La thèse s’attache à mettre au jour la manière dont Descartes envisage le rapport de sa philosophie avec le christianisme, en montrant que l’articulation cartésienne de la raison et de la foi trouve son sens dans une séparation non contradictoire qui aboutit à un accord. Descartes apparaît soucieux d’instaurer des principes philosophiques novateurs qui, tout en prenant le contre-pied de ceux d’Aristote promulgués par la scolastique, s’accordent avec le christianisme.La thèse retient deux champs d’investigation pour étudier le sens d’un tel accord et le rapport au christianisme qu’il implique. D’une part, la théorie eucharistique cartésienne : Descartes élabore, à l’aune de ses propres principes physiques, deux explications du sacrement central de la foi chrétienne. Supplantant le modèle scolastique basé sur les principes aristotélico-thomistes, les explications sont destinées à se conformer aux décrets du Magistère (le concile de Trente), tout en protégeant le dogme catholique des attaques protestantes, en lui apportant un gain de rationalité. D’autre part, la morale cartésienne, tenue généralement pour absente du corpus cartésien : la thèse s’emploie à la reconstruire, par le prisme de la Correspondance et des Passions de l’âme. Nommée une « morale du contentement », de par la recherche philosophique de la vie heureuse ici-bas, la morale cartésienne se partage en deux axes : le souverain bien, résidant dans le bon usage du libre arbitre par lequel l’homme porte l’image et la ressemblance de Dieu, et la maîtrise des passions, dont la clef de voûte réside dans la passion-vertu de la générosité. Or, la morale manifeste, à un autre niveau que l’eucharistie, un effort d’articulation avec le christianisme qui se cristallise notamment dans plusieurs points forts, analysés par la thèse : la conception cartésienne de la providence, dans sa dimension générale et particulière, qui engage la soumission libre et joyeuse du sujet, illustrant une expérience proprement religieuse ; l’étendue de l’univers qui révoque l’anthropocentrisme tout en célébrant la gloire de Dieu ; l’immortalité de l’âme, ouvrant vers une autre vie, tout en étant dirigée vers la valorisation de la vie ici-bas ; l’image de Dieu qui rayonne dans le bon usage du libre arbitre, seule source d’une juste estime de soi ; la passion vertu de la générosité qui, incitant à préférer les autres à soi dans un amour d’amitié, peut tenir lieu de transposition philosophique de la charité chrétienne.Ainsi eucharistie et morale traduisent-elles deux grandes significations de l’accord, reflétant deux modalités d’articulation entre la philosophie cartésienne et le christianisme : d’un côté, la recherche d’une conformité au dogme ; de l’autre, la philosophie, se faisant plus ambitieuse, donne une compréhension du christianisme à partir de la manière dont elle interprète, selon ses propres présupposés, certains éléments partagés par la raison et la foi (Dieu et ses attributs, immortalité de l’âme, rapport à l’autre). A ce titre, la thèse entend renouveler les études sur la « pensée religieuse » de Descartes : le grand mérite de la pensée cartésienne est de mettre en oeuvre, sur la base d’une séparation préalable entre raison et foi, un accord qui ne se joue pas dans le même sens, tout en veillant à ne jamais outrepasser son domaine, en n’envisageant ni le salut ni la grâce, laissés à la théologie. / The thesis brings into light the manner in which Descartes considers the relationship between his philosophy and Christianity through showing that the Cartesian articulation of reason and faith finds its meaning in a non-contradictory separation which leads to an agreement. When analysing his work, Descartes appears as a philosopher who looks after to establish new concepts which conciliate with Christianity.The thesis focuses two fields of investigation to study the meaning of such an agreement and the relationship to Christianity that it involves. On one hand, there is the Cartesian Eucharistic theory: Descartes elaborates, in the light of his own physical principles, two explanations of the central sacrament of the Christian faith. The thesis points out the original purpose of the explanations. In brief, they are not only intended to supplant the scholastic model based on the Aristotelian principles but also to conform to the decrees of the Magisterium (the Council of Trent), amid protecting the Catholic dogma from Protestant attacks, bringing it a gain of rationality. On the other hand, there is the Cartesian morality, which is considered traditionally as absent of the Cartesian corpus. The thesis reconstructs the Cartesian moral theory using the Correspondence and Passions of the soul. Described as a "moral of contentment", due to the Philosophical research of “the happy life” here below, the Cartesian moral theory is divided into two axes. The first being the Sovereign Good, which consists in the right use of free will, and the second being the mastery of passions, where the keystone is the passion-virtue of generosity. The Cartesian moral theory manifests an effort to articulate with Christianity, which is illustrated in particular in several strong points which are analysed by the thesis: the Cartesian conception of providence in its general and particular dimension, and how it implies the free and joyful submission of the subject; the extent of the universe, which revokes anthropocentrism while celebrating the glory of God; the topic of the immortality of the soul, which opens up another life while valorising the current life; the image of God, which shines in the right use of free will, only source of the self-esteem; the passion of generosity, which incites one to prefer other people rather than the self in a love of friendship and can be a philosophical transposition of Christian charity.Thus Eucharist and moral translate two great meanings of the agreement, reflecting two modalitiesof articulation between Cartesian philosophy and Christianity. From one side, the search for conformity with dogma. From the other, philosophy, becoming more ambitious over time, gives an understanding of Christianity based on its own interpretation of some elements shared by reason and faith (God and his attributes, immortality of soul, relationship to other). For this reason, the thesis intends to renew the studies on the Descartes' religious thought: the great merit of Cartesian thought is to institute, on the basis of a prior separation between reason and faith, an agreement which has a variable meaning, while taking care not to go beyond his domain, Descartes giving up the salvation and the grace to theology.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSEN006 |
Date | 22 February 2017 |
Creators | Chukurian, Aurélien |
Contributors | Lyon, Université de Genève. Faculté de théologie, Ansaldi, Saverio, Dermange, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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