Les figures féminines dans l’oeuvre fictionnelle de Jean-Paul Sartre nous semblent se situer au croisement de toutes les ambivalences sartriennes, et pouvoir éclairer ses prises de position dans le contexte socio-historique. Ses figures féminines lui permettent fréquemment de condamner l’inauthenticité des marginaux, en illustrant les formes de l’aliénation ‘féminine’, dont les constituants représentatifs sont 'se séquestrer', 'se faire l’objet du regard', et 'jouer la comédie maniérée'. Mais ce mode d’exister de la ‘féminité’ est mobilisé moins pour la différence sexuelle que pour la hiérarchie sociale. En dépit de la transgression provocatrice de la limite entre les deux sexes, l’idée liée à la féminité et à la masculinité demeure intacte : il s’agirait d’une stratégie, d'une collusion avec ses lecteurs. Néanmoins, sur un plan symbolique, des expressions métaphoriques liées au ‘visqueux’ unissent le féminin à la nature proliférante, rejoignant ainsi le dualisme traditionnel. Face à ce ‘féminin’ qui offre l’occasion de se confronter à l’altérité, l’horreur et la fascination sont toujours liées : la tentation de fuir l'altérité cache d’autre part le rêve d’une symbiose avec elle. Cette symbiose prend la forme de la ‘fraternité incestueuse’ ; face à son échec, naît une intense exigence portée aux femmes, comme celle à l’égard de la mère ; enfin, l’auteur en vient à édifier la femme en tant que 'ni l’un ni l’autre'. Face à l’Autre-femme, l’homme sartrien fuit, mais se refuse à l'exclure tout à fait de son chemin : ce glissement incessant caractérise la représentation des figures féminines sartriennes. / The female figures in Jean-Paul Sartre’s fictional work can be seen as standing at a crossroads where all the forms of ambivalence in his work intersect, and thus illuminate his viewpoints in the context of social history. Sartre often uses his female figures to condemn the inauthenticity of marginal persons by showing the forms of ‘feminine’ alienation, represented by such expressions as ‘be sequestered,’ ‘become the object of the gaze’ and ‘play affected comedy.’ However, this mode of existence of femininity is summoned for social hierarchy rather than sexual difference. In spite of the provocative transgression of the border between the two sexes, the idea related to femininity and masculinity remains intact: it seems to be a strategy in collusion with his readers. Nevertheless, at a symbolic level, the metaphorical expressions related to ‘viscosity’ link the feminine to proliferating nature, thus connecting with traditional dualism. In front of the ‘feminine’ that offers an opportunity to confront otherness, fear and fascination always intertwine: in the desire to escape otherness is hidden a dream of symbiosis with it. This symbiosis takes the form of ‘incestuous fraternity’; its failure gives birth to an intense craving for women - like that for a mother. In the end, for the author, the woman becomes ‘neither one nor the other.’ Faced with ‘the Other-woman,’ the Sartrian man runs away, but also refuse to completely rule her out of his life: this constant shift is characteristic of the representation of female figures in Sartre’s work.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA030143 |
Date | 01 December 2010 |
Creators | Oh, Eun Ha |
Contributors | Paris 3, Guérin, Jeanyves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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