La relation entre artiste et public en musique classique est traditionnellement définie par unparadigme où le professionnel de l’art est le constructeur exclusif du sens des œuvres artistiques, et où le public reconnaît une supériorité artistique ou scientifique dans lesens transmis par le professionnel de l’art. Or, on observe dans divers domaines un changement paradigmatique oùles consommateurs revendiquentune participation accrue à la construction du sensdes produits qu’ils reçoivent. Une pratique répandue chez les pianistes classiques, celle du récital commenté, s’accorde mal à ce changement paradigmatique, car la fonction de construction de sens repose essentiellement sur l’artiste. Dans une démarche de recherche-création, et afin d’explorer les impacts d’un élargissement de la fonction de construction de sens à une coopération artiste–public dansun récital commenté, nous avons élaboré un récital commenté interactif (RCI) où le public sélectionnait le matériau textuel et musical en direct au moyen d’une application numérique. Les auditeurs devaient construire un sens cohérent à partir d’un ensemble épars d’éléments culturels,qui gravitaient autour de la figure du compositeur Léo Roy (1887–1974). Ils retraçaient ensuite, dans un sondage,le récit qu’ils avaient perçu lors du RCI. En tant qu’artiste, nousavons personnellement présenté trois RCI, à la suite desquels les auditeurs ont rempli un sondage visant à évaluer leur expérience de concert ainsi que la construction de sens qu’ils avaient opéréeau cours de l’événement.Les auditeurs étaient généralement enthousiastes à l’idée d’occuper une fonction de construction de sens plus active, bien que ceci diffère d’un individu à l’autre et se décline en une variété d’attitudes face à la coopération artiste–public. La difficulté accrue résultant d’une telle réception demande des stratégies d’adaptation conséquentes de la part de l’artiste. Notre analyse montre que celui-ci peut moduler cinq paramètres pour adapter un RCIaux habiletés depublics variésdans le but d’offrir une expérience optimale aux auditeurs: la distance conceptuelle entre les modulesdu matériau culturel, l’ajout ou le retrait de données chronologiques, la consistance de l’introduction, la présentation des liens entre les moduleset la présentation des pièces musicales. Nous avançons que cette dynamique de réception confère une pertinence accrue à une pratique des pianistes classiques en l’adaptant à un paradigme de consommation contemporain. / The relation between artist and audience in classical music is traditionally defined by a paradigm in whichthe arts professional is the exclusive maker of the art work’s meaning, and where the audience recognizes an artistic or scientific authority in the meaning he receives from the arts professional.This is contrary to a paradigmatic shift that has been observed in various areas, and where consumers claim an increased control over the meaning-making of the products they consume. This leads to the realization that a favoured practice of classical pianist, the lecture-recital, is ill suited to this paradigmatic shift, since meaning-making in a lecture-recital is the sole responsibility of the artist.Using a research-creation approach, we devised in Interactive Lecture-Recital (ILR) in which the audience was responsible for selecting textual andmusical material by emitting live votes through a digital interface.Listeners therefore had to make a coherent meaning from scattered cultural elements, all of which revolved around Québécois composer Léo Roy (1887–1974).After eachof thethree ILR’s that I presented, audience members completed a survey aiming to assess their concert experience and their meaning-making at the ILR.Audience members generally welcomed enthusiastically the opportunity to play a more active meaning-making role, although individuals presented a variety of attitudes pertaining to artist–audience cooperation.This type of reception brings an increased difficulty for the spectator. This prompts an artist to use adaptation strategies, in order to enhance spectators’reception.An analysis of survey data shows five parameters that an artist can vary in order to adapt an ILR to various publics, with the goal of providing an optimal experience to audience members: conceptual distance between modulesof cultural material, addition or deletion of chronological data, completeness of the introduction, presentation of links between modules, and presentation of musical pieces. We argue that this kind of reception brings a new relevance to classical pianism, by adapting it to a contemporaryconsumption paradigm.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:https://corpus.ulaval.ca:20.500.11794/40129 |
Date | 29 September 2020 |
Creators | Francoeur, Mikaël |
Contributors | Stévance, Sophie |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xi, 244 pages), application/pdf, application/zip, text/plain |
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