Cotutelle de thèse: PhD en philosophie par la Faculté de Philosophie de l’Université de Strasbourg et PhD en sciences des religions par l'Institut d’études religieuses de l'Université de Montréal. / Le réel, compris comme un impossible à signifier, apparait comme le point sur lequel philosophes, théologiens et psychanalystes achoppent quand ils lisent le récit d'une expérience mystique. En fait, la mystique se présente pour eux comme un réel, soit un impossible à maitriser par le langage. Pourtant les écrits de Thérèse d’Avila montrent que l’expérience mystique, au contraire, a un lien étroit avec le réel. Pour cerner ce qui, du réel, est en jeu dans ce qui, pour un mystique, constitue une expérience spirituelle singulière, nous nous appuierons d'une part sur le travail de Freud autour de la notion de trace et sur la façon dont Lacan a développé le concept de réel. D'autre part, il s'agira de mettre en perspective une théologie mystique chez Thérèse. Cette double approche marquée par l’attention à ce qui fait frontière entre le sens et le hors sens permettra d'aborder l’écriture comme un support matériel nécessaire pour reconnaitre les traces de l’émergence du réel. Cela nous permettra de postuler que le réel peut être lu comme une condition de possibilité d’existence de l’expérience mystique. À cet effet, Thérèse de Jésus sera convoquée à la fois comme mystique, soit comme celle qui a vécu une expérience avec Dieu, et à la fois comme théologienne, soit comme celle qui a réfléchi à cette expérience. Pour être en mesure de lire cette expérience vécue comme un impossible à représenter, nous nous servirons de la manière dont Freud et Lacan ont développé un savoir autour de ce réel, lu comme Dieu dans la mystique. Mais, là où Freud considérait le spirituel comme relevant du pulsionnel, Lacan définit l’expérience mystique à partir du champ de la jouissance, en l’inscrivant dans le champ de la logique signifiante dont le réel est un produit. Cela nous amènera à réinterpréter la trace inscrite dans le corps comme une dimension du réel qui résiste à la symbolisation du corps parlant. Ce rapport entre le signifiant et le réel permet de reconnaitre les savoirs psychanalytiques et mystiques comme un savoir-faire avec ce qui relève de l’impossible. Dans le cas de Thérèse, ce réel prend la forme du Dieu-Trinitaire comme vérité. Cependant, indiquer cette vérité ne lui suffit pas, car ce qui est en jeu dans cette expérience est vivre l’union avec ce Dieu qui ex-siste au langage. Le savoir-faire avec le réel en devient une conséquence possible, voire une grâce. / The real, understood as something impossible to signify, appears to be the point at which philosophers, theologians, and psychoanalysts stumble when they read an account of mystical experience. In fact, mysticism is presented as an impossible real to master through language. Yet, the writing of Teresa of Avila shows that mystical experience, on the contrary, has a close link with the real. To illuminate what of the real is at stake in what, for a mystic, constitutes a singular spiritual experience, we can look to Freud's work on the notion of trace and to the way in which Lacan developed the concept of the real to gain perspective of the mystical theology of Teresa. This dual approach, marked by attention to the boundary between the tangible and the intangible, makes it possible to consider these works as necessary material support for discerning emergent traces of the real. This allows us to postulate that real can be read as a condition of the possibility for the existence of the mystical experience. Thus, Teresa de Avila will be invoked as both a mystic, one who has lived an experience with God, and as a theologian, one who has also pondered this experience. To be able to understand this lived experience as impossible to represent, we can use the way Freud and Lacan discussions concerning the real, read here as God in mysticism. Yet, Freud considered the spiritual to be part of impulse, whereas Lacan defines the mystical experience in the field of jouissance, inscribing it in the field of signifying logic, of which the real is a product. This leads us to reinterpret the trace inscribed in the body as a dimension of real that resists the symbolic representation of the subject. This relationship between the signifier and the real makes it possible to recognize psychoanalytical and mystical knowledge as a kind of “know-how” of what is impossible. In the case of Teresa of Avila, the real takes the form of the Trinity as truth. To indicate this truth, however, is not enough for her, for what is at stake in this experience is living in union with God who ex-sist in language. In this case, the “know-how” with the real become possibly consequential, even a blessing.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/24792 |
Date | 01 1900 |
Creators | Silveira Rosa, Fernando |
Contributors | St-Arnaud, Guy-Robert, Rogozinski, Jacob |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
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