Contexte : Les effets cumulés des contraintes psychosociales du modèle déséquilibre efforts-reconnaissance (DER) sur la santé mentale sont peu connus. Aussi, peu d’études ont évalué les effets du DER sur des indicateurs objectifs de problèmes de santé mentale (PSM). Enfin, aucune étude prospective antérieure n’a évalué l’effet combiné des contraintes psychosociales du DER et du modèle demande-latitude (DL) et sur les PSM médicalement certifiés. La présente thèse vise à combler ces limites. Objectifs : 1) Mesurer l’effet de l’exposition cumulée au déséquilibre efforts-reconnaissance sur la prévalence de la détresse psychologique sur une période de cinq ans; 2) Mesurer l’effet du déséquilibre efforts-reconnaissance sur l’incidence des absences médicalement certifiées pour PSM sur une période de cinq ans; 3) Évaluer l’effet indépendant et l’effet combiné des contraintes psychosociales des modèles Demande-Latitude et Déséquilibre Efforts-Reconnaissance sur l’incidence des absences médicalement certifiées pour PSM sur une période de cinq ans. Méthodes : La cohorte était constituée de plus de 2000 hommes et femmes occupant des emplois de cols blancs. La collecte des données a été réalisée à trois reprises avec une moyenne de suivi de cinq ans. À chaque temps, les contraintes psychosociales et la détresse psychologique ont été mesurées à l’aide d’instruments validés. Les absences médicalement certifiées pour PSM ont été récoltées à partir des fichiers administratifs des employeurs. Les PSM ont été modélisés à l’aide des régressions log-binomiale et de Cox. Les analyses ont été réalisées séparément chez les hommes et les femmes, en ajustant pour les principaux facteurs de confusion. Résultats : Chez les hommes et les femmes, une exposition chronique au DER sur trois ans était associée à une prévalence plus élevée de la détresse psychologique. Les effets observés à trois ans ont persisté à cinq ans chez les hommes (Rapport de prévalence (RP)=1,91 (1,20–3,04)) et les femmes (RP=2,48 (1,97–3,11)). Ces effets étaient de plus grande amplitude que ceux observés en utilisant l’exposition initiale à l’entrée dans l’étude (de +0,30 à +0,94). Par ailleurs, les hommes et les femmes exposés au DER présentaient un risque plus élevé d’absences médicalement certifiées pour PSM (Risque relatif (RR)=1,38 (1,08–1,76)), comparés aux travailleurs non-exposés. La faible reconnaissance au travail était associée à un risque important d’absences pour PSM chez les hommes (RR=3,04 (1,46–6,33)) mais pas chez les femmes (RR=1,24 (0,90–1,72)). Chez les femmes uniquement, un effet indépendant du « job strain » (RR=1,50 (1,12–2,07)) et du DER (RR=1,34 (0,98–1,84)), ainsi qu’un effet de l’exposition combinée au « job strain » (demande psychologique élevée et faible latitude décisionnelle) et au DER (RR=1,97 (1,40–2,78)) sur le risque d’absences médicalement certifiées pour PSM ont également été observés. Conclusion : Les résultats de cette thèse supportent l’effet délétère de l’exposition au DER sur la prévalence de la détresse psychologique et sur le risque d’absences médicalement certifiées pour PSM chez les hommes et les femmes. Chez les hommes et les femmes, l’exposition cumulée au DER était associée à une prévalence élevée de la détresse psychologique à trois ans et à cinq ans. De plus, les contraintes psychosociales du DER ont été associées aux absences médicalement certifiés pour PSM. Chez les femmes particulièrement, un effet combiné du « job strain » et du DER était associé à un risque plus élevé d’absences médicalement certifiées pour PSM, que l’exposition à un seul des deux facteurs. Ces résultats suggèrent que la réduction des contraintes psychosociales au travail pourrait contribuer à réduire l’incidence des PSM, incluant les absences médicalement certifiées pour PSM. / Context: There is a lack of scientific evidence concerning the cumulative effects of adverse psychosocial work factors from the Efforts-Reward Imbalance (ERI) model on mental health. Also, previous studies mainly used self-reported mental health problems (MHP). There is a lack of studies investigating the effect of cumulative exposure to ERI. Finally, no previous prospective study has evaluated the effect of combined exposure to adverse psychosocial work factors from the Demand-Control (DC) and ERI models. The current dissertation aimed to address this gap in knowledge. Objectives: 1) Evaluate the effect of cumulative exposure to ERI on the prevalence of psychological distress and the persistence of this effect over a 5-year period. 2) Evaluate the effect of ERI on the 5-year incidence of medically certified sickness absence for MHP. 3) Examine the independent and combined effect of adverse work factors from the DC and ERI models on the 5-year incidence of medically certified sickness absence for MHP. Methods: This study was a prospective cohort study. More than 2,000 white-collar workers (63.3% women) from three public organizations were followed over a mean duration of five years. Psychosocial work factors and psychological distress were measured using validated self-administrated questionnaires at baseline, and at 3- and 5-year follow-ups. Medical absences from work were collected from employers’ files. Multivariate analyses were performed using the log-binomial and the Cox regression models. Analyses were performed separately for men and women, while controlling for confounders. Results: Compared to unexposed workers, men and women with repeated exposure to ERI at 3-year follow-up had a higher prevalence of high psychological distress. The deleterious effects observed at 3-year persisted at 5-year follow-up among women (PR=2.48 95% confidence interval (CI) 1.97–3.11) and men (PR=1.91 95% CI 1.20–3.04). These effects were stronger than those found when considering a single baseline measurement (+0.30 to +0.94). Also, men and women exposed to ERI had a higher risk of medically certified sickness absence for MHP, compared to unexposed (Hazards ratio (HR) =1.38, 95% CI 1.08–1.76) workers. Low reward was significantly associated with a high risk of medically certified sickness absence among men (HR=2.80, 95% CI 1.34–5.89) but not in women. (HR=1.24, 95% CI 0.90–1.73). Among women, high strain (1.50 95% CI 1.12–2.07) and ERI (1.34 95% CI 0.98–1.84) were each independently associated with medically certified sickness absence for MHP. Women having a combined exposure to high strain and ERI also had a higher risk of medically certified sickness absence for MHP than unexposed women (1.97 95% CI 1.40–2.78). The results provide no support for either the independent or the combined effect of high strain and ERI among men. Conclusion: The results from this dissertation provide support for the deleterious effect of ERI on the prevalence of psychological distress and the risk of medically certified sickness absence among both men and women. Among women, independent and combined effects of high strain and ERI on the risk of medically certified sickness absence for MHP were also observed. These results suggest that reducing adverse psychosocial work factors can help to reduce MHP, including medically certified sickness absence for mental health problems.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/27031 |
Date | 24 April 2018 |
Creators | Ndjaboue, Ruth |
Contributors | Brisson, Chantal |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xxii, 189 pages), application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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