Cette thèse de géographie phénoménologique a deux objectifs : d'une part, montrer que tous les actes des habitants, du plus banal au plus réfléchi, résultent toujours d'une construction territoriale qui peut se résumer en une dialectique de mise à proximité versus mise à distance du monde (spatial et social). D'autre part, montrer que cette construction ne découle pas uniquement d'influx provenant du contexte environnemental ou d'habitus socio-spatiaux et/ou culturels, mais aussi de l'intentionnalité de chaque habitant. Pour donner sens à la réalité du monde d'aujourd'hui, la géographie ne peut donc plus faire l'économie d'une appréhension de la réalité construite par ces habitants, qui sont responsables de son évolution. Pour atteindre à cette réalité construite, et à l'intentionnalité qui en régit le sens, il est utile de réaliser des doubles entretiens, car si le chercheur peut appréhender la construction territoriale de l'habitant en analysant ses pratiques et ses discours, il ne peut interpréter valablement cette construction s'il fait abstraction de la grille symbolique et rhétorique qui en génère la production et lui donne sens. Il doit donc procéder de façon herméneutique à un double temps de recueil des données, et à un double temps d'analyse, l'un qui procède à l'interprétation des significations, l'autre qui tente de comprendre en vue de quoi et selon quel(s) système(s) de valeurs, quelle conception du monde ces significations sont produites. Ainsi, en permettant à l'habitant de créer le sens de sa production sémantique sur le monde, on aboutit au décloisonnement des catégories de la pensée qui l'explique habituellement de façon commune. Il en découle alors l'idée que ce monde n'est fait ni de territoires institutionnels ou naturels qui prédéterminent les relations au monde de l'habitant ni de poupées gigognes qui s'emboîteraient les unes dans les autres de l'ici connu au vaste monde insondable. Au contraire, le territoire de l'habitant est ouvert à la réalité d'aujourd'hui, celle qui rapproche de lui certains lieux, certaines personnes ou certains souvenirs lointains et celle qui en éloigne d'autres pourtant proches. Ce processus dialectique de mise à proximité versus mise à distance remplace alors les données (les contraintes) du contexte, de la situation dans lequel vit l'habitant par un territoire multidimensionnel dans lequel il existe phénoménologiquement. Territoire dont la vocation est, au-delà de la sécurité ontologique qu'il procure, de faire sens pour l'être qui le construit et cela à partir des lieux où se projettent de façon significative ses intérêts et ses préoccupations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00007867 |
Date | 12 December 2000 |
Creators | Hoyaux, André-Frédéric |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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