Cette thèse de doctorat consiste en une nouvelle édition critique avec introduction, traduction en italien et commentaire de l’« Éryxias » pseudo-platonicien, un dialogue socratique ayant été transmis parmi les œuvres de Platon mais qui était déjà connu par les anciens pour être inauthentique et faussement attribué au grand philosophe (voir par exemple Diogène Laërce 3, 62). L’édition critique la plus récente du texte, publiée dans la « Collection des Universités de France » par les soins de Joseph Souilhé en 1930, est fondée sur une reconstruction de la tradition manuscrite qui a été remise en question par les études de L.A. Post (1934). En outre, malgré le récent retour d’intérêt pour les dialogues « apocryphes » du corpus platonicien, l’« Éryxias » reste méconnu et peu étudié : après les deux dissertations allemandes d’O. Schrohl (Göttingen 1901) et G. Gartmann (Bonn 1949), il n’y a pas eu de travaux dédiés spécifiquement au dialogue, exception faite de la décevante traduction annotée par R. Laurenti (Bari 1969). L’hypothèse avancée au cours de ce travail voit en l’« Éryxias » un produit composé à l’école fondée par Platon, l’Académie, après la mort du fondateur et plus précisément pendant la première moitié du troisième siècle avant Jésus-Christ : cela ferait du dialogue un témoin de la reconstruction de la pensée et de l’activité littéraire de l’Académie hellénistique. L’introduction est divisée en quatre chapitres. Les deux premiers abordent les problèmes plus strictement philologiques, liés à la transmission du corpus et du dialogue dans l’antiquité et à la chronologie du texte, notamment fixée par les savants sur la base de la présence d’un magistrat – le gymnasiarque – qui n’apparaît pas à Athènes avant la fin du quatrième siècle avant Jésus-Christ. Le troisième chapitre porte sur le contenu philosophique : le sujet de l’« Éryxias » est le rapport entre richesse (ploutos) et vertu (arete). Deux conclusions différentes sont présentées, en s’appuyant sur deux définitions différentes de la richesse : selon la première, ayant trait au concept de valeur, le sage est le plus riche des hommes ; selon la seconde, identifiant la richesse à la possession de biens matériels (chremata), le plus riche des hommes sera le plus méchant. Les deux conclusions sont parfaitement en accord avec un arrière-plan philosophique constitué par les dialogues de Platon et s’insèrent dans une tentative visant à accorder les divers traitements de la richesse dans les écrits authentiques. La recherche menée dans l’« Éryxias » peut bien être contextualisée dans le mouvement général de « renaissance du Socratisme » qui a été individué par les savants durant la première moitié de l’époque hellénistique (voir A. A. Long, Socrates in Hellenistic Philosophy, CQ 38, 1988, 150-171 ; F. Alesse, La Stoa e la tradizione socratica, Napoli 2000). L’Académie, comme le montre la production de dialogues socratiques, occupe un rôle central dans ce mouvement, ayant l’effort de revendiquer l’héritage de Socrate à travers son disciple, Platon. Le quatrième chapitre porte sur l’aspect littéraire : l’« Éryxias » a été reconnu par les savants comme le plus soigné des dialogues inauthentiques en ce qui concerne la cure de l’élément artistique. Après un paragraphe sur la poétique du dialogue dans l’« Éryxias », nous relevons une étude approfondie du proème, qui se montre particulièrement détaillé, ainsi que de Socrate et des autres personnages. À la fin du chapitre, le style et la langue du dialogue sont examinés. À la suite d’une note sur la tradition manuscrite, est donnée une nouvelle édition critique avec apparat du dialogue, suivie d’une traduction en italien. Le commentaire extensif porte sur des questions de détail s’insérant dans le plus grand cadre tracé au cours de l’introduction : son approche est autant philologique-littéraire qu’historique et philosophique. Un appendice de tables et une bibliographie sont ajoutés en qualité d’instruments nécessaires au lecteur. / This PhD thesis consists in a new critical edition with introduction, italian translation and commentary of the pseudo-platonic Eryxias, a Socratic dialogue transmitted inside the corpus of Plato’s works but already known in antiquity (see Diogenes Laertius 3.62) to be inauthentic and falsely attributed to the ancient philosopher. The latest critical edition of the Eryxias, which dates back to 1930 and was published by J. Souilhé in the «Collection des Universités de France», is not reliable, as it depends on a misleading reconstruction of the manuscript tradition, outdated at least since the pioneering work of L. A. Post (1934, The Vatican Plato and its Relations, Middletown); moreover, notwithstanding the text’s philosophical and literary interest and length inside the group of the Platonic spuria, the Eryxias has not been object of specific studies in the past century, exception made for the two dissertations by O. Schrohl (Göttingen 1901) and G. Gartmann (Bonn 1949), two works that remain hardly accessible even to scholars in the field, and for the italian edition by R. Laurenti (Bari 1969). Even in recent years, when the spurious dialogues have seen a renaissance as a field of study (see for example the volume edited by K. Döring, M. Erler and S. Schorn, Pseudoplatonica, Stuttgart, 2005), the Eryxias remains less studied than other items in the corpus, mainly due to its extension – fifteen pages of the canonic edition by Stephanus (1578) – and to its overall complexity. In spite of this marginal role in recent studies, the Eryxias had attracted since the 18th century the interest of scholars and historians of ancient economy, as it presents an ancient discussion on the value of wealth and material goods. The first part of the introduction deals with the philological issues and the general problems related to the transmission of the text in antiquity. In the second chapter I turn to the philosophical content. The theme of the Eryxias is an enquiry on the relationship between wealth (ploutos) and virtue (arete), led by Socrates together with his interlocutors Erasistratus, Eryxias and Critias (the tyrant). Two definitions of wealth are investigated: according to the first, which is centered on value (axios) the wealthiest man will be the wise man (sophos), as wisdom is the greatest value for mankind. According to the second, which identifies wealth with the possession of material goods (chremata), the richest man will be the most wicked. Both of these conclusions are consistent with the main model of the dialogue, that is to say the authentic writings of Plato. In the introduction I argue that the philosophical aim of the Eryxias is in fact an attempt to draw a coherent doctrine of wealth based on the Platonic dialogues and on the research developed inside Plato’s school, the Academy, in the first decades of the third century: to prove this point I show the coherence with many parallel passages in Plato’s writings, which show a careful study of the whole body of work associated to the name of the founder of the Academy, and I try to set the Eryxias in its historical frame, namely the «return to Socrates» that historians have seen in the first part of the Hellenistic Age (see A. A. Long, Socrates in Hellenistic Philosophy, CQ 38, 1988, 150-171; F. Alesse, La Stoa e la tradizione socratica, Napoli 2000). In the third and final chapter I concentrate my attention on the literary aspect, with a particular interest in the reception of the models of Socratic literature in the composition of the dialogue. Follows a note on the medieval tradition. After the text and translation, the extended commentary focuses on issues of detail, both literary-philological and philosophical. An appendix with tables as a full bibliography are included.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLEP017 |
Date | 18 April 2018 |
Creators | Donato, Marco |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Università degli studi (Pise, Italie), Hoffmann, Philippe, Tulli, Mauro |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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