Ce travail de thèse propose d’étudier les œuvres de Supervielle, Saint-John Perse et Char au prisme de la dynamique animale. Il confronte ces textes du XXe siècle à des problématiques plus récentes qui, dans le courant de la « zoopoétique » développée par Anne Simon, considèrent les bêtes littéraires dans leur aspect corporel, organique, mouvant, autant que symbolique. Au-delà de leur dimension métaphorique, les animaux innervent en effet les textes d’une force de création issue de leur qualité d’êtres vivants. Des insectes aux grands mammifères, l’éventail de la relation des bêtes au monde et à l’humain ouvre dans les textes de multiples problématiques sémantiques et stylistiques, appréhendées dans la première partie de ce travail, qui analyse l’influence des existences animales au cœur de l’écriture poétique et de ses rythmes particuliers. La faune apparaît, ainsi que l’approfondit la deuxième partie, comme vectrice d’une pensée élargie de l’environnement. S’appuyant sur des approches anthropologiques, ces analyses font ressortir un traitement particulier des notions de nature ou de paysage, montrant les animaux comme outils de modélisation de l’espace, mais aussi de la pensée. Par le surgissement constant de leur altérité, désirée ou perturbatrice, ils confrontent les poètes aux frontières floues de leur propre individualité. Dans une dernière partie, l’animalité concrète est étudiée en parallèle des facultés qu’a la poésie d’interroger son siècle et une langue élargie au contact des modalités de communication animale. Nous observons que le pistage d’une bête et l’appréhension d’une pensée poétique ressortissent à des herméneutiques proches, entre veille, émerveillement et distance, quittant parfois la rationalité du langage pour explorer les marges de la folie, dans une dynamique de l’oblicité. Est révélée dans ce rapprochement de la bête et du poème une constance de la faille, et une jouissance de l’échappée. / This thesis analyses the works of Supervielle, Saint-John Perse and Char through the prism of animal dynamics. It reads these twentieth-century texts in light of recent criticism, which, in the vein of "zoopoetics" developed by Anne Simon, considers the physical, organic, moving dimensions of literary animals as well as their symbolic significance. Beyond their metaphorical meanings, animals energize the texts with a creative force that stems from their quality as living beings. From insects to large mammals, the range of relationships that animals have to the world and to humans opens up multiple semantic and stylistic problems examined in the first part of this thesis, which analyses the influence of animal existence on poetic writing and poetic rhythm. Based on anthropological approaches, the second part argues that fauna serve as a vehicle for a broader thinking about the environment. This reading illuminates a particular treatment of nature and landscape that uses animals as tools for modelling space as well as thought : through the constant emergence of their desired or disruptive otherness, literary animals confront poets with the blurred boundaries of their own individuality. In the last part, concrete animality is studied alongside poetry’s power to question its own era and its language, which extends to the animalistic modes of communication. The tracking of a beast and the apprehension of a poetic thought emerge from similar hermeneutics, encompassing watchfulness, wonder, and distance, and sometimes leaving the rationality of language to explore the margins of madness in a dynamic of obliquity This kinship between poetry and animality is revealed in the persistence of gaps, and of the pleasures of escape.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019LYSEN025 |
Date | 13 September 2019 |
Creators | Souchard, Flora |
Contributors | Lyon, Bayle, Corinne, Simon, Anne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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