Le cinéma américain de Milos Forman suscite un regard multiple. Eternellement passionné par les histoires de conflit, le cinéaste affirme la nécessité d’un cadre hostile pour étudier les passions humaines. Cette tension, aussi thématique qu’esthétique, lui permet de montrer les moindres mécanismes d’oppression au sein d’histoires européennes ou américaines, leçon d’anatomie révélant les plus infimes forces magnétiques de la prise de pouvoir. Elle se double d’une invitation à la redécouverte de l’individualité, par les jeux d’identification avec des personnages attrayants mais réalistes, par la simulation de la naissance de la liberté individuelle dans des mondes primitifs ou régressifs, accentuant la nécessité du rêve pour faire éclater tous les bâillons collectifs. Ce n’est qu’au sein de ces rappels des dimensions humaines que Forman peut appeler à une certaine mesure dans une démarche fondamentalement réaliste. L’importance de la tempérance ne peut être comprise à sa juste valeur que par rapport à l’étude des répressions : se détachant nettement des modérations bienséantes des sociétés, Forman rappelle la nécessité de la responsabilité dans l’entente communautaire. Cet équilibre problématique trouve un écho dans son approche de l’étude du réel, puisque la vérité humaine n’est saisissable qu’au travers de multiples jeux de tensions. Le rapport au monde repose sur la réception d’images, et l’observation reste un geste à la fois intime et interactif. Son cinéma n’est donc pas tant l’étude de l’Amérique qu’une façon de travailler le mouvement perpétuel des images, influencé par une nation marquante dans l’Histoire du cinéma qui continue de se définir par le protéiforme. / Milos Forman’s American films require a plural outlook. The director has always been drawn to stories of conflicts that are essential, according to him, to study human passion. This tension, thematic as well as esthetic, allows him to show the smallest mechanisms that lead to oppression in European and American stories, providing the viewer with a lesson of anatomy that pinpoints the most invisible magnetic forces leading to power. This course is accompanied by a journey to individualism, through forces involved in the identification with attractive though realistic characters, through the rediscovery of individual freedom within primitive or regressive worlds, insisting on the necessity of dreams to force open all the collective shackles in place. But it’s only within this insistence on all the human dimensions that Forman can remind the viewer of the importance of temperance in a way that remains profoundly realistic. This notion can only be properly understood when it’s been compared to repressions: going as far from politically correct behaviors as possible, he still insists on the necessity of responsibility in collective living. This difficult balance is also to be found in the way he deals with reality since human truth is only palpable through multiple forces revolving around tension. Relating to the world involves relating to images, and knowing how to observe remains both an intimate and an interactive act. Therefore, his films are not so much the study of America as a way to work on constantly moving images, as he remains influenced by a nation that has left its mark upon the history of cinema and which continues to be fundamentally protean.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012DIJOL026 |
Date | 29 October 2012 |
Creators | Evrard, Marceline |
Contributors | Dijon, Piroelle, Ann |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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