Ce travail de recherche porte sur l’expérimentation d’une forme de développement professionnel des enseignants à travers leur fonctionnement en communauté d’apprentissage professionnelle (CAP) au sein de quelques écoles primaires dans le Département du Diamaré, situé dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce travail vise à identifier les effets de ce mode de développement professionnel sur les apprentissages scolaires des élèves. L’échantillon de l’étude était constitué de 10 écoles (06 comme groupe expérimental et 04 comme groupe contrôle). Les écoles du groupe expérimental, qui devaient fonctionner en CAP, comptaient 48 enseignants. Ces enseignants avaient au total 3065 élèves des niveaux 2 (3e et 4e année du primaire) et 3 (5e et 6e année du primaire). Le groupe contrôle, constitué de 04 écoles d’un autre campus de la même ville, ne fonctionnait pas en CAP et était composé de 20 enseignants qui encadraient 976 élèves. Il s’agit d’une recherche-action participative adoptant la démarche du modèle de recherche-action de Susman et Evered (1978). Cette démarche comporte plusieurs étapes, notamment : l’étape du diagnostic, l’étape de la planification des actions, l’étape de la réalisation des actions, l’étape de l’évaluation et l’étape de la définition des connaissances nouvelles. D’abord, une première étape consistant à évaluer le modèle de développement professionnel des enseignants en vigueur fut mise en œuvre. Cette démarche a adopté le modèle d’évaluation du développement professionnel de Guskey (2000) à travers les avis et réactions des bénéficiaires, et ce, en début d’année scolaire. Cette étape était suivie par une autre, qui consistât à l’instauration de la CAP comme mode de fonctionnement au sein des écoles ciblées. Ensuite, tout au long de l’année scolaire 2018-2019, les membres des équipes-écoles fonctionnant en CAP, à travers dix rencontres collaboratives, ont d’une part, discuté des apprentissages de leurs élèves en mathématiques et en français ; et d’autre part, ont adopté différentes stratégies susceptibles d’améliorer leur enseignement et les apprentissages scolaires des élèves. Enfin, une approche quasi-expérimentale utilisant la technique des doubles différences avec un dispositif pré-test/post-test d’évaluation des acquis scolaires en mathématiques et en français à l’aide d’un test standardisé a été conduit auprès des élèves fréquentant les écoles fonctionnant en CAP, d’une part, et auprès des élèves fréquentant des écoles ne fonctionnant pas en CAP, d’autre part. Les notes obtenues par les élèves aux deux évaluations ont été enregistrées, et ce, au début et à la fin de l’année scolaire. Nos résultats montrent que, d’une part, le modèle de développement professionnel des enseignants en vigueur dans le cycle primaire du système éducatif camerounais ne comble pas les attentes et les besoins en formation des enseignants. Les thèmes présentés lors des activités de développement professionnel sont, certes, de nature à permettre une amélioration des pratiques pédagogiques. Par contre, les fréquences avec lesquelles ces activités sont organisées ne sont pas suffisantes pour entraîner une amélioration des pratiques pédagogiques des enseignants et, éventuellement, une amélioration sur le plan des apprentissages scolaires des élèves. Les établissements scolaires, dans la limite de leurs moyens, offrent un cadre d’échanges et de discussions en leur sein ; par contre, ils ne fournissent pas les ressources nécessaires aux enseignants pour leur permettre une mise à jour de leurs pratiques pédagogiques. En dehors des inspections pédagogiques, la qualité perçue des activités de développement professionnel est la même chez les enseignants, selon qu’ils soient homme ou femme ; d’autre part, le développement professionnel des enseignants à travers le fonctionnement des écoles en CAP n’a pas eu un effet perceptible au niveau des apprentissages scolaires des élèves. Toutefois, il convient de souligner que l’on a pu relever une prise de conscience des enseignants sur la question de l’échec scolaire des élèves dans un contexte caractérisé par une absence de reddition de comptes. Par ailleurs, l’absence d’effet perceptible au niveau des apprentissages scolaires des élèves à la fin de l’année scolaire pourrait être dû au fait que le fonctionnement des écoles en CAP après un an se situerait au stade de l’initiation. Or, à ce stade, l’impact de l’utilisation des nouvelles pratiques instaurées au sein de la CAP sur la progression dans les apprentissages des élèves resterait non perceptible. Un tel constat a d’ailleurs été noté par