Ce mémoire tente, à l'aide d'un cadre théorique constructiviste, de comprendre les liens qui s'établissent entre la mise en récit des conflits tchétchènes et les discours de politique étrangère dominants sous Boris Eltsine et Vladimir Poutine.
Ainsi, premièrement, grâce à l'analyse de discours de Boris Eltsine et de Vladimir Poutine, un ensemble de points de rupture et de marques de continuité dans leurs mises en récit de la guerre en Tchétchénie a été identifié. Le premier conflit, celui de Boris Eltsine, était clairement représenté comme un conflit séparatiste et local. En revanche, la seconde guerre en Tchétchénie, celle de Poutine, sera principalement construite comme une guerre contre le terrorisme et un conflit global. La mise en récit du second conflit sera toutefois plus ambiguë. Tantôt guerre globale contre le terrorisme, tantôt guerre locale contre le séparatisme, souvent les deux simultanément, sa signification n'est pas clairement fixée. Trois positions du sujet, constantes chez les deux présidents, ont été caractérisées: « le peuple tchétchène » qui se voit opposé « au terroriste », et la « Russie ». Par contre, alors que l'Islam jouait un rôle minime dans le discours eltsinien, sous Poutine ces trois positions de sujets sont
« islamisées ». Le peuple tchétchène pratique alors un islam traditionnel et les terroristes, un islam fondamentaliste. La Russie est construite comme un pays multicivilisationnel, à la fois chrétien et musulman. Deuxièmement, les liens qui se construisent entre ces représentations de la guerre et les discours de politique étrangère ont été caractérisés. D'abord, deux articulations entre ces deux « variables » ont été identifiées dans ce mémoire: (1) une articulation « étatiste » sous Eltsine -articulant la menace tchétchène à celle des pays dits révisionnistes et interventionnistes et (2) une articulation « occidentaliste de façade » sous Poutine -présentant la menace tchétchène comme faisant partie de la menace du terrorisme international, commune à tous les pays du monde civilisé, dont la Russie. Cette seconde articulation est qualifiée comme étant « de façade » car elle maintient, selon nous, certaines marques de l'articulation « étatiste ». Finalement, la dichotomie construite dans le discours sur la Tchétchénie entre « peuple tchétchène pratiquant un Islam traditionnel » et « terroristes tchétchènes détournant les valeurs de l'Islam » permet de présenter la Russie à la fois (1) comme un pays occidental faisant la guerre contre le terrorisme et, (2) comme un pays du monde musulman. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Tchétchénie, Politique étrangère russe, Boris Eltsine (1994-1996), Vladimir Poutine (2000-2003), Constructivisme critique.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1132 |
Date | January 2008 |
Creators | Hervouet-Zeiber, Grégoire |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/1132/ |
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