La présente thèse a pour objet de porter un regard traductologique sur l’œuvre protéiforme d’Antonin Artaud afin de dégager sa vision de l’acte traductif et du statut du traducteur. Le corpus à l’étude comprend non pas les textes traduits ou adaptés par Artaud, mais plutôt les paratextes qui les accompagnent (p. ex., préfaces, postfaces, notes, correspondance, manifestes). Nous partons du postulat qu’Artaud considère la traduction comme une forme de réécriture, c’est-à-dire un vecteur créatif dans lequel l’original et sa traduction sont deux entités interdépendantes. En guise de cadre théorique, nous faisons un survol de l’évolution du rapport entre l’original et la traduction. Il s’agit de montrer comment, dans le prolongement de la pensée poststructuraliste, ce rapport s’est inversé pour faire de l’original un texte dérivé dont le sens est tributaire du regard d’autrui. N’ayant pas laissé de « théorie » proprement dite sur la traduction, Artaud a pourtant largement écrit sur le théâtre et le cinéma. Ces deux domaines ont peut-être ceci de comparable avec la traduction qu’ils font appel à la représentation et mettent en jeu une triade quasi identique : le dramaturge/l’auteur, le metteur en scène/le traducteur et le spectateur/le lecteur. Dans Le théâtre et son double, Artaud souhaite mettre fin à l’assujettissement du metteur en scène à l’auteur et au texte, revendication qui s’apparente beaucoup à sa démarche traductive. Cet ouvrage nous sert donc d’appui pour brosser un portrait global de la vision « artaldienne » de l’acte traductif. Après y avoir puisé des notions transposables à la traduction, comme le double, le rapport subversif à l’auteur et le rôle central du spectateur, nous nous attardons sur le message qui ressort des paratextes, afin de mieux saisir comment Artaud s’approprie le texte traduit. La mise en parallèle entre les écrits d’Artaud sur le théâtre et ses paratextes sur l’acte traductif montre qu’Artaud était un poststructuraliste avant la lettre, ayant prévu certains des principaux concepts modernes liés à l’auctorialité. Notre analyse permet aussi de constater que le cas « Artaud » met en évidence le potentiel traductif de l’écriture.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/31539 |
Date | January 2014 |
Creators | Avci, Alice |
Contributors | Basalamah, Salah |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
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