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Fabriquer la ville avec les lotissements : une qualification possible de la production ordinaire des espaces urbains contemporains ? / Build the city with residential allotments : What quality for ordinary urban spaces production?

Cette thèse analyse les modalités contemporaines de production des lotissements résidentiels en France ainsi que la qualité morphologique des espaces urbains produits dans ce cadre opérationnel. Elle interroge le paradoxe entre la critique presque unanime dont font l’objet les lotissements d’une part et l’observation d’opérations de lotissement exemplaires d’autre part. Elle explore les conditions selon lesquelles ce mode opératoire est en capacité de fabriquer des espaces urbains de qualité au niveau de leur forme physique. Les lotissements sont appréhendés selon une double entrée : en tant qu’espaces matériels, c’est la qualité de leur tissu qui est étudiée ; en tant que processus d’action, c’est le fonctionnement des systèmes d’action collective qui les composent qui est analysé. D’un point de vue théorique, le travail mobilise les outils de la sociologie des organisations en croisant les apports de l’analyse stratégique avec ceux de l’économie des ordres de grandeur. L’appréhension de la matérialité des lotissements s’appuie sur l’approche par trames développée autour de la notion de tissu urbain par l’école française de morphologie urbaine. La thèse repose sur l’analyse qualitative et comparative de quatre opérations-études de cas situées dans l’agglomération lyonnaise. Elle montre tout d’abord qu’il n’y a pas de fatalité morphologique. L’analyse du tissu des quatre lotissements prouve ainsi que ce mode opératoire n’est pas condamné à fabriquer des espaces urbains médiocres. Cette démonstration est issue d’un travail préalable de conceptualisation de la notion de qualité morphologique, envisagée comme une convention sociale. L’analyse de l’évolution du droit de lotir, dans le cadre plus global des changements réglementaires en matière d’urbanisme et d’aménagement en France, montre ensuite que l’injonction réglementaire au développement urbain durable impacte au moins indirectement le lotissement dans le sens de sa qualification. Les changements législatifs récents ont en effet conduit à l’instauration d’un contexte d’action qui pousse les maîtres d’ouvrage à une plus grande réflexion en termes de localisation des opérations, et sans doute aussi à une plus grande densité bâtie. Seulement le droit n’explique pas tout. Les arbitrages en matière de morphologie s’opèrent ainsi à trois moments clés : lors de la définition du droit des sols, au moment de la délivrance des autorisations d’urbanisme et lors de la conception et de la programmation des opérations. L’analyse révèle alors que l’acteur communal possède potentiellement une grande force de régulation de la forme urbaine. La planification locale a ainsi un impact significatif sur le tissu des opérations, même si l’expérience montre que c’est le plus souvent dans un sens négatif. Dans l’interaction avec les acteurs privés, que ce soient les lotisseurs et leurs concepteurs ou les habitants-maîtres d’ouvrage et leur constructeur, la commune dispose de multiples ressources pour influencer les projets dans le sens de leur qualification. La thèse montre à ce propos le rôle central des institutions partenaires dans ce rapport de pouvoir, notamment pour les plus petites communes. À ces différents moments, l’aptitude qualifiante de la régulation publique dépend d’une variable essentielle : l’engagement politique des acteurs. La qualité des lotissements est enfin conditionnée par un deuxième élément : la responsabilité morphologique dont se sentent ou non investis les lotisseurs. Ces derniers conservent en effet une certaine marge de manœuvre en matière morphologique. Leur comportement en termes de conception est donc lui aussi déterminant pour la qualité du tissu des lotissements. / This thesis analyses the contemporary modalities of the production of residential allotments (lotissements) in France, as well as the morphological quality of urban spaces produced in this operational framework. It questions the paradox between the almost unanimous criticism directed at these residential developments, on the one hand, and the observation of exemplary developmentoperations on the other hand. It explores the conditions under which this modus operandi can produce urban spaces with morphological qualities. The residential allotments are considered from a dual perspective: as a material space, by studying the quality of the urban fabric; and as a process, by analysing the functioning of the collective action systems composing it.From a theoretical perspective, this work makes use organisational sociology tools (sociologie des organisations) by crossing of the Strategic Analysis inputs (Crozier and Friedberg) with those of the Economies of Worth (Boltanski and Thévenot). The understanding of the development’s materiality draws on the “frames” approach (approche par trames) developed around the notion of urban fabric by the French school of urban morphology. The thesis relies on qualitative and comparative analysis of four case studies located in urban agglomeration of Lyon.Firstly, it shows that there is no morphological fatality. The fabric analysis of these four projects proves that this modus operandi is not doomed to produce mediocre urban spaces. This demonstration draws on a prior conceptualisation of the notion of morphological quality, considered as a social convention.The analysis of subdivision laws (droit de lotir), in the broader context of regulatory changes in the field of urbanism and town planning in France, then shows that the impact of sustainable development regulations is, at least indirectly, to increase the quality of the residential allotment. Legal changes have indeed created a context that encourages a stronger reflection on development location by the project manager (maître d’ouvrage) and probably also a greater building density.Nevertheless, laws cannot provide a full explanation. The decisions regarding morphology are made at three key moments: when the planning laws (droit des sols) are defined, when the planning approvals (autorisations d’urbanisme) are delivered and when developments are designed and programmed. The analysis so reveals that the municipal stakeholder potentially holds an important power over the regulation of the urban form. Local planning therefore has a significant impact on the developments’ fabric, although experience shows that this impact is most often negative. In the interaction with private stakeholders, whether they are the developers (lotisseurs) and their designers (concepteurs), or the inhabitants-project managers (habitants-maître d’ouvrage) and their builder (constructeurs), the municipality has many resources at his disposal to influence the projects quality. In this respect, this thesis highlights the central role that partner institutions play in this power relation, particularly for smaller municipalities. At these different moments, the aptitude of public regulation for improving quality depends on one essential variable: the political commitment of the stakeholders. Finally, the quality of the residential allotments also depends on a further element; whether or not the developers have a sense of morphological responsibility. Developers indeed maintain a room for manoeuver regarding morphology. Their behaviour at the conception level is consequently also decisive for the quality of the developments’ fabric.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017LYSE2026
Date03 May 2017
CreatorsHerrmann, Lou
ContributorsLyon, Université de Lausanne, Boino, Paul, Da Cunha, Antonio
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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