L’étude de l’oeuvre poétique tardive de l’artiste Jean Hans Arp (1886-1966) révèle que l’opposition entre non-sens et sens, au moyen de laquelle est souvent analysé le passage de sa production dada à sa poésie des années cinquante et soixante, n’a pas lieu d’être. L’introduction d’une cohérence aux plans formel et structurel permet au plan sémantique le maintien de la plurivocité et de la contradiction. L’analyse des formes poétiques arpiennes montre l’existence d’une invention et d’une variété formelles intactes dans la production tardives, entre actualisation de formes anciennes et innovation. Cette tension anime également son activité anthologique et éditoriale, comprise comme élément constituant de sa poétique tardive : le poète déploie des stratégies visant à constituer, entre soixante et quatre-vingts ans, une oeuvre réflexive, intégrant les cinquante années de production antérieure, mais en déjouant constamment les écueils de l’(auto-)monumentalité. Le rapport entretenu avec la réalité extérieure au langage connaît un bouleversement référentiel après 1943-1945. La critique accrue de la rationalité occidentale et l’exigence d’expression subjective conduisent à la mise en place d’un discours poétique sur le monde et sur les capacités du langage, une « cosmogonie de poche » à la fois humble et démiurgique. Elle consiste en une confiance inaltérée dans le pouvoir créateur du langage poétique, capable de créer d’autres mondes. Cette modernité radicale d’Arp, exacerbée car revendiquée, le situe de façon originale dans le contexte du devenir des avant-gardes européennes après 1945 et met en lumière la spécificité de son appartenance à une génération de transition. / A close study of Jean Hans Arp’s late poetry exposes the inadequacy of the traditional opposition between non-sense and sense, which is frequently used to analyse the transition from his Dada production to the poetic works of the 1950s and the 1960s. By introducing a formal and structural coherence, the poet manages to preserve plurivocity and contradiction on a semantic level. Considering the specificities of Arp’s late poetic forms, the study shows that invention and variety are as vivid then as they were during Dada Zurich, based on both innovation and actualisation of former techniques. This tension is inherent to his anthological and editorial activity as well, which is considered here as a key element of his late poetics. In his sixties and up until his eighties, the poet develops strategies aimed at constituting a reflexive work which integrates the earlier production while always avoiding the trap of (self-) monumentalisation. After 1943-1945, the relationship between Arp's poetry and reality outside the language undergoes a profound referential change. His increasing criticism of western rationalism and need for subjective expression, without returning to neo-romanticism, form the basis for a poetic discourse on the world and the possibilities of language, a “pocket cosmogony” that is both humble and demiurgic”. The latter hinges on an unwavering faith in the creative power of the poetic word and its ability to generate other worlds. This radical modernity, consciously asserted, locates Arp’s late work as an original experiment in the context of the avant-gardes post-1945, highlighting his specific itinerary within a transitional generation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA040229 |
Date | 10 October 2014 |
Creators | Mareuge, Agathe |
Contributors | Paris 4, Banoun, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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