Le présent mémoire propose d'analyser la thématique de l'ennui dans l'œuvre de Walter Benjamin. Les bouleversements et le choc (Simmel), liés au double processus d'industrialisation et d'urbanisation du XIXe siècle, provoquèrent nombre de malaises qui trouvèrent un fort écho dans les champs littéraire et philosophique. Dans un premier temps, l'objectif poursuivi par notre mémoire est de capter cet écho et de le systématiser pour la pensée sociologique. Il s'agit de démontrer que l'expérience de l'ennui se doit d'être saisie comme symptôme d'une conception du monde (Weltanschauung) particulière, c'est-à-dire d'une structure mentale collective, qui prend comme trame de fond la modernité. Le second objectif établi vise à appréhender l'ennui comme une humeur, c'est-à-dire non-pas comme un mal strictement subjectif ou objectif, mais bien comme un hybride qui demeure toujours dépendant de son contexte social, spatial et temporel. Cet effort de contextualisation de l'ennui, nous avons décidé de l'expliciter et de l'illustrer en nous servant de l'œuvre du philosophe et critique littéraire allemand Walter Benjamin (1892-1940). L'éclectisme et la multidisciplinarité de la pensée benjaminienne, située au carrefour de la littérature, de la philosophie de l'histoire, des études urbaines et de l'architecture, nous offre un terrain idéal pour débusquer l'ennui dans sa plénitude. Pour ce faire, il s'agira de procéder dans un premier temps à une « archéologie » conceptuelle de l'ennui comme une humeur caractéristique de la modernité, porteuse d'un sens - ou de l'absence de sens - qui différerait de toutes les autres afflictions « existentielles » l'ayant précédée. Par la suite, la thématique de l'ennui sera abordée dans son « horizon » dit temporel. Par l'entremise des écrits de Benjamin (entre autres ses écrits sur le drame baroque allemand, sur Baudelaire et sur le Paris du Second Empire), il sera possible de fournir une appréhension spécifiquement moderne du temps historique à laquelle nous pouvons lier l'ennui. Les troisième et quatrième chapitres seront, quant à eux, consacrés respectivement à un horizon spatial, mettant en scène ces lieux typiquement modernes susceptibles de laisser l'ennui se développer, et à un horizon dialectique, visant à donner un corps et une personnalité à l'ennui. Tant le Paris du Second Empire et son architecture « de fer et de verre » que la figure du flâneur seront alors portés à l'examen. Le regard de l'ennuyé, de celui qui fait l'expérience du choc de la modernité, suggérons-nous, serait en mesure d'offrir un regard ambivalent sur le temps historique ainsi que sur l'appréhension de la réalité urbaine en proie à la fragmentation.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : ennui, expérience, flânerie, histoire, image dialectique, mélancolie, modernité, oisiveté, répétition, ville, Walter Benjamin.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4429 |
Date | 01 1900 |
Creators | Lussier, Étienne |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4429/ |
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