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Ensayo sobre el socialismo y la transición a la democracia en Cuba

Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / Cuba est le seul pays de l'hémisphère occidental qui continue d'avoir un régime politique unipartiste de type soviétique, tout en entreprenant des transformations du modèle économique et en s'insérant dans l'économie mondiale. Ces caractéristiques font de ce cas un objet d'études particulièrement intéressant pour les sciences sociales, plus particulièrement pour la science politique. Le principal problème de cette recherche est énoncé par la question suivante: Les conditions actuelles à Cuba permettent-elles le passage à un régime démocratique? Cette recherche comporte deux objectifs fondamentaux: 1. Analyser le niveau actuel du processus de réforme dans le pays, tout en offrant un ensemble de scénarios prévisibles de changements; 2. Exposer les programmes de transition proposés par l'opposition démocratique auxquels participent les forces politiques modérées, libérales, de la démocratie chrétienne, social-démocrates, néo-marxistes, syndicalistes, etc, de même que la situation de ces groupes dans les années plus récentes. Ce texte comprend trois parties: Le premier chapître présente le cadre théorico­conceptuel de la recherche et englobe l'apport essentiel de la «transitologie» aux conceptions de la démocratie et les particularités importantes pour la compréhension du processus de transition d'un gouvernement autoritaire à la démocratie. Dans le deuxième chapitre, nous analysons les contradictions principales de la République néo-coloniale qui menèrent a la Révolution de 1959, puis à la transition au socialisme en 1961, et à l'institutionnalisation du modèle soviétique au cours des années 1970. Le troisième chapitre reflète les aspects essentiels de la crise du socialisme d'État, qui apparaissent dans la seconde moitié des années 1980, les difficultés plus sérieuses auxquelles il fallait faire face dans la transition vers un régime politico-dérnocratique, et des bases prograrnrnatiques de la transition mise en place par l'opposition pacifique modérée. Les conclusions générales de la recherche sont les suivantes: La politique officielle cubaine privilégie la réforme économique contr6lée, tout en refermant les espaces à l'opposition et en maintenant l'unipartisme ainsi qu'une conception «susbstantive» de la démocratie, comme étant la seule permise pour le pays; 2. Les changements du modèle économique commencés durant les années 1990, orientés principalement vers l'ouverture à une économie de marché, et vers la réduction de la planification centralisée - dans le sens large du terme -, peuvent favoriser la modification du régime, mais ne peuvent produire à eux seuls des changements politiques. La transition politique à la démocratie, comme le démontre une bonne partie des études de la transitologie, requiert des facteurs contingents dont entre autres, le rôle des leaders, les stratégies d'actions choisies, la nature des accords conclus entre les forces politiques et par les agissements des acteurs externes; 3. Le post-totalitarisme charismatique vers lequel a évolué la révolution, s'est révélé incapable de construire un régime politico­démocratique en dépit de la mise en place de politiques sociales méritoires, parce que celui-ci n'a pas incorporé une conception plus engagée de la démocratie incluant les droits politiques et les libertés civiques. Pour l'opposition, la transition à la démocratie est un processus incompatible avec l'option gouvernementale de la Période Spéciale d'ouverture au marché, qui a cependant maintenu l'unipartisme; 4. Un aspect important de la politique cubaine dans l'étape post-totalitaire s'explique par la confrontation entre deux projets de changement. Le premier est celui des secteurs «durs» du gouvernement et de l'opposition qui sont en faveur de la subversion violente. Les partisans ce ce projet adoptent une position intransigeante de confrontation et refusent toute négociation avec l'adversaire. Le second projet est celui des forces politiques modérées qui luttent pour arriver au dialogue, à la négociation pacifique et à une transition étroitement liée à la démocratie. La relation entre ces deux projets est caractéristique de la dynamique des changements actuels à Cuba, en même temps qu'elle asseoit les bases des scénarios futurs de la transition; 5. La réforme gouvernementale avec le passage vers l'économie de marché, tout en étant incomplète, place le pays sur la route d'une possible transition politique. Les scénarios futurs de cette transition sont nombreux, peuvent de réaliser à travers des méthodes pacifiques ou violentes, et sont susceptibles de ne pas conduire à la démocratie. Ces scénarios incluent: Scénarios de transitions avec un role prédominant de l'élite: La succession imposée controlée par le secteur dur (le scénario chinois) qui se déroule actuellement; la transition imposée et controlée par le secteur modéré de la coupole (le scénario soviétique); et la transition pactée (le scénario espagnol). Les scénarios de la transition dans un axe des acteurs de masses: La transition par réformes (le scénario tchécoslovaque); 2. La transition révolutionnaire (le scénario roumain); et 3. Sont aussi prévisibles certains scénarios mixtes. La méthodologie de recherche est basée sur l'apport de la «transitologie» développée par des auteurs comme Philippe C. Schmitter, Guillermo ODonnell, Adam Prezeworski, Terry L. Karl, Juan J. Linz et autres. Ce cadre théorico-explicatif analyse la démocratisation