L'interculturel franco-allemand en entreprise est indissociable du contexte économique mondial actuel dans lequel les États-Unis prédominent. Total, premier groupe pétrolier français, a constitué notre terrain d'investigation pour répondre à la question de l'influence des pratiques managériales américaines sur le management franco-allemand chez Total et notamment dans l'une de ses filiales à Berlin. C'est auprès du personnel d'encadrement de la filiale allemande principalement, mais aussi de la maison-mère située à Paris, que nous avons pu réaliser 35 entretiens : 12 auprès de managers français – 11 au sein de la filiale à Berlin, un au sein de la maison-mère à Paris – et 18 auprès de managers allemands à Berlin. Les autres entretiens ont été conduits auprès de trois managers belges, d'un manager hollandais et d'un manager anglais.Dans une première partie, nous avons procédé à un état des lieux des travaux existant dans le domaine du management interculturel qui a connu son envol dans les années 1980. Nous avons articulé théorie et pratique en traitant de l'influence de la culture nationale sur les organisations, ce qui nous a permis de redéfinir les modes de fonctionnement des entreprises françaises, allemandes et américaines et d'y associer, à partir de typologies, un style de management et une culture d'entreprise types. Il s'agit bien entendu de modèles. Les décalages entre ces modèles théoriques et la pratique ont trouvé leur expression dans une deuxième partie.Dans cette deuxième partie, nous avons recensé les malentendus interculturels franco-allemands à travers l'évolution des relations franco-allemandes en entreprise de l'avènement du Marché commun à aujourd'hui. Le cas du drame industriel de l'A380 chez Airbus en 2006, les travaux du consultant Jacques Pateau sur la dimension interculturelle dans la coopération franco-allemande, les conseils du cabinet J. P. B. consultants préconisant des solutions aux malentendus franco-allemands récurrents, et les relations de travail entre journalistes français et allemands de la chaîne culturelle européenne Arte, ont constitué des éléments de comparaison intéressants pour obtenir un panorama des problèmes inhérents à la relation de travail franco-allemande, indépendamment du secteur d'activité. L'exemple du groupe Total – à partir de l'analyse du discours de ses managers – montre qu'il est possible de dépasser les malentendus interculturels récurrents ou « incidents critiques », véritables entraves à la relation de travail franco-allemande. De l'interaction quotidienne entre ces personnels de différentes cultures nationales résulte ainsi un style de travail commun, susceptible toutefois de changer au contact d'autres influences culturelles. Les influences extérieures et les interactions quotidiennes entre acteurs de différentes cultures nationales font de la culture émergente un produit en perpétuelle construction, rendant le développement d'une compétence interculturelle nécessaire. Dans une troisième partie, nous avons analysé ces influences extérieures et les transformations qu'elles entraînent chez Total.Cette troisième partie traite de l’influence exercée par les États-Unis et leur pratique du management sur la direction binationale de la filiale allemande de Total. Les techniques managériales américaines font l’objet d'une appropriation différenciée par les managers français et allemands travaillant de concert dans le groupe. C’est ainsi que, du contact entre les systèmes français, allemand et américain, naissent de nouvelles pratiques : il s’avère en effet que les managers du groupe tendent vers un style plus libéral, perçu et vécu différemment toutefois par les Français et les Allemands. Les notions d’« équipe » et de « groupe de travail » trouvent une application dans le quotidien professionnel du personnel d’encadrement de la filiale et jouent un rôle essentiel chez Total [...]. / Franco-German cross-cultural relations in business cannot be dissociated from the world economic context in which the United States play a dominant role. We have used Total, the leader in the French petroleum industry, specifically through its German subsidiary in Berlin, as a case in point for our investigation of the influence of US business methods on a joint Franco-German top management team. We conducted 35 extensive interviews, 12 of which were held with French nationals, 11 of them top company officials at the Berlin office and one at corporate headquarters in Paris; 18 of the tête-à-têtes took place with German top executives in Berlin. In addition, we consulted one Dutch, one British and three Belgian directors of the petroleum group.Part One of the report is an inventory and review of the literature devoted at this day to cross-culture in the area of corporate management, a subject that began to attract the interest of researchers in the 1980's. We here correlate theory and practice in dealing with the impact of national cultures on corporate behavior. This leads us to reconsider the functioning modes of French, German and US companies and thus, working on the typology of their respective business structures, to classify them according to their specific management styles and corporate cultures. We thus, of course, create mere models, significant but abstract. The distance between theory and actual practice is bridged in Part Two of the report.In Part Two, we concentrate on the cross-cultural ambiguities and misunderstandings that have attended Franco-German business relations as these have evolved since the inception of the Common Market to the present day. The misfortunes of the A380 at Airbus in 2006, consultant Jacques Pateau's reasearch and conclusions on the importance of Franco-German cooperation in business ventures, the solutions offered for the recurrent cross-cultural conflicts by J. P. B. Consulting, and the close working relationship of French and German journalists on the Arte cultural television network, all these have provided us with material for an accurate appraisal of the problems raised by a Franco-German partnership in a corporate environment, whatever the area of professional activity. We learn from the experience of the Total company that it is possible to rise above the recurrent cross-cultural "critical incidents" that plague such binational professional communities, and to achieve common values in the working relationship, proof that it does not take generations to amend long ingrained cultural traits, and that these are amenable to outside influence. The daily interaction between individuals of different cultural backgrounds will eventually lead to common cultural patterns of behavior, susceptible in turn to further changes in a unified framework. In Part Three, we shall inquire into the nature of these outside influences and the changes they have brought to the inner workings of the Total company.Part Three of the report addresses the question of the influence exerted by US managerial praxis on the procedures at Total. This influence, merging with the unified methods developed by the Franco-German partners through their respective contribution of managerial know-how, has resulted in new concepts in management, of a more liberal complexion, and yet, while now standard practice, perceived in a different light by the French and the German executives; the different cultures color the outlooks differently even when the individuals act in harmony. The notion of "teamwork" and "group action" now prevalent at Total, is one of the concepts, now put into prevalent practice by the executive staff, that the company owes to the American business philosophy. We were thus able to identify a number of significant instances, the "project teams" are one, of the American influence on a Franco-German management group.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013BOR30018 |
Date | 10 July 2013 |
Creators | Boirie, Véronique |
Contributors | Bordeaux 3, Martens, Stéphan, Uterwedde, Henrik |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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