L’objectif poursuivi dans cette thèse est de rendre compte de l’émergence, dans la réflexion philosophique de l’après-guerre, d’une préoccupation pour les questions de l’affect et de la corporéité. Nous abordons cette orientation affective et sensible de la pensée avec les œuvres des philosophes français Emmanuel Levinas et Jacques Derrida, qui l’ont infléchie dans le sens d’une prise en compte de la fragilité et de la précarité de l’existence. Cela donne lieu à deux pensées incarnées. Le corps est chez Levinas à la fois ce qui pose dans l’être et permet de se vouer à autrui. Chez Derrida, c’est l’écriture qui fait sortir hors de soi, venant espacer et différer l’identité. Le défi sera de montrer que l’écriture relève, elle aussi, du registre de la corporéité. Les deux pensées reconnaissent ainsi au corps une place importante dans l’élaboration d’une nouvelle conceptualité qui se produit aux interstices de la vie et de l’œuvre. On a affaire dans les deux cas à des écritures vivantes, poétiques, métaphoriques, qui affectent le lecteur et ouvrent ainsi des avenues nouvelles pour penser les questions éthiques et politiques. Les deux philosophes engagent de la sorte la métaphysique et l’ontologie dans un mouvement, allant du même vers l’autre, et faisant du sentir et du pâtir le lieu même d’une nouvelle expérience philosophique. Nous en rendons compte en termes d’une orientation matérialiste de la pensée ainsi que d’une notion de subjectivité conçue, à travers le prisme de l’hospitalité, comme ouverture à l’autre.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/31819 |
Date | January 2014 |
Creators | Morar, Mihaela Cristina |
Contributors | Giroux, Dalie |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
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