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Épiphanies du visible : la vision dans le discours mystique français (1620-1630) / Vision in the French mystical discourse (1620-1630)Cabrol, Stéphane 08 December 2018 (has links)
L’homme peut-il voir Dieu ? La question, à laquelle de nombreux théologiens chrétiens ont tenté de répondre, est à l’arrière-plan des Divins Élancements d’amour exprimés en cent Cantiques faits en l’honneur de la Très-Sainte-Trinité (1628) de Claude Hopil. Le poète y célèbre le mystère de la Trinité et clame son désir de la voir, sans jamais oublier que les Écritures enseignent que Dieu est invisible. À la même question, Pierre de Bérulle apporte dans les Discours de l’état et des grandeurs de Jésus (1623) une réponse liée au mystère sur lequel porte sa méditation : grâce à l’Incarnation, Dieu s’est manifesté dans la création et, partant, s’est rendu visible.Le présent travail s’est attaché à évaluer les implications théologiques, spirituelles et culturelles que recouvrait le thème de la vision dans chacune des deux œuvres et à déterminer dans quelle mesure les auteurs étaient influencés par les nouveautés scientifiques de leur époque. Bérulle et Hopil sont héritiers de ce qu’il est convenu d’appeler le modèle visuel de la connaissance, que saint Augustin a exposé dans plusieurs de ses ouvrages, et leurs savoirs dans le domaine de l’optique ressortissent surtout à des conceptions pré-classiques, antérieures aux travaux de Kepler et de Descartes. Hopil connaît les deux théories héritées de l’Antiquité qui avaient encore cours au début du XVIIe siècle, celle de l’émission et celle de la réception, mais il semble qu’aucune ne corresponde à la vision telle qu’il l’entend dans la plupart de ses poèmes. Celle-ci est présentée comme l’expérience, instable et ineffable, d’une coprésence de la créature et du Créateur.Si le domaine de l’optique ne retient pas particulièrement l’attention de Bérulle, les connaissances qu’il a acquises dans celui de l’astronomie lui permettent de concevoir une mystique du regard. Son œuvre a été publiée au cours d’une décennie qui suit de peu les travaux de Galilée et de Kepler, indissociables de la promotion du système cosmologique copernicien. Pour Bérulle, le chrétien doit regarder le Christ et il compare ce regard à celui que les astronomes antiques, tels qu’il les imagine, portaient sur le soleil. En outre, le Christ est d’autant mieux vu qu’il occupe dans la vie spirituelle une place centrale analogue à celle du soleil dans l’univers, selon la théorie que Copernic a proposée en son temps et à laquelle l’Oratorien fait référence. Quelle que soit l’importance que Bérulle accorde aux données venues de l’astronomie, il les remodèle pour servir son objectif principal : glorifier l’Incarnation. / Can man see God ? The question to which many Christian theologians have tried to answer is in the background of Les Divins Élancements d’amour exprimés en cent Cantiques faits en l’honneur de la Très-Sainte-Trinité (1628) by Claude Hopil. In this book, the poet praises the Mystery of the Trinity and claims his desire to see it, without forgetting the Scriptures say God is invisible. Pierre de Bérulle in his book Discours de l’état et des grandeurs de Jésus (1623) answers this same question by linking it to the mystery on which his meditation is focused on : with the Incarnation God emerged in the Creation and therefore made himself visible.The current study focused on assessing the theological, spiritual and cultural implications involved in the theme of vision in each of these two works. It also aimed at determining to what extent the authors were influenced by the scientific discoveries of their time. Bérulle and Hopil are the heirs of what is called the visual model of knowledge which saint Augustine explained in several of his works. Their knowledge in the field of optics are mostly based on pre-classical concepts, dating from before the work of Kepler and Descartes. Hopil knew about the two theories of emission and reception inherited from the Antiquity and which still existed at the beginning of the 17th century. However, it seems that neither of the two theories corresponds to the vision as mentioned in his poems. This vision is presented as the unstable and ineffable experience of a copresence of the creature and the Creator.If the field of optics didn’t particularly grab Bérulle’s attention, his knowledge in astronomy allowed him to devise a mystical way of watching. His work was published during the decade which closely followed Galileo and Kepler’s work which are inseparable from the promotion of a Copernician cosmological system. According to Bérulle, Christians should look at Christ and he compares the look in their eyes to the one, he imagines antique astronomers had when looking at the sun. Furthermore, Christ is all the more well seen that he has a core place in spiritual life, similar to the sun in the universe, according to Copernic’s theory to which the Oratorian refers to. Whatever the emphasis Bérulle places on the discoveries in astronomy, he reshapes them to serve one main objective : glorify the Incarnation.
