Les plateformes de co-innovation sont des dispositifs en ligne que les entreprises ont commencé à développer au milieu de la décennie 2000, dans le sillage du Web 2.0, afin d’intégrer les consommateurs au processus d’innovation. Présentées comme de nouveaux espaces ouverts et collaboratifs, entièrement dédiés à la coopération avec les internautes, ces démarches participatives suscitent l’engouement des gestionnaires et des cabinets de conseil spécialisés dans l’innovation. Pourtant, rares sont les études portant sur la co-innovation qui aient consacré une enquête de terrain aux dispositifs mis en place et aux formes de collaborations qu’ils accueillent. La sociologie, en particulier, s’est notablement désintéressée — au profit des sciences de gestion — des initiatives de co-innovation impliquant de grandes entreprises et a fait porter l’essentiel de ses analyses sur des cas d’innovation ascendante, sur le mouvement du logiciel libre ou sur de petites structures de nature entrepreneuriale. Cette thèse, en prenant pour objet six plateformes mises en place par des très grandes entreprises françaises et étasunienne dans les secteurs des télécommunications, du transport de voyageurs et du matériel informatique, vise à combler ce manque.Au-delà de cette ambition qui tente de restituer la légitimité d’un objet de recherche au sein d’un champ disciplinaire, cette thèse tisse une réflexion autour de trois problèmes fondamentaux : pourquoi et comment les entreprises associent-elles les usagers à leur processus d’innovation ? Pourquoi et comment les usagers collaborent-ils, le plus souvent de façon bénévole ? De quelles nouvelles formes de collaboration, voire de relation, entre l’individu et l’entreprise ces dispositifs sociotechniques sont-ils porteurs ?Nous apportons des réponses à ces questions en mobilisant les outils combinés de la théorie du cadre de référence de Flichy, de la théorie des régimes d’engagement développée par Thévenot et poursuivie par Auray, et enfin des concepts standards de l’analyse de réseaux. Sur le plan empirique, cette thèse s’appuie sur une enquête de terrain menée depuis 2010 auprès des acteurs de ces plateformes, au cours de laquelle nous avons adopté une méthode quali-quantitative articulant 44 entretiens semi-directifs auprès des acteurs des plateformes (usagers mais aussi responsables de plateformes, chefs de produits, community managers), observations en ligne et analyse de réseaux des collaborations qui se nouent autour des dispositifs. / Innovation platforms are online disposistifs that companies have started to develop in the middle of the 2000s, in the wake of the Web 2.0, in order to incorporate customers to the innovation process. Presented as new open and collaborative spaces, entirely dedicated to the cooperation with Internet users, these participative processes arouse the enthusiasm of managers and consulting firms specialized in innovation. Yet, there are only few studies dealing with co-innovation that have dedicated a field survey to the dispositifs that have been set up and to the collaborations they host. Sociology, in particular, has had little interest — in favour of management sciences — in co-innovation processes involving big companies, and has focussed the most of its analyzes on cases of bottom-up innovation, free software movement and start-up economy.This thesis, by choosing as field survey six platforms built by very large companies from several business sectors (telecommunications, passenger transport and computer equipment), aims to fill this gap.Beyond this ambition that tries to restore the legitimacy of a research topic within a research area, this thesis weaves a reflection on three fundamental problems : why and how do companies associate users to their innovation process ? Why and how do users collaborate with them, most of the time on a volunteer basis ? What new forms of collaboration, nay of relationships, between the individual and the company this sociotechnical dispositifs do carry ?We provide answers to these questions by mobilizing the combined tools of Flichy’s theory of reference frame, Thevenot’s theory —continued by Auray — of engagement regimes, and finally the standard concepts of social network analysis (SNA). Empirically, this thesis is based on a field survey conducted since 2010 among the actors of these platforms, in which we have adopted a quali-quantitative method hinging 44 semi-structured interviews with platforms actors (users but also platforms managers, product managers, community managers, etc), online observations and online collaborations network analysis.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PESC0055 |
Date | 04 December 2015 |
Creators | Gayoso, Emile |
Contributors | Paris Est, Flichy, Patrice |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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