise en cause par les enseignants et syndicats qui sont très critiques face à leur mode de conception, d’adoption et d’exécution. Le manque d’implication des acteurs universitaires, autres que les dirigeants, dans l’élaboration et la mise en œuvre de ces réformes, surtout du LMD, explique la résistance des enseignants, enseignants-chercheurs et acteurs syndicaux au nouveau référentiel qui a, par ailleurs, fortement transformé leur quotidien. De manière générale, tous les acteurs s’accordent sur l’insuffisance du soutien financier aux réformes, mais plusieurs pointent aussi du doigt le manque de compétence et de qualification des dirigeants responsables de leur mise en œuvre dans les universités. Globalement, les acteurs universitaires ont une vision très pessimiste de l’avenir des universités publiques en Guinée aux prises avec des problèmes de sous-financement, de sous-effectif et de mauvaise formation du personnel enseignant, d’inadéquation chronique des programmes universitaires par rapport aux besoins du marché du travail, d’infrastructures vétustes et inadaptées, et d’une gouvernance déficiente.
Mots clés : Afrique, Guinée, nouvel ordre éducatif mondial, acteurs universitaires, universités, réformes néolibérales, LMD, appropriation, enseignement supérieur. / Public universities in Guinea, as elsewhere in francophone Africa, have undergone in recent years a succession of neo-liberal reforms designed in Western countries and parachuted into African universities as models to be adopted. The LMD system, the inclination of the Bologna process designed in Europe to harmonize the programs of European universities and applied in Guinea in 2007, is one of these reforms, as are those of governance and quality assurance. How do these internationally designed reforms translate into practice in Guinea? How have they been experienced from within, by university actors? What is the level of support or resistance to the reforms? In order to answer these questions, the present study favored the point of view of the actors and adopted a qualitative methodological approach, based on the semi-directive interview as a technique for collecting information. More specifically, interviews were conducted with various actors in the Guinean public university system: representatives of the Ministry of Higher Education and Scientific Research, directors general, vice-rectors, deans of faculties, heads of departments, teacher-researchers, union representatives and students. The analysis of the data reveals an overall weak adhesion of university actors to the recent reforms, in particular the LMD. Although they are defended by university leaders and ministerial representatives, their relevance is strongly questioned by teachers and unions who are very critical of the way they were designed, adopted and implemented. The lack of involvement of university actors, other than managers, in the development and implementation of these reforms, especially the LMD, explains the resistance of teachers, teacher-researchers and union actors to the new reference system, which has, moreover, greatly transformed their daily lives. In general, all actors agree on the inadequacy of financial support for the reforms, but many also point to the lack of competence and qualification of the leaders responsible for their implementation in the universities. Overall, university stakeholders have a very pessimistic view of the future of Guinea's public universities, which are struggling/grappling with problems of underfunding, understaffing and poor training of teaching staff, chronic mismatch of university programs with the needs of the labor market, outdated and inadequate infrastructure, and poor governance.
Keywords: Africa, Guinea, new world educational order, university actors, universities, neoliberal reforms, LMD, appropriation, higher education.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26006 |
Date | 08 1900 |
Creators | Doumbouya, Mamady |
Contributors | Calvès, Anne |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0025 seconds