Concept-clé de la critique littéraire anglo-saxonne depuis plus d’une cinquantaine d’années, le modernism demeure méconnu en France, du fait de sa proximité avec des concepts voisins, telles la modernité et l’avant-garde, qu’il ne recoupe qu’imparfaitement. S’il peut concerner toutes les tentatives expérimentales dans les différents genres littéraires, c’est le roman qui se trouve au cœur de cette étude, laquelle met en perspective des textes de James Joyce, André Gide, Ramón Gómez de la Serna et Virginia Woolf, souvent victimes d’une forme de binarisme critique. Ils ont en effet longtemps été analysés comme des romans encore mimétiques, plus réalistes que les romans réalistes cependant, ou, plus fréquemment, comme des symboles de l’œuvre autoréférentielle définie par les dogmes new criticists et structuralistes. La présente étude cherche à emprunter une troisième voie, par le biais, notamment, de la théorie littéraire des mondes possibles, davantage susceptible de rendre compte du projet moderniste qui ne vise plus en effet à représenter le réel, mais à créer la vie. L’acception traditionnelle du modernisme en tant qu’ensemble de mouvements est ainsi confrontée à une perspective nouvelle qui permet de l’analyser comme une éthique et une pratique particulière de la fiction. Les romans expérimentaux du début du XXe siècle construisent en effet des univers fictionnels ambigus, informés à la fois par la tradition et par une exigence inédite de modernité, le texte moderniste refusant la table-rase avant-gardiste pour mieux se construire en mémoire vivante de la littérature. C’est ainsi une cartographie critique que la présente étude se propose d’établir, afin de permettre au lecteur l’accès à cette terra incognita du comparatisme hexagonal. / Although it has been a key concept of literary criticism in the English-speaking world for more than a half-century, modernism remains a relatively misunderstood notion in France, owing to its proximity to somewhat close concepts such as modernity and avant-garde, which it only partially overlaps. The concept is relevant to experimentation in all literary genres, but this study focuses on the novel, with texts by James Joyce, André Gide, Ramón Gómez de la Serna and Virginia Woolf. Those have often been mischaracterized by literary critics as either mimetic novels — though more realistic than realist novels — or more frequently as emblematic of the self-referential text, as defined by the dogmas of new criticism and structuralism. This study seeks an alternative to those two limited analytical options, particularly by using possible worlds theory, which is more susceptible of accounting for the modernist project of creating life rather than representing the real. The traditional definition of modernism as an ensemble of movements is therefore confronted to a new perspective which allows for its analysis as a particular ethics and praxis of fiction: the fictional worlds built by experimental novels of the early twentieth century are ambiguous, caught between tradition and modernity, since modernist texts, in becoming the living memory of literature, refuse to erase the past completely. This study thus proposes to establish a critical cartography, one that will allow the reader to access a terra incognita of French comparative studies.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014DIJOL027 |
Date | 21 November 2014 |
Creators | Piégay, Victor-Arthur |
Contributors | Dijon, Zaragoza, Georges |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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