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Épiphanies du visible : la vision dans le discours mystique français (1620-1630) / Vision in the French mystical discourse (1620-1630)

L’homme peut-il voir Dieu ? La question, à laquelle de nombreux théologiens chrétiens ont tenté de répondre, est à l’arrière-plan des Divins Élancements d’amour exprimés en cent Cantiques faits en l’honneur de la Très-Sainte-Trinité (1628) de Claude Hopil. Le poète y célèbre le mystère de la Trinité et clame son désir de la voir, sans jamais oublier que les Écritures enseignent que Dieu est invisible. À la même question, Pierre de Bérulle apporte dans les Discours de l’état et des grandeurs de Jésus (1623) une réponse liée au mystère sur lequel porte sa méditation : grâce à l’Incarnation, Dieu s’est manifesté dans la création et, partant, s’est rendu visible.Le présent travail s’est attaché à évaluer les implications théologiques, spirituelles et culturelles que recouvrait le thème de la vision dans chacune des deux œuvres et à déterminer dans quelle mesure les auteurs étaient influencés par les nouveautés scientifiques de leur époque. Bérulle et Hopil sont héritiers de ce qu’il est convenu d’appeler le modèle visuel de la connaissance, que saint Augustin a exposé dans plusieurs de ses ouvrages, et leurs savoirs dans le domaine de l’optique ressortissent surtout à des conceptions pré-classiques, antérieures aux travaux de Kepler et de Descartes. Hopil connaît les deux théories héritées de l’Antiquité qui avaient encore cours au début du XVIIe siècle, celle de l’émission et celle de la réception, mais il semble qu’aucune ne corresponde à la vision telle qu’il l’entend dans la plupart de ses poèmes. Celle-ci est présentée comme l’expérience, instable et ineffable, d’une coprésence de la créature et du Créateur.Si le domaine de l’optique ne retient pas particulièrement l’attention de Bérulle, les connaissances qu’il a acquises dans celui de l’astronomie lui permettent de concevoir une mystique du regard. Son œuvre a été publiée au cours d’une décennie qui suit de peu les travaux de Galilée et de Kepler, indissociables de la promotion du système cosmologique copernicien. Pour Bérulle, le chrétien doit regarder le Christ et il compare ce regard à celui que les astronomes antiques, tels qu’il les imagine, portaient sur le soleil. En outre, le Christ est d’autant mieux vu qu’il occupe dans la vie spirituelle une place centrale analogue à celle du soleil dans l’univers, selon la théorie que Copernic a proposée en son temps et à laquelle l’Oratorien fait référence. Quelle que soit l’importance que Bérulle accorde aux données venues de l’astronomie, il les remodèle pour servir son objectif principal : glorifier l’Incarnation. / Can man see God ? The question to which many Christian theologians have tried to answer is in the background of Les Divins Élancements d’amour exprimés en cent Cantiques faits en l’honneur de la Très-Sainte-Trinité (1628) by Claude Hopil. In this book, the poet praises the Mystery of the Trinity and claims his desire to see it, without forgetting the Scriptures say God is invisible. Pierre de Bérulle in his book Discours de l’état et des grandeurs de Jésus (1623) answers this same question by linking it to the mystery on which his meditation is focused on : with the Incarnation God emerged in the Creation and therefore made himself visible.The current study focused on assessing the theological, spiritual and cultural implications involved in the theme of vision in each of these two works. It also aimed at determining to what extent the authors were influenced by the scientific discoveries of their time. Bérulle and Hopil are the heirs of what is called the visual model of knowledge which saint Augustine explained in several of his works. Their knowledge in the field of optics are mostly based on pre-classical concepts, dating from before the work of Kepler and Descartes. Hopil knew about the two theories of emission and reception inherited from the Antiquity and which still existed at the beginning of the 17th century. However, it seems that neither of the two theories corresponds to the vision as mentioned in his poems. This vision is presented as the unstable and ineffable experience of a copresence of the creature and the Creator.If the field of optics didn’t particularly grab Bérulle’s attention, his knowledge in astronomy allowed him to devise a mystical way of watching. His work was published during the decade which closely followed Galileo and Kepler’s work which are inseparable from the promotion of a Copernician cosmological system. According to Bérulle, Christians should look at Christ and he compares the look in their eyes to the one, he imagines antique astronomers had when looking at the sun. Furthermore, Christ is all the more well seen that he has a core place in spiritual life, similar to the sun in the universe, according to Copernic’s theory to which the Oratorian refers to. Whatever the emphasis Bérulle places on the discoveries in astronomy, he reshapes them to serve one main objective : glorify the Incarnation.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018MON30067
Date08 December 2018
CreatorsCabrol, Stéphane
ContributorsMontpellier 3, Belin, Christian
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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