A Paris, à partir de 1878, un maillage de refuges nocturnes se met progressivement en place dans le but de secourir les besoins les plus urgents des personnes sans‐asile. En France, l’oisiveté de l’adulte valide est condamnée depuis le XIVe siècle : en matière de vagabondage et de mendicité, la Troisième République hérite d’un arsenal répressif construit au fil de plusieurs siècles. Bien que la forte suspicion morale qui pèse sur les pauvres aptes à travailler reste forte, les premières conséquences de l’industrialisation et de l’urbanisation sont observées : déracinement, chômage, etc. Dans le contexte de crise politique et économique, certains vagabonds sont aidés. Les asiles de nuit sont encouragés, imités et reconnus d’utilité publique. D’une part, ils sont présentés comme une solution face aux insuffisances de l’État. D’autre part, ils s’inscrivent dans le langage de la réforme sociale et du compromis républicain. Pour comprendre l’engouement et l’institutionnalisation de l’hospitalité nocturne, différents corpus, comprenant une variété de types d’écrits, sériels ou non, ordinaires et extraordinaires, souvent inédits, sont croisés afin de reconstituer les réalités sociales de « l’hospitalité de nuit » dans toutes leurs complexités. Les adaptations pragmatiques, au fur et à mesure du fonctionnement et de la professionnalisation de l’hospitalité institutionnalisée, permettent une réappropriation du modèle proposé par d’autres acteurs très différents, notamment la Ville de Paris. La diffusion permet le transfert de nombreux éléments entre les différents producteurs. Elle s’accompagne néanmoins de réflexions et d’hésitations aboutissant à des accommodations réglementaires. La lente inscription des asiles de nuit dans le panel des solutions proposées pour remédier à la misère est donc à la fois le résultat d’investissements personnels, de contingences économiques et de stratégies professionnelles permettant à l’hospitalité de nuit de se constituer en domaine de l’action sociale. Cependant, l’usage et les résultats sensibles des asiles de nuit laissent place à quelques désillusions et critiques. Ces difficultés dans la mise en œuvre pratique permettent d’expliquer le relatif essoufflement dans ce mouvement de fondation d’asiles de nuit et dans la réorientation, ou du moins la diversification, des institutions productrices. / Since 1878 in Paris, a network of night‐shelters has been gradually set‐up with the goal to help the most urgent needs of the homeless. In France, a fit adult’s idleness has been condemned since the 14th century : regarding wandering and begging, the Third Republic inherits a repressive system implemented throughout several centuries. Although the strong moral suspicion that weighs on the poor people capable of working remains strong, the first consequences of industrialization and urbanization are becoming visible : de‐location and unemployment, etc. In the context of political and economic crisis, certain homeless are given help. Night shelters are encouraged, reproduced and recognized as beneficial to the general interest. On one hand, they are presented as a solution to the inadequacies of the State. On the other hand, they fit in language of the social reform and the republican compromise. In order to understand the craze and the institutionalization towards night‐hospitality, various corpuses, with a varieties of written documents, serial or not, ordinary, extraordinary and often unpublished, are remixed to reconstitute the social realities of "night hospitality" in their full complexities. With the growing implementation of the professionalization of institutionalized hospitality, pragmatic adaptations allow a re‐designing of the proposed model by other very different actors, in particular the city of Paris. Broadcasting allows the transfer of many elements between the various producers. However, it brings along reflections and questionings leading to statutory accommodations. The slow integration of night shelters within the panel of proposals to remedy poverty is thus at the same time the result of personal investments, economical contingencies and professional strategies allowing night hospitality to be an integrated part of the social welfare. However, the use and the tangible results of night shelters lead to disappointments and criticism. These difficulties in the practical implementation can explain the relative loss of momentum in the creation of night shelters as well as the reorientation, or at least the diversification, of productive institutions.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA010712 |
Date | 06 January 2015 |
Creators | Katz, Lucia |
Contributors | Paris 1, Kalifa, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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