Cette étude traite de l’articulation en cinéma de la ressource lyrique et de l’approche politique du réel. Pour aborder sous un angle plus spécifique la question du « cinéma de poésie », elle propose une relecture de la théorisation littéraire du lyrisme, dans la perspective d’une critique de la polarisation autour de la notion de subjectivité. À partir d’une étude des imbrications entre poétique et enjeux politiques chez Hölderlin, Rimbaud et les surréalistes, elle propose la notion de « lyrisme objectif » pour questionner la façon dont les films peuvent s’émanciper du modèle discursif utilisé par le cinéma militant, tout en tentant de proposer une pensée critique du politique à partir de leurs formes sensibles. À travers l’analyse d’un corpus de films de Marguerite Duras, Philippe Garrel et Jean-Luc Godard, réalisés dans l’après-1968 à un moment de reflux des luttes, nous montrons comment leurs héritages poétiques influencent la figuration du politique, à partir d’un geste commun de mise en retrait de la narration au profit d’une logique de sensation. Nous proposons ainsi de voir comment chez Marguerite Duras, à partir d’une pensée radicale de la négativité, la mobilisation d’une parole lyrique prend en charge un enjeu de subjectivation politique. Par ailleurs, si la résurgence d’un héritage romantique et du versant hermétique du surréalisme chez Philippe Garrel reconduit une approche expérientielle du politique, la reprise de la théorie surréaliste de l’image comme rapport et des principes rimbaldiens de décentrement du sujet entraine chez Jean-Luc Godard une dialectisation du lyrisme, qui articule une positivité sensible à une critique objectivante. / This dissertation articulates the concept of lyricism and a political approach of the real in cinema. In order to study more specifically the issues of « poetry cinema », it proposes a reading of the literary theory of lyricism through a critique of the conceptual polarization of subjectivity. Starting with a study of the interdependence of poetics and politics in Hölderlin, Rimbaud and the Surrealists’ works, I put forward the notion of « objective lyricism » to understand how film can move away from the discursive paradigm of activism and forge a critical evaluation of political issues by way of their esthetics. By analyzing a number of films by Marguerite Duras, Philippe Garrel et Jean-Luc Godard, all made in the years just after 1968, when activism receded, I show how their formal legacies influenced the depiction of politics by withdrawing the narrative structure to the profit of a logic of sensation. Furthermore, I intend to demonstrate how in Marguerite Duras’ films political subjectivation is achieved by a lyrical voice rooted in a radical thinking of negativity. If the resurgence of a romantic legacy and of the cryptic side of surrealism in Philippe Garrel’s films lead to an experiential approach of politics, the re-actualization of the surrealist theory of the image-as-interaction and Rimbaud’s principles of the subject’s decentering push Jean-Luc Godard to a dialectization of lyricism, articulating a sensitive positivity to an objectifying critique.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LORR0338 |
Date | 12 December 2017 |
Creators | Perrais, Agnès |
Contributors | Université de Lorraine, Lowy, Vincent |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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