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Le troisième département de l'Oratoire de Jésus (XVIIe-XVIIIe siècle) : un réseau congréganiste dans la France du Midi / The third department of the Oratory of Jesus (XVIIth. XVIIIth century) : a congregational network in Southern FranceCarlotti, François-Xavier 14 October 2013 (has links)
L’Oratoire de Jésus est une congrégation séculière sans voeux fondée le 11novembre 1611 à Paris par le cardinal Pierre de Bérulle. Dans sa dimensionprovençale, il présente une singularité : une triple racine. Il avait reçu dans sespremiers temps l’influence de la Doctrine chrétienne à laquelle Jean-BaptisteRomillon, son premier instituteur dans la province, avait appartenu avant de serapprocher de l’Oratoire crée par Philippe Neri en Italie à la fin du XVIe siècle,puis de s’unir en 1619 à celui de France et à Bérulle.Associée au Languedoc, à la Gascogne et à la Guyenne, la Provenceconstitue au sein de l’Oratoire de France une division administrative propre, letroisième « département ». Ses « maisons » font vivre un réseau actif etmultiforme : flux humains et de capitaux, entraide spirituelle, échangesmatériels et de services, au sein d’une congrégation elle-même hiérarchisée etcentralisée dans laquelle le lien avec Paris est maintenu par les visiteursdépartementaux et les supérieurs de maisons, nommés.Cette solidarité est encore renforcée par une identité culturelle partagée,une origine géographique commune, une même extraction, une relativestabilité. Les sujets méridionaux - Pères et confrères voués à l’apostolat et à larégence des collèges, frères-servants aux talents multiples - voient en effet, deleur recrutement à leur mort, leurs carrières s’inscrire pour l’essentiel dans leslimites du département. Le succès rapide de leurs entreprises, principalementdédiées à la sanctification du clergé et à l’enseignement de la Parole, est favorisépar le soutien des évêques auxquels ils se soumettent, comme par la faveur desconseils de ville qui leur confient l’instruction de la jeunesse.Mais la fin du Grand Siècle voit se briser ce bel élan. Les oratoriens ontmajoritairement adhéré jusqu’après 1750 au jansénisme dans sa dimension laplus théologique. Et dans le Midi, ils en forment les bataillons les plus nourris.Du fait de la répression, leur recrutement subit une baisse sensible, et beaucoupd’établissements sont fermés.A la veille de la Révolution, la structure de l’Oratoire apparaîtprofondément transformée : réconciliée avec l’Eglise, rajeunie, de congrégationsacerdotale, elle est devenue un corps tout entier voué à l’enseignement. / The Oratoire of Jesus was founded on 11th of november 1611 by cardinalPierre de Bérulle in Paris. It is a secular congregation whose members do notmake any vows.In Provence, the Oratoire is unique because of its three roots.At the beginning it was influenced by the christian Doctrine of Jean-BaptisteRomillon who was its primary school’s teacher in Provence, then at thebeginning of the XVIIth century it became aligned with the Oratorio of Neri inItaly, and finally in 1619 it merged with the French Bérulle’s Oratoire.Oratoire of Provence is connected with the regions of Languedoc,Gascogne and Guyenne. It formes a separate administrative division, the thirddepartment of the Oratoire in France. The Oratoire’s houses consist in an activeand multi-shaped network of human interaction, material exchanges andspiritual flux. The Oratoire is an organized hierarchy with a centralized head inParis which sends visitors to departments, and nominates the houses superiors.This community of men forms a stable solidarity network strengthened bythe same cultural, geographical and social background. The southern members,priests and brothers engaged into the apostolate and management of thecolleges, brothers serving at mass and talented in many skills, all of them, fromthe time they are taken on to the end of their life, act within the limit of theirdepartment.The Oratoire’s rapid success in preaching and « sanctifying the clergy » wassupported by their bishops and favoured by the town councilors who eventuallyentrusted them with teaching the young people.At the end of the great XVIIth century their remarkable expansion stopped.Untill the 1750’s the congregation in its vast majority, adhered to the Jansenistfaith, in its strictest theological form, particularly in the South of France. Becauseof persecution new membership registered a decrease and a lot ofestablishments closed down.At the eve of the French Revolution, the Oratoire’s structure was deeplymodified : they had become reconciled with the Church, younger members hadjoined it and the whole congregation had turned to teaching activities.
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