certains auteurs dans le domaine (Huffman & Hipp, 2003 ; Leclerc, Moreau & Lépine, 2009). En d’autres mots, les effets du fonctionnement de l’école en CAP ne pourraient être perceptibles qu’à la fin de la deuxième année, lorsque la CAP aurait atteint le stade de l’implantation (Peiying & Wang, 2015). / In this research, a new type of teacher professional development was introduced through the professional learning community (PLC) work model in a group of elementary schools of the Diamaré Department in Cameroon’s Far North province. Specifically, we sought to identify the effects of this professional development model on student learning. Ten elementary schools participated in this study (6 experimental groups and 4 control groups). The schools in the experimental group worked as PLCs and were composed of 48 teachers who had a total of 3065 students (Cycle 2: grades 3 and 4; Cycle 3: grades 5 and 6). The non-PLC control group consisted of 4 schools located elsewhere in the city, with 20 teachers responsible for 976 students. Our participative action research initiative employed the action research model of Susman and Evered (1978) and was divided into several stages: diagnostic assessment, action planning, action, evaluation, and finally identification of the new knowledge acquired. The first phase consisted of a focused assessment of the existing teacher professional development model: Using Guskey’s professional development evaluation model (Guskey, 2000), we instigated an evaluative process at the beginning of the 2018-2019 school year to gather the PLC members’ comments and reactions throughout the year. The second phase involved the introduction of the PLC approach within the targeted schools. The members of the various school teams working as PLCs met for 10 collaborative meetings to discuss their students’ results in mathematics and French and to learn different pedagogical strategies to improve both their teaching practices and their students’ outcomes. Finally, a quasi-experimental method using the difference in difference technique was conducted and student pre-test/post-test assessments in both core subjects were administered in the form of a standardized test to the students attending the PLC and non-PLC schools. The students’ results on both tests were recorded at the beginning and at the end of the school year. Our findings reveal that the teacher professional development model currently used in Cameroon’s elementary education sector did not meet the expectations and training needs of its teachers. While the content covered during the continuing development activities was designed to improve teaching practices, the frequency with which these training sessions were organized was not enough to sustain any clear improvement of teaching practices and consequently, of student achievement. Schools did their best to support a climate of discussion and collaboration for their teachers; however, they failed to provide their teachers with crucial resources for their professional growth. As a result, the teacher professional development in the schools functioning as PLCs had no perceivable effect on student achievement during the school year under study. Our results also indicate that the teachers’ perceptions regarding the quality of their professional development activities were the same, regardless of gender. Of interest is that the PLC experience did generate greater awareness among the teachers regarding student failure in an education system demonstrating no clear accountability. After one year of operation, the schools working as PLCs were still in the initiation phase of this growth process, which may explain the absence of tangible improvements in terms of student achievement at the end of the school year; at this stage, the impact of the new practices developed within the PLC relative to student learning was too early to measure. This observation is supported by other findings on the subject (Huffman & Hipp, 2003; Leclerc, Moreau & Lépine, 2009). Indeed, the effects of the PLC professional development model are most often evidenced after at least two years of operation, when the PLC reaches full institutionalization (Peiying & Wang, 2015).
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/67784 |
Date | 27 January 2024 |
Creators | Moulakdi, Andre |
Contributors | Bouchamma, Yamina |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xviii, 262 pages), application/pdf |
Coverage | Cameroun -- Diamaré., Cameroun -- Diamaré |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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