Cette recherche explore l’articulation entre les « nouvelles gauches » révolutionnaires et les mobilisations argentines pour les droits de l’Homme à partir des années 1970. Mobilisant archives et entretiens, elle se situe entre sociologie politique et histoire des idées politiques pour reconstruire la trajectoire militante d’un collectif informel d’acteurs et en analyser les répertoires discursifs. La première partie met en évidence le rôle pionnier joué par les nouvelles gauches dans l’émergence des droits de l’Homme comme référence du discours militant en Argentine au début des années 1970. On assiste alors à un processus d’hybridation discursive mêlant radicalité politique et recours à un lexique juridique, dans un contexte de dictature. La deuxième partie montre comment, malgré la domination d’une conception libérale des droits de l’Homme, la spécificité de ce discours radical se préserve suite au retour à l’État de droit à partir des années 1980. Il se précise alors via une série de mises à l’épreuve (procès des juntes, incrimination du militantisme révolutionnaire, attaque d’un régiment militaire par un groupe de gauche armée). La troisième partie, enfin, souligne le fait que l’usage actuel de certaines notions (« génocide », « 30 000 disparus ») relatives au récit de la dictature ne peut être compris que s’il est réinscrit dans les trajectoires étudiées au préalable, lesquelles produisent des significations sui generis. Le répertoire discursif contemporain des droits de l’Homme révolutionnaires est en ce sens tributaire d’une longue évolution, qui rend compte de la fondation d’un nouveau sens commun radical démocrate au sein de la gauche argentine. / This research explores the relationship between the Argentinean revolutionary « New Lefts » and human rights mobilizations since the 1970s. Drawing on both archival work and interviews, it combines approaches from political sociology and the history of political ideas to reconstruct the trajectories of political activism of an informal group of actors, and proposes an analysis of their discursive repertoires. The first part shows that the New Lefts were pioneers in the emergence of human rights as a political discourse in Argentina in the early 1970s. This provided the basis for a hybridization process, in which political radicalness and the use of a juridical vocabulary were intertwined in a context of dictatorship. The second part shows how, although a liberal conception of human rights prevailed in the 1980s, this original radical discourse survived after the reestablishment of the rule of law. It developed and became more precise through a series of tests (trial of the juntas, incrimination of revolutionary activism, attack of a military unit by an armed left-wing group). The third part, lastly, underlines the fact that current uses of certain terms for describing and discussing the period of dictatorship (“genocide”, “30 000 disappeared”) can only be understood in line with the previously studied trajectories, which give them a sui generis meaning. In that perspective, the contemporary discursive repertoire of revolutionary human rights is the result of a long evolution and can only be understood in light of that evolution. Moreover, understanding this history sheds fresh light on how a new radical democratic common sense was established among the Argentinean left.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017IEPP0021 |
Date | 22 September 2017 |
Creators | Copello, David |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Delannoi, Gil, Compagnon, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0019 seconds