comme étant un phénomène complexe, résultant de l'influence primordiale de facteurs subjectivo-contingents, du choix stratégique des acteurs et de configurations particulières locales et historiques. Le point de départ de la transitologie est une interprétation Schumpetérienne de la démocratie, définie comme un ensemble de procédés légitimes et stables, comme une pratique politique au cours de laquelle les citoyens élisent leurs gouvernements par un vote libre et compétitif. En suivant cette orientation, la définition de la democratie utilisée dans cette étude est la suivante: «La démocratie politique moderne est un système de gouvernement dans lequel les gouvernants sont faits responsables de leurs actes dans le domaine public auprès des citoyens, qui eux agissent indirectement à travers la compétition et la coopération de leurs représentants élus» (Schimitter y Karl, 1993, 18). Ce concept se réfère à quatre dimensions de la démocratie: 1. La concurrence, pour des postes et des politiques; la participation à travers les partis et d'autres organisations; la responsabilité (accmmtability) des gouvernants et le contrôle des militaires par le pouvoir civil. La transitologie est associée à une approche néo-évolutionniste qui reconnaît le caractère non linéaire du processus social, la rationalité et la connaissance limitée des acteurs, l'apprentissage des expériences en cours, l'incertitude, la diversité des niveaux d'analyse, la sélection limitée et la semi-causalité. Quelques-uns des auteurs cités plus haut, signalent que leur analyse n'est pas fondée sur «les principes déductifs d'un choix rationel ou d'inertie historique», mais plutôt sur «l'observation inductive d'une gamme limitée d'expériences récentes faites en Europe et en Amérique Latine et sur leur application .. en Europe de l'Est ... légères différences et des options de peu d'importance - dont la pertinence est ignorée par ceux-là mêmes qui en font l'expérience - mais qui peuvent avoir de graves conséquences et orienter un système de directions bien distinctes et durables» (Karl y Schmitter 1991, 284). Cette méthode appliquée à l'étude des transitions menant à la démocratie, représente une alternative aux théories conventionnelles sur la démocratie des décennies antérieures, et témoigne d'une méthodologie plus modeste et dénuée des prétentions globalisantes du changement social. Une seconde orientation méthodologique de l'étude est qu'elle récupère la convergence des aspirations normatives existant entre le néo-pluralisme et le néo­marxisme en termes de préoccupations communes sur les inconvénients pour un gouvernement démocratique contemporain ce qui revient à dire que : « . .la base restreinte de ressources de nombreux groupes empêche une pleine participation; la distribution du pouvoir politique et socio-économique donne des opportunités et des limites pour les options politiques et la participation inégale en politique: le gouvernement n'est pas suffisamment accessible » (Held 1987, 247). Cet élément nous amène à conclure en précisant sur les conditions d'une transition d'un régime socialiste. Nous mettons en avant qu'une proposition démocratique émanant du socialisme -- mais différente du modèle «soviétique», devra : établir un lien entre le politique et le social, sans oublier la pluralité de la société; donner une plus grande crédibilité à la participation des citoyens; admettre le pluralisme; réinterpréter les relations entre l'État, les acteurs politiques, la société civile et veiller au r-espect des libertés individuelles. Un tel projet suppose qu'il va falloir créer des façons nouvelles de fonctionner en politique: il faut contrer les excès étatistes, des partis politiques et corporativistes du populisme, ainsi que le développementalisme et le socialisme bureaucratique. En faisant l'analyse du futur modèle politique de Cuba, cette recherche s'inscrit dans une tradition d'interprétation qui a ses lointaines racines dans le marxisme. Selon cette interpretation, il n'est pas possible de construire une démocratie socialiste tant et si longtemps qu'on n'y incorpore pas les aspirations de libertés civiles et politiques qui ont leur origine dans le libéralisme, et si celle-ci n'est pas accompagnée des réclamations de liberté et d'égalité sociales, propulsées par les courants démocratiques radicaux, et la pensée socialiste universelle. La conclusion centrale de cette recherche est que la démocratisation de la société cubaine implique : l'ouverture à un système pluraliste, l'institutionnalisation de la pluralité politique, la dépersonnalisation des pouvoirs de l'État, la création d'une culture de tolérance et l'ouverture des canaux de négociation et de dialogue avec l'opposition interne, l'exil et les États-Unis. Pour réaliser cette étude, nous avons fait appel à diverses sources de recherces telles que: l'analyse de la bibliographie scientifique, l'étude des articles de la presse spécialisée sur les questions cubaines, des recherches réalisées par les équipes de travail du Centre d'Études sur l'Amérique durant sa première époque avant mars 1996, en plus de nombreuses entrevues réalisées par l'auteur auprès de chercheurs, professeurs universitaires et des dirigeants tant gouvernementaux que de l'opposition à Cuba et en exil.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32749
Date05 1900
CreatorsÁlvarez García, Alberto F.
ContributorsDucatenzeiler, Graciela
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageSpanish
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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