À partir de définitions empruntées à la philosophie antique (Platon, Aristote), à la littérature païenne (Ovide), à la théologie chrétienne (Augustin, Thomas d’Aquin), ou encore à la médecine (de Galien à Robert Burton), cette thèse étudie les représentations du désir dans la poésie narrative élisabéthaine des années 1590, en particulier chez Shakespeare (Venus and Adonis), Marlowe et Chapman (Hero and Leander) et Spenser (The Faerie Queene, II et III). Le postulat de départ est que le désir détermine les conditions de sa représentation : il est ainsi à la fois objet poétique et principe de création littéraire. L’approche rhétorique cible les figures de style associées au mouvement : la métaphore et la métonymie, mais aussi les figures de construction qui jouent sur l’ordre des mots et les figures de pensée qui se dévoilent progressivement, comme l’allégorie. Si le désir fonctionne comme un lieu commun dans les textes de la Renaissance anglaise, le recours à une rhétorique commune et le partage d’un même lieu physique ne garantissent pas nécessairement le rapprochement des corps. C’est face à face que sont envisagés le corps désiré, caractérisé par sa fermeture et considéré comme une œuvre d’art intouchable, et le corps désirant, organisme vivant exposé à la contamination. La perméabilité gagne le poème lui-même, dans son rapport à son environnement politique et social, dans son utilisation de ses sources et dans sa composition. Parce qu’il joue un rôle en tant que mécanisme de progression du récit, notamment dans la relation entre description et narration, le désir invite à envisager la mimésis comme un processus réversible. / Starting from definitions of desire borrowed from ancient philosophers (Plato, Aristotle), classical poets (Ovid), Christian theologians (Augustine, Thomas Aquinas), and physicians (from Galen to Robert Burton), this dissertation studies the representations of desire in Elizabethan narrative poetry from the 1590s, and more particularly in Shakespeare’s Venus and Adonis, Marlowe and Chapman’s Hero and Leander, and Spenser’s Faerie Queene (II and III). The guiding hypothesis is that desire determines the terms and images in which it is represented; it is therefore both a poetical object and a principle of literary creation. Using a rhetorical approach, I focus on stylistic devices linked with motion: metaphor and metonymy, but also figures of construction which play on word order, and figures such as allegory, which progressively unravel thought. Although desire does act as a commonplace in Early Modern texts, sharing the same language and the same locus does not necessarily entail physical communion for the bodies involved. The body of the beloved, enclosed upon itself and depicted as an untouchable work of art, is pitted against the lover’s organism, alive and exposed to contamination. The poem itself becomes permeable in relation to its social and political environment, in its use of sources, and in its compositional procedures. Desire articulates description and narration, leading the narrative forward but also backward, which suggests that mimesis can be a reversible process.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA030116 |
Date | 18 November 2011 |
Creators | Sansonetti, Laetitia |
Contributors | Paris 3, Laroque, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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