Dans la vie sociale, les besoins sont regardés comme un préalable nécessaire à la définition d’un projet ou à la création d’un service. Pourtant s’ils apparaissent évidents, naturels, ils sont l’objet d’une construction sociale. Cette recherche se propose d’étudier le processus de fabrication des besoins sociaux dans la politique d’accueil des jeunes enfants en France en partant des questions suivantes : comment les besoins adviennent-ils sur la scène publique, dans quelle mesure sont-ils pris en considération, comment sont-ils exprimés ? Trois déterminants des besoins ont été au cœur de l’analyse : le politique, l’individu et le marché. Nous avons montré que les besoins sociaux reçoivent plusieurs formes de « mise en visibilité » pour exister publiquement mais que cette politisation aboutit partiellement à les faire reconnaître comme un vrai problème. Par ailleurs, la reconnaissance des besoins sociaux passe par leur transformation en une « demande sociale ». Dans le secteur de la petite enfance, cette expression est rendue difficile parce que la photographie des besoins qui ressort des enquêtes est très hétérogène, mais aussi en raison de l’existence d’une non-demande (le non-recours au service), et à cause des situations « d’imprévisibilité » dans lesquelles se trouvent les parents par rapport à leur mode d’accueil. Enfin, les besoins sont étroitement liés à ceux qui les couvrent. Dans le cadre du nouveau marché des crèches d’entreprise, un déplacement s’opère : les besoins des familles sont mis en arrière-plan au profit de ceux des entreprises et des collectivités financeurs et potentiels clients des services. Ceci étant, les entreprises de crèches continuent à faire exister les besoins des familles, autrement, de manière plus quantitative, notamment par les plates-formes de réservation de places et par la promotion de deux figures du parent, celle du « salarié-parent » et celle du « parent-prospect ». / In social life, needs are considered as a necessary prerequisite to the definition of a project or the creation of a service. Though they seem obvious and natural, they result from a social construction. This research sets out to study the making process of social needs regarding child care policy in France from the following questions : how do needs arise on public scene, to what extent are they taken into consideration, how are they expressed ? Three determinative were at the heart of our analysis : politics, market and the individual. We have shown that social needs acknowledge several forms of “visibiliting” so as to exist on public scene but that actually this politicization partially succeeds in making them recognize as a real problem. On the other hand, the recognition of social needs goes through their transformation into one social request. In child care field, this expression turns out to be difficult, because the picture of the needs which emerge from surveys is very heterogeneous, owing to the existence of no-requesting (no-resorting to services), because of some situations of “unpredictability” in which parents cope with child minding. Finally, needs are closely linked to those who cover them. Within the context of the firm child care centres’ new market, a transfer has occurred : families’ needs have been relegated to the background to the profit of the firms and local communities’ ones :services’ financing and potential customers. Yet, market continues making families ‘ needs exist but differently, in a more quantitative way, in particular through child care centres’ websites and also by the promotion of both new faces of the parent : “salaried-parent” and “prospect-parent”.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PAUU1003 |
Date | 31 October 2013 |
Creators | Caillet, Florence |
Contributors | Pau, Gourdou, Jean |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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