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Décider de mourir: Perspective diachronique de savoirs médicaux sur les gestes suicidaires

S'enlever la vie a longtemps été considéré comme un geste répréhensible pouvant faire l'objet de sanctions judiciaires, essentiellement si ce geste était commis de façon rationnelle. Sa dépénalisation, puis sa décriminalisation, s'accompagnent d'un changement de prise en charge qui consacre son caractère médical et pathologique. Se situant à la frontière entre symptôme pathologique et geste criminel, les raisons qui poussent les gens à s'enlever la vie font l'objet de vifs débats au 19e siècle, notamment dans le champ médical qui en vient à en formuler une explication consensuelle. Nous avançons que ce qui peut être compris comme un changement paradigmatique dans la compréhension médicale de ce geste, s'enlever la vie, est en fait le résultat d'un fractionnement conceptuel de cet objet. Une fois dépouillé de son caractère rationnel, le suicide émerge comme objet d'étude intrinsèquement pathologique. Toute rationalité associée à ce geste est subséquemment réinvestie dans d'autres objets notamment l'aide médicale à mourir et le suicide assisté. Le suicide et l'aide au suicide apparaissent ainsi comme deux façons, conceptuellement distinctes, de s'enlever la vie. Cette distinction entre ces deux entités comporte toutefois des ambiguïtés et s'articule dans un échafaudage empirique relevant moins de découvertes scientifiques médicales que de réflexions morales ou idéologiques. C'est à expliciter et à décrire les justifications empiriques du champ médical qui conduisent dans un premier temps à la formation d'un consensus sur la nature exclusivement pathologique des suicides et, dans un autre temps, à la reconnaissance de son caractère rationnel, que se consacre cette thèse. Pour ce faire, nous observons les justifications empiriques conduisant à la construction du suicide exclusivement pathologique en nous appuyant sur les articles scientifiques produits par les médecins de la fin du 19e siècle au début du 20e dans la revue l'Union médicale du Canada (UMC). Dans un second temps, nous portons encore notre attention sur la justification empirique des acteurs du champ médical ouvrant la voie à une décriminalisation de l'aide médical à mourir à la lumière des mémoires déposés par les professionnels de la santé dans le cadre de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité (2010-2011).

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/45405
Date07 September 2023
CreatorsDesmarais, Arianne
ContributorsCorriveau, Patrice, Perreault, Isabelle
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

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