Le déploiement du corps médical diplômé dans la France du XIXe siècle, décidé par les lois napoléoniennes de 1803, n'a pas empêché la pérennisation des méthodes traditionnelles du soin. Malgré les progrès de la médecine savante et une médicalisation croissante de la société, les Français restent attachés aux pratiques profanes. L'exemple du Maine-et-Loire est significatif de cette vigueur qui ne se dément pas au cours du siècle. Le nombre élevé de guérisseurs illégaux révélés par les archives judiciaires du département permet de mesurer à quel point leur activité reste vigoureuse, alors même que la médecine remporte de brillantes victoires contre la maladie. Se succèdent devant les juges des empiriques, des rebouteux, des accoucheuses et toutes sortes de charlatans prêts à tout pour tirer profit de la détresse de populations dans la souffrance. Les religieuses, dont l'oeuvre hésite entre médecine et charité, échappent aux poursuites. elles n'en sont pas moins mises en garde. Mais les procès ne disent pas tout car les médecines populaires s'exercent aussi dans l'intimité du cadre familial, perpétuant l'expression d'un savoir aux origines oubliées. Des ouvrages spécialisés relayés par la presse favorisent le recours à l'automédication oubliant souvent ce que la loi recommande. Les pratiques du soin sont nombreuses et infiniment variées, inspirées par la nature ou la religion, parfois influencées par les dernières innovations à la mode. Malgré eux, les médecins cohabitent avec les guérisseurs et rien ne paraît détourner les populations du Maine-et-Loire de leurs habitudes curatives, comme si elles faisaient partie d'elles-mêmes.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00945371 |
Date | 05 July 2013 |
Creators | Sionneau, Sylvain |
Publisher | Université d'Angers |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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