Les individus peuvent-ils véritablement verser dans la militance clandestine violente sous l’influence des réseaux numériques? Au cours de la dernière décennie, le cyberespace a en effet été caractérisé par la prolifération des cybercontenus défendant l’engagement clandestin violent comme une avenue d’action légitime. Le mouvement jihadiste et ses acteurs ne constituent à cet égard pas une exception dans l’utilisation des réseaux numériques à des fins de mobilisation militante. C’est à cette forme de militance particulière qu’est consacrée la présente thèse. Notre thèse vise plus spécifiquement à explorer la problématique du rôle des espaces numériques dans les phénomènes d’engagement jihadiste contemporains. Elle a pour ambition de clarifier, tant d’un point de vue théorique que d’un point de vue empirique, les mécanismes complexes qui conduisent certains individus à s’engager dans ces formes radicalisées d’activisme, en interrogeant l’empreinte des environnements numériques dans ces comportements sociologiquement déviants. Mobilisant une architecture théorique inspirée par la théorie de l’action situationnelle (TAS), nous appréhendons l’entrée dans la militance jihadiste dans une perspective processuelle et situationnelle. À partir d’une enquête de terrain réalisée dans trois pays — Canada, Belgique et France —, notre thèse mobilise l’outil biographique ou plutôt le récit de vie, comme un instrument méthodologique permettant d’appréhender les douze trajectoires individuelles observées. Au final, notre thèse conduit à nuancer le rôle des espaces numériques vis-à-vis des trajectoires d’engagement dans le jihadisme. Dans une vaste majorité des cas, l’Internet ne constitue qu’un outil de renforcement des croyances et de construction des justifications morales entourant l’engagement des individus dans l’activisme jihadiste. Dans un nombre de cas plus restreint, le cyberespace joue néanmoins un rôle crucial comme contexte d’exposition initial à l’univers militant. En conclusion, il semble impossible de conclure que l’engagement dans le militantisme clandestin puisse s’opérer par la simple exposition d’un individu à des espaces numériques validant cette avenue d’action. La prise en considération des influences environnementales et du contexte cognitif dans lequel se trouvent les individus apparaît une considération indispensable pour faire sens du poids que les environnements numériques font peser, de manière différenciée, sur les trajectoires d’engagement dans le jihadisme. Mots clés : jihadisme, engagement clandestin, Internet, environnements numériques, radicalisation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/25744 |
Date | 23 April 2018 |
Creators | Ducol, Benjamin |
Contributors | Campana, Aurélie |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xii, 348 pages), application/pdf |
Coverage | Canada, Belgique, France, Occident |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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