Hantologie – terme composé, formé par Jacques Derrida – signifie : « ontologie (c'est-à-dire, science de l'être) de ce qui “hante” : les spectres, les fantômes » (Charles Ramond, Le Vocabulaire de Jacques Derrida). Le néologisme derridien est une paronomase, le paronyme d’un mot – ontologie –, dont il n’est pas un synonyme. L’hantologie est une « « catégorie […] irréductible, et d’abord à tout ce qu’elle rend possible, l’ontologie, la théologie, l’onto-théologie positive ou négative », écrit Jacques Derrida (Spectres de Marx). C’est une ontologie, l’ontologie de l’être du non-être et du non-être de l’être, de quelque chose ou quelqu’un qui « n’est pas là », « comme tout fantôme digne de ce nom » (Ibid.). « Il n’y a pas de Dasein du spectre mais il n’y a pas de Dasein sans l’inquiétante étrangeté, sans l’étrange familiarité (Unheimlichkeit) de quelque spectre » (Ibid.) Il n’y a pas d’ontologie, donc, sans hantologie. Appliquée à l’étude des textes, l’hantologie derridienne n’est pas une nouvelle méthodologie de l’analyse littéraire. Elle vise moins à définir un texte qu’à se demander, d’abord, quelle question nous posons lorsque nous demandons : qu’est-ce qu’un texte ? S’agit-il d’une question d’ordre ontologique ? phénoménologique ? En demandant : qu’est-ce qu’un texte ?, nous disons déjà que le texte est quelque chose, quelque chose dont nous sentons bien qu’il n’est pas qu’une chose. Qu’il soit un objet, d’ailleurs, cela n’est pas sûr, et s’il l’est, il reste à savoir pourquoi et comment. Il l’est, si l’on souscrit au discours du structuralisme. Il ne l’est plus, si l’on adopte la définition barthésienne du texte comme productivité. L’hantologie du texte n’est pas un simple catalogue des fantômes de la littérature. Elle consiste surtout à étudier les hantises de l'écriture et de la lecture – les mots fantômes notamment (anagrammes, palindromes, etc.) et les textes fantômes (hypotextes, intertextes). C’est une recherche attentive au procès de signifiance du texte, appropriée aux œuvres de Poe et de Baudelaire, et dont la proposition critique est elle-même déductible de leurs créations. Notre thèse cherche à mettre en évidence les possibilités d'une telle déduction à travers des études comparées de leurs œuvres littéraires, poétiques, traductions de Poe par Baudelaire comprises, en portant une attention toute particulière aux figures et motifs de la revenance, à la problématique de l'image et du langage, laquelle intègre les questions de traduction (copie, fidélité à la lettre ou à l’esprit de la lettre, etc.). / Hauntology – a compound term created by Jacques Derrida – means the “Ontology (that is to say, the science of being) of what “haunts”: specters, ghosts” (Charles Ramond, The Vocabulary of Jacques Derrida). The Derridean neologism is a paronomasia, the paronym of a word – ontology – of which it is not a synonym. The hauntology is a “category […] irreducible, and first of all to everything it makes possible: ontology, theology, positive or negative onto-theology”, Jacques Derrida writes (Specters of Marx, tr. Peggy Kamuf). It is an ontology, the ontology of the being of non-being and the non-being of being, of something which, or someone who “is not there”, “like any ghost worthy of the name ». (Ibid.) “There is no Dasein of the specter, but there is no Dasein without the uncanniness, without the strange familiarity (Unheimlichkeit) of some specter.” There is no ontology, thus, without any hauntology. Applied to the study of text, the Derridean hauntology is not a new methodology of literary analysis. It aims less to define a text than to ask us, first, what is the question we ask when we de-mand: what is a text? Is this a question of ontological order? phenomenological? In asking: what is a text ?, we are already saying that the text is something, something of which we feel that it is not just a thing. That it is an object, moreover, it is not sure, and if it is, it remains to know how and why. It is, if we subscribe to the structuralist discourse. It is not anymore if we adopt the Barthesian definition of text as a productivity. The hauntology of text is not a mere catalog of ghosts in literature. It consists above all in studying the hauntings of writing and reading, such as ghost-words (like anagrams, palindromes, etc.) and ghost-texts (hypotext, intertext). This research is attentive to the process of what Barthes calls the signifiance of text, and quite appropriate to the works of Poe and Baudelaire. Indeed, our critical proposition is itself deductible from them. Our thesis thus aims to highlight the possibilities of such suggestions by and through comparative studies of their literary and poetical works, translations of Poe by Baudelaire included, in paying very particular attention to figures of revenance, and the problematic of image and language, which incorporates many issues of translation (copy, faithfulness to the letter or the spirit, etc.).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013BOR30037 |
Date | 16 December 2013 |
Creators | Pecastaing, Sandy |
Contributors | Bordeaux 3, Poulin, Isabelle |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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