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Identité de genre et resubjectivation dans Mai au bal des prédateurs (2010) de Marie-Claire Blais et Mes mauvaises pensées (2005) de Nina Bouraoui

Le présent mémoire de maîtrise porte sur Mai au bal des prédateurs (2010) de Marie-Claire Blais et sur Mes mauvaises pensées (2005) de Nina Bouraoui. Il s’intéresse tout particulièrement à la façon dont s’articulent identité de genre et désir chez certains personnages qui ne cadrent pas avec le système hétéronormatif en raison de la dislocation entre leur sexe anatomique, leur genre et leur désir, de même qu’à la façon dont ils refont leur subjectivité grâce à certaines communautés. Ce mémoire se déploie en deux chapitres comprenant chacun trois parties.
Dans le premier chapitre, la première partie fait ressortir l’heureuse non-concordance entre le sexe anatomique et l’identité de genre des personnages queer qui donnent des spectacles de drag queen au Saloon Porte du Baiser. Elle analyse, à l’aide des notions de performativité et de queerness, la manière dont certains d’entre eux incarnent l’indécidabilité par leurs performances sur scène, leurs relations avec les autres, leur habillement et leur attitude générale. Elle met aussi en évidence la lecture qu’ils font d’eux-mêmes et des autres sur le plan du genre et du désir.
La deuxième partie du premier chapitre se penche sur le fonctionnement du désir et de l’identité de genre de l’auteure-narratrice de Mes mauvaises pensées. Elle s’intéresse d’abord et avant tout, au moyen du concept d’identification, à la façon dont l’auteure-narratrice représente ses relations avec ses parents, avec les hommes en général, avec Johan, un être à l’identité de genre ambivalente qui la fascine, avec sa dernière amoureuse et avec sa première amoureuse fantasmée.
Le premier chapitre de ce travail de recherche se clôt par une synthèse comparative des deux textes à l’étude, à propos de la façon dont les personnages vivent leur identité de genre et leur désir en lien avec la notion d’intelligibilité. Il en ressort que l’indécidabilité est en quelque sorte revendiquée comme mode de vie chez les danseurs-danseuses, qui acceptent bien identité de genre floue et désir fluide, alors que l’auteure-narratrice de Mes mauvaises pensées, ayant longtemps souffert de son incapacité à se définir clairement, a besoin de se positionner en raison de son grand désir d’intelligibilité.
Quant au second chapitre, la première partie traite de la resubjectivation de l’auteure-narratrice de Mes mauvaises pensées. Elle met en lumière son rapport à soi et son rapport à l’autre durant ce processus de resignification positive de soi qu’ont décrit Butler et Eribon. À la lumière des théories de Nancy et d’Esposito de même que des propositions de Spreafico sur le concept de communauté, cette partie s’intéresse à cinq communautés avec lesquelles l’auteure-narratrice entre en contact de différentes façons : la communauté des femmes de Provincetown, la communauté de lecture et d’écriture qu’elle se crée, la communauté de ses amis au lycée d’Alger, la communauté constituée lors d’une démonstration de rap et la communauté formée de l’auteure-narratrice et de son amoureuse, l’Amie.
Reprenant les idées d’Eribon sur la subjectivité gaie et celles de Butler sur le désir, la reconnaissance réciproque et le regard de l’autre, la deuxième partie du second chapitre se concentre sur la façon dont s’influencent la resubjectivation (ou la non-resubjectivation) de certains personnages de Mai au bal des prédateurs et la communauté. Elle montre d’abord que le personnage de Petites Cendres ne refait pas son je en raison notamment de sa demi-inclusion au sein de la communauté des danseurs-danseuses, de l’inassouvissement de son désir de reconnaissance et de l’imminence de sa mort. Le présent mémoire distingue trois communautés dans le roman de Blais, dont il tente de décrire le fonctionnement : la communauté des danseurs-danseuses qui se donnent en spectacle sur scène, la communauté des danseurs-danseuses et de tous-tes leurs client-e-s sans exception et, enfin, la communauté des danseurs-danseuses et de leurs admirateurs, c’est-à-dire leurs client-e-s qui s’identifient à elles-eux et sont en accord avec la philosophie du cabaret le Saloon Porte du Baiser.
Le second chapitre se termine par une synthèse comparative permettant de contraster les différentes façons dont se vit le rapport à l’autre et à soi chez certains personnages des deux textes analysés, personnages qui se révèlent en train de procéder à leur resubjectivation par le contact avec soi et avec l’autre que rend possible la communauté.
Le présent mémoire cherche à montrer que les personnages non hétérosexuels des textes de Blais et de Bouraoui sont appelés à repenser et à réinventer les liens entre sexe, genre et désir en dehors de la catégorisation binaire, complémentaire et unidirectionnelle sur laquelle prend appui le système hétéronormatif, et que répondre à cet appel implique une resubjectivation. Si celle-ci n’advient pas toujours, elle ne peut cependant s’effectuer sans la possibilité et l’acceptation de faire partie d’une communauté dont les membres reconnaissent l’existence pleine et entière de chacun.

Identiferoai:union.ndltd.org:Quebec/oai:constellation.uqac.ca:3008
Date12 1900
CreatorsGirard, Guillaume
Source SetsUniversité du Québec à Chicoutimi
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://constellation.uqac.ca/3008/

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