Cette thèse se propose d'étudier l'interaction existant entre connaissance de soi, des autres et du monde dans l'Histoire de ma vie de Casanova. Souvent considérée comme un immense « tableau de mœurs » de la société du dix-huitième siècle, on a pourtant peu évalué ses dimensions historiques, sociologiques et philosophiques. Or, elle constitue une étape intéressante dans l'histoire littéraire, tout en occupant une place à part : en effet, le Vénitien n'est ni un moraliste au sens classique du terme, ni un théoricien des mœurs comme Voltaire. Son œuvre parvient pourtant peut-être mieux que ces deux modèles à rendre compte de la complexité du réel, et ce grâce à une « science des mœurs » (telle qu'elle a par exemple été théorisée par Charles Duclos dans ses Considérations sur les mœurs de ce siècle) qu'il expérimente non seulement sur lui-même, mais aussi sur autrui. Casanova entretient néanmoins l'ambiguïté sur ses intentions : faut-il prendre au sérieux cet « instituteur de morale » qui prétend livrer à ses lecteurs un « miroir magique » pour qu'ils puissent s'y mirer et, éventuellement, se corriger ? Il convient d'examiner comment se crée cet ethos de l'instituteur dans les écrits philosophiques critiques de Casanova (l'Essai de critique sur les sciences, sur les mœurs et sur les arts, notamment) et dans quelle mesure cette construction de soi peut s'appliquer à l'Histoire de ma vie. Ceci nous amène à un troisième niveau d'analyse : celui qui met en jeu les interactions entre les fictions de soi (et, au premier chef, les modèles romanesques) auxquelles Casanova fait appel pour rendre compte de la réalité dans ses Mémoires et la théorisation qu'il fait de sa propre expérience. / This thesis surveys the connexion between three formes of knowledge: of self, of others and of the world in Casanova's Histoire de ma vie. Often regarded as a great “picture of manners” of 18th century society, its historical, sociological and philosophical dimensions have been slightly appraised, though. Nevertheless, his autobiographical work stands as an remarkable moment in the history of litterature, and in the same time merits a place of his own, for the Venitian is neither a moralist in the classical sense of the word, nor a theorist of manners such as Voltaire. However, he is maybe more gifted than these two models to give account of the complexity of real, thanks to a “science of manners” (as it had been theorized, for instance, by Charles Duclos in his Considérations sur les moeurs de ce siècle) that he implements not only in himself, but also in his fellow men. Nevertheless, Casanova remains unclear about his intentions: should we take seriously this “moral teacher” who wishes to offer his readers a “magical mirror” so they would gaze at -and eventually even correct- themselves? It is worth considering how this ethos of the teacher arises in the philosophical writings of Casanova (most of all, the Essai de critique sur les sciences, sur les moeurs et sur les arts) and in what degree this construction of self can be applied to Histoire de ma vie. This leads us to a third level of analysis: the connexion existing between the fictions of self used by Casanova (first of all, models out of novels) to give account of reality in his Mémoires and his theorisation of his own life.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA100094 |
Date | 20 October 2017 |
Creators | Denieul, Séverine |
Contributors | Paris 10, Martin, Christophe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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