Dans cette thèse, nous étudions les opéras de Pierre Bartholomée composés d'après les romans d'Henry Bauchau à partir de la thématisation de la voix qu'ils proposent. Ce schème narratif, décliné tantôt sous la forme d'un chant épique, tantôt comme musique pure, est isolé pour devenir le sujet des livrets. C'est un sujet problématique car la voix révèle le ratage irréductible de la rencontre d'un texte et d'une musique. Or, depuis la fondation du genre, l'opéra a pensé leurs rapports en termes de fusion du sens et du son. Au contraire, l'étude comparative des opéras de Bartholomée, du livret à la scénographie en passant par la partition, met en évidence ce nouage en forme de déliaison. En effet, les différences repérées entre ces deux opus permettent de dégager les modes de représentation de cette rencontre toujours manquée. La musique et le texte ne s'additionnent pas pour former un objet homogène mais s'accolent le long de leur commun littoral, la voix, ce reste de la langue à laquelle on a retranché le signifié des mots. Sur le mode narratif, poétique et musical, le diptyque bauchalien de Bartholomée raconte le renoncement au leurre d'une conception de l'opéra comme lieu de la coïncidence entre un texte et une musique au profit de la reconnaissance de leur hétérogénéité. La description comparée des scénographies corrobore cette affirmation dans la mesure où l'estompe grandissante du réalisme neutralise progressivement l'illusion théâtrale. Le choix de faire des visages la pierre de touche des mises en scène successives offre ainsi un prolongement visuel à la voix. Visage et voix deviennent le paradigme d'une altérité valorisée dont Antigone est le héraut. Réclamant pour son frère et la femme qu'elle est le droit de cité, elle s'oppose à la réduction de l'autre au même / In this dissertation, Pierre Bartholomée's operas composed after Henry Bauchau's novels are studied through the theme of voice. This narrative pattern, sometimes as epic singing, sometimes as pure music, becomes the subject of the librettos. It is a problematic issue because the voice reveals the missed encounter between text and music. &et, since the foundation of the genre, opera has described their relations as a melting of meaning and sound. But a comparative study of Bartholomée's operas, from the libretto to the stage design including the score, underlines a de-linkage. Indeed, the differences between the two opuses allow to highlight how this disconnection is represented. The reunion of music and text don't mount up to a homogeneous object. Theyjoin and share a border, the voice, which remains after the removal of the meaning from the language. The diptych tells the forsaking of the irrelevant conception of the opera as a coïncidence between text and music in favour of its heterogeneous nature. Comparative descriptions of the stagings reinforce this idea. In fact, realism fades gradually out and neutralises the theatrical illusion. Faces are the core of the stagecrafts and provide a visible extension of the voice. Thus, face and voice are the epitom of a positive alterity which is embodied by Antigone. She begs for her brother and herself as a woman the right to be part of the city-state. In other words, she sets against the incorporation of the otherinto the same.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015REN20049 |
Date | 18 December 2015 |
Creators | Siffert, Elsa |
Contributors | Rennes 2, Bonnet, Antoine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, StillImage |
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