La focalisation prosodique désigne le soulignement d’un constituant dans un énoncé au moyen de différentes ressources prosodiques, en particulier l’accentuation et l’intonation. Plusieurs fonctions sont attribuées à la focalisation : le marquage des différentes catégories de focus, ainsi que des fonctions emphatiques (ici appelées insistance et expressivité). Cette thèse a pour principal but de savoir si la focalisation et ses fonctions présentent des propriétés spécifiques dans le phonogenre de la parole interprétée, c’est-à-dire l’oralisation d’un texte écrit mémorisé au préalable par le locuteur (généralement un comédien). Cette question présente un intérêt pour la linguistique et la phonétique à plusieurs titres. Tout d’abord, les différences de réalisation prosodique entre les fonctions de la focalisation sont encore mal connues. Par ailleurs, peu d’études ont été consacrées aux caractéristiques prosodiques de la parole interprétée. Enfin, notre thèse présente un apport sur le plan méthodologique à travers le protocole relativement novateur de ses deux expériences. Dans une expérience de production, des locuteurs ont reproduit des conversations spontanées en parole lue et en parole interprétée. Un groupe d’experts en prosodie a ensuite relevé les occurrences de focalisation dans le corpus et a effectué une classification fonctionnelle de ces occurrences. Nous avons également mené une expérience de perception afin de comparer la réalisation des fonctions de la focalisation indépendamment du phonogenre. Malgré un taux d’accord entre experts relativement faible (ce qui soulève plusieurs questions méthodologiques et théoriques), nos analyses révèlent plusieurs résultats originaux. La fréquence d’occurrence de la focalisation est la plus élevée en parole interprétée, suivie de la parole lue. Ce résultat confirme notre prédiction et suggère que la parole interprétée est un phonogenre favorable à l’étude de la focalisation. Une forte relation est observée entre la fonction d’insistance et le trait d’accentuation initiale, ce qui confirme de nombreuses études précédentes. Le phonogenre se révèle en revanche avoir très peu d’influence sur la réalisation de la focalisation et de ses fonctions. Ce résultat est dû selon nous à un manque de données et au fait que certains traits prosodiques n’ont pas été pris en compte dans l’analyse. / Prosodic highlighting refers to the distinction of a constituent through various prosodic means, especially accentuation and intonation. It is taken to fulfill several functions: marking the different types of focus, as well as emphatic functions (named here “insisting” and “expressiveness”). The main goal of this thesis is to determine whether prosodic highlighting and its functions display specific features in interpreted speech, a speaking style that can be defined as the oralization of a written text previously memorized by the speaker (typically an actor). This question is relevant for linguistics and phonetics on several counts. First, little is still known about prosodic differences between functions of prosodic highlighting. Moreover, few studies have analyzed the prosodic characteristics of interpreted speech. Finally, through their innovative protocols, the two experiments described in this thesis present a methodological contribution. A production experiment consisted in having speakers replicate spontaneous conversations in read and interpreted speech. A group of experts then annotated the occurrences of prosodic highlighting in the corpus, and assigned a function to each occurrence. A perception experiment was also led in order to compare the realization of each function independently of speaking style. Despite a relatively low agreement rate between experts (which raises several methodological and theoretical questions), our analyses reveal several important results. The frequency of occurrence of prosodic highlighting is highest in interpreted speech, followed by read speech. This confirms our prediction and suggests that interpreted speech is more suited to the study of prosodic highlighting than other speaking styles. A strong association is observed between insisting and initial secondary accent, which confirms many previous studies. However, there is almost no influence of speaking style on the realization of prosodic highlighting and its functions. We attribute this result to a lack of data and to the fact that some prosodic features were not taken into account in the analysis.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018USPCC005 |
Date | 23 February 2018 |
Creators | Godement-Berline, Rémi |
Contributors | Sorbonne Paris Cité, Martin, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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