La littérature scientifique s’intéressant aux adolescents agresseurs sexuels démontre qu’il s’agit d’une population particulièrement résistante au changement (Rich, 2003), d'un sous-groupe particulier qui se distingue sur plusieurs points de la population délinquante juvénile en général (Tardif et coll., 2012; Veneziano et Venziano, 2002; Andrade, Vincent et Saleh, 2005). En effet, plusieurs adolescents agresseurs sexuels présentent des déficits en lien avec les habiletés sociales et les relations interpersonnelles, (Tardif et coll., 2012; Carpentier, 2008; Becker, 1993; Hunter et Figueredo, 2000; Veneziano et Veneziano, 2002). Sachant que l’alliance thérapeutique / de travail est un élément clé dans l’implication du patient en traitement et que sa réussite est associée à une diminution des risques de récidive (Brannon et Troyer, 1991; Rubinstein, Yeager, Goodstein et Lewis, 1993); il est important de bien identifier les facteurs qui favorisent ou compromettent l’établissement d’une alliance de travail auprès de cette clientèle. La présente recherche permet de mettre en lumière l’influence qu’exercent les caractéristiques personnelles, environnementales et sociales de ces jeunes sur l’établissement d’une alliance de travail en contexte d’autorité.
L’échantillon à l’étude est constitué 76 adolescents ayant commis des infractions à caractère sexuel qui ont été suivis dans différents centres de traitement spécialisés en délinquance sexuelle, situés un peu partout au Québec. Nos analyses statistiques (corrélations et régressions) ont révélé plusieurs relations significatives entre les caractéristiques individuelles et environnementales de ces jeunes et de la perception qu’ils ont de l’alliance qui se créé avec leur thérapeute. En effet, les facteurs liés aux symptômes de stress post-traumatique, aux habiletés sociales ainsi qu’aux stratégies d’adaptation face au stress sont peu ou pas associés au développement de cette alliance de travail tandis que les facteurs faisant référence au niveau de motivation du jeune face au changement, à l’environnement familial, aux relations interpersonnelles ainsi qu’au soutien social y sont plus positivement associés. Ainsi, les résultats de la présente étude soulignent l’importance de ces variables dans l’établissement de la relation thérapeutique en cours de traitement. Cependant, mentionnons que les conclusions de cette étude ne permettent pas d’établir des relations de cause à effet entre les différentes variables, mais indiquent plutôt des pistes intéressantes quant aux facteurs à considérer lorsqu’il est question de bâtir une alliance thérapeutique lors d’un processus de changement avec les adolescents agresseurs sexuels. / The scientific literature concerned with juvenile sex offenders shows that this is a particularly resistant population to change (Rich, 2003). They are forming a particular subgroup that differs in several aspects from the juvenile offender population in general (Tardif et al., 2012; Venziano and Veneziano, 2002; Andrade, Vincent and Saleh, 2005). Indeed, juvenile sex offenders have several deficits in social skills and interpersonal relationships, (Tardif et al., 2012; Carpentier, 2008; Becker, 1993; Hunter and Figueredo, 2000; Veneziano and Veneziano, 2002). Knowing that the therapeutic alliance is a key element in patient involvement in treatment and that its success is associated with a decreased risk of recidivism (Brannon and Troyer, 1991; Rubinstein, Yeager, Goodstein and Lewis, 1993); it is important to identify factors that promote or undermine the establishment of a therapeutic alliance with this specific population. This research helps to highlight the influence of personal, environmental and social characteristics of the young on the establishment of a therapeutic alliance in context of authority.
This sample counted 76 teenagers who have committed sexual offenses which have been followed in different specialized treatment centers for sexual offenders located throughout the province of Quebec. The statistical analysies (correlation and regression) revealed several significant relationships between the adolescent’s individual and environmental characteristics and the therapeutic alliance. Indeed, factors related to post-traumatic stress symptoms, social skills and stress-coping strategies are associated with little or no development of the therapeutic alliance. On the other hand, factors referring to motivation level to change, the family environment, interpersonal as well as social support are more positively associated with. Thus, therapists working with adolescents molesters should consider the level of motivation and the characteristics of the family environment of these adolescents because they seem related to the construction of the therapeutic alliance during the therapy. However, it is important to note that the findings of this study does not establish causal relationships between variables in study, but still indicate some interesting tracks on the factors to consider when it comes to building a therapeutic alliance during a change process with adolescents sex offenders.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/18684 |
Date | 11 1900 |
Creators | Kirouac-Ouimet, Audrey |
Contributors | Lafortune, Denis, Proulx, Jean |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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