La motivation scolaire constitue la ressource première du fonctionnement et du rendement scolaires de l'élève. Or cette motivation n'est pas innée et doit être soutenue par des interventions efficaces des agents de l'environnement, en général, et de l'école, en particulier. Conséquemment, l'enseignant qui est conscient de son impact sur la motivation de ses élèves tentera par divers moyens de maintenir celle des élèves déjà motivés et de susciter celle de ceux qui le sont moins On peut cependant croire que les stratégies motivationnelles qu'il utilisera auront l'impact désiré sur la motivation de l'élève uniquement si celui-ci les juge positives et utiles pour lui. À ce jour, très peu d'études se sont intéressées au jugement des élèves sur les actions posées pour influencer leur profil motivationnel et moins encore ont comparé leurs jugements à ceux de leurs enseignants. L'objectif général du présent essai est de remédier à cette lacune. Les trois objectifs spécifiques de l'étude réalisée étaient les suivants. Le premier visait à examiner si l'utilisation que les enseignants rapportent faire des différentes stratégies motivationnelles varie en fonction de leur nombre d'années d'expérience, du niveau scolaire auquel ils enseignent et de leur genre. Le deuxième objectif visait à examiner, en tenant compte de leur expérience en enseignement, du niveau scolaire auquel ils enseignent et de leur perception de leur capacité à motiver les élèves, s'il existe un lien entre leurs jugements sur l'utilité des stratégies de motivation qu'ils utilisent et les jugements de leurs élèves sur l'utilité de ces mêmes stratégies. Enfin, la visée du troisième objectif était d'examiner si la perception des élèves du soutien reçu de leur enseignant est fonction de leur niveau scolaire, de leur appréciation de l'école et de leur jugement de l'utilité des stratégies de motivation utilisées par leur enseignant, et des variables mesurées chez ces derniers. Ces dernières variables sont le nombre d'années d'expérience, leur perception de leur capacité à motiver leurs élèves, de même que l'utilisation et le jugement d'utilité des stratégies motivationnelles qu'ils rapportent. L'étude a été conduite auprès de 1536 élèves de deuxième, quatrième et sixième année et de leurs 94 enseignants. Le questionnaire des élèves débutait par un questionnaire où ils devaient indiquer leur jugement de l'utilité d'un ensemble de stratégies que peut utiliser l'enseignant pour soutenir leur motivation. Dans la partie suivante, les élèves étaient questionnés sur leur profil motivationnel. Pour les fins de cet essai, seule leur perception du soutien reçu de leur enseignant sera retenue de cette section. Enfin, un énoncé leur demandait d'indiquer leur appréciation de l'école (l'aime ou ne l'aime pas). La première partie du questionnaire des enseignants comprenait des informations personnelles comme leur genre, le niveau auquel ils enseignaient et la durée de leur expérience en enseignement. La seconde partie reprenait les stratégies de motivation soumises au jugement des élèves. Les enseignants devaient d'abord pour chacune indiquer s'ils l'utilisaient, puis indiquer leur jugement de son utilité pour chacun de deux types d'élèves, ceux qui aiment, et ceux qui n'aiment pas l'école. Dans les deux dernières questions, ils devaient indiquer, au-delà des stratégies spécifiques sur lesquelles ils avaient porté un jugement, à quel point ils se sentaient capables de motiver leurs élèves qui aiment l'école et ceux qui ne l'aiment pas. Des analyses descriptives préliminaires indiquent une tendance à la baisse de la motivation des élèves et de leur perception du soutien reçu de leur enseignant à mesure qu'ils vieillissent. Cette tendance paraît coïncider avec celle des enseignants oeuvrant dans les classes des plus vieux qui ont mentionné se sentir moins capables de motiver leurs élèves qui n'aiment pas l'école que leurs collègues oeuvrant avec de plus jeunes élèves. En lien avec le premier objectif, les résultats indiquent que l'utilisation de l'ensemble des stratégies n'est pas liée au niveau auquel oeuvre l'enseignant et, sauf deux exceptions, ne l'est pas non plus avec la durée de leur expérience en enseignement. On a aussi observé que le lien entre les jugements de l'enseignant sur l'utilité des stratégies et sa perception de sa capacité à motiver ses élèves diffèrent selon qu'il répond pour les élèves qui aiment ou pour ceux qui n'aiment pas l'école. En effet, la perception de l'enseignant de sa capacité à motiver ses élèves qui aiment l'école n'est pas liée à son jugement de l'utilité des stratégies motivationnelles pour ces mêmes élèves. Par contre, lorsque ce jugement d'utilité porte sur ceux qui n'aiment pas l'école, plus l'enseignant se sent compétent pour motiver ces élèves, plus il reconnaît l'utilité d'une diversité de stratégies pour y parvenir. Des analyses pour examiner le second objectif ont comparé les jugements de l'utilité des stratégies par l'enseignant à ceux de ses élèves. Il appert qu'il y a peu, sinon pas de lien entre les jugements des adultes et des élèves, et ce, peu importe qu'il s'agisse d'élèves qui aiment ou non l'école. Enfin, concernant le troisième objectif portant sur la perception des élèves du soutien de leur enseignant, ceux qui n'aiment pas l'école rapportent une perception nettement plus faible que celle rapportée par ceux qui aiment l'école. Par contre, le pourcentage de la variance expliquée dans ce soutien est plus du double chez les premiers que chez les seconds. Cette différence vient en grande partie du lien entre le soutien perçu et leur jugement d'utilité des stratégies. Comparés à ceux qui disent aimer l'école, chez ceux qui disent ne pas l'aimer, une plus grande diversité de stratégies est liée au soutien qu'ils perçoivent chez leur enseignant.En conclusion, à mesure qu'ils progressent d'un niveau scolaire à l'autre, de plus en plus d'élèves rapportent ne pas aimer l'école. Ce mouvement s'accompagne d'un mouvement semblable chez les enseignants où ceux oeuvrant avec des élèves plus âgés sont plus nombreux à se juger incapables de motiver de tels élèves. Cependant, les nombreux liens observés entre les jugements de ces mêmes élèves sur l'utilité des stratégies que peuvent utiliser leurs enseignants et leur perception du soutien reçu de ce dernier suggèrent clairement que ces élèves seraient plutôt réceptifs aux interventions de leurs enseignants pour les aider. L'ensemble des résultats de cet essai confirme ainsi l'importance de questionner directement les éléves sur leur vécu scolaire, entre autres pour mieux comprendre les facteurs en jeu dans leur motivation et pouvoir agir efficacement sur celle-ci. Comme le proposent les tenants de la théorie sociocognitive (i.e. Bandura, 1986; Bobbit Nolen et Nicholls, 1993), les élèves sont des agents actifs dans l'interprétation qu'ils donnent aux actions posées sur eux et aux événements dans lesquels ils sont impliqués. Ils ne se contentent pas de simplement refléter le jugement d'autrui, même s'il s'agit d'une figure d'autorité. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Appréciation de l'école, Jugement de l'efficacité des stratégies de motivation, Motivation scolaire, Perception des élèves du soutien de l'enseignant.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3339 |
Date | January 2010 |
Creators | McIntyre, Mélina |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse acceptée, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/3339/ |
Page generated in 0.003 seconds