Return to search

POLITIQUES MIGRATOIRES ET DEVELOPPEMENT : OPTIMISER LES EFFETS DE L'EMIGRATION

La mondialisation des flux migratoires oblige les Etats à prendre en compte les implications des migrations dans leurs stratégies de développement. Ceci les amène à imaginer des politiques de gestion de ces flux en accord avec leurs objectifs de politique économique. Le corolaire à une immigration sélective peut être une émigration en inadéquation avec les stratégies de développement des pays d'origine. Or, la politique migratoire doit également s'accorder avec les objectifs de la politique d'aide au développement. Nous analysons dans cette thèse ce besoin de cohérence et ses implications politiques. Pour cela, nous rappelons dans une première partie ce qu'est une politique migratoire et examinons les moyens de l'évaluer, puis nous analysons ensuite les effets des migrations dans les pays en développement. La partie consacrée aux politiques migratoires amène à constater le besoin d'évaluation de leur efficacité mais aussi le manque d'outils adéquats pour le faire. Nous proposons ainsi un indicateur d'ouverture des politiques à l'immigration venant des pays en développement construit à partir de la méthode dite " des résidus ". Nous procédons également à une évaluation de l'efficacité des politiques à maîtriser les flux légaux et clandestins grâce à un indicateur que nous élaborons à partir de l'évolution de la législation du pays hôte. Notre étude basée sur le cas Mexique/Etats-Unis montre qu'une politique d'admission légale trop restrictive produit de l'immigration clandestine que la répression peine à combattre de façon efficace. Alors que la revue de la littérature sur les effets des migrations dans les pays en développement ne parvient pas à dégager un consensus clair sur la majorité de ces effets, les analyses effectuées dans la seconde partie soutiennent l'idée que l'émigration qualifiée reste néfaste pour les pays d'origine. Dans une première étude, nous testons l'impact de l'émigration sur le niveau d'éducation en prenant en compte l'incitation à la scolarisation que peut produire une hausse de la probabilité d'émigrer, et la propension des migrants à revenir en ayant acquis un surplus de connaissances à l'étranger. L'étude est effectuée à partir de la simulation d'un modèle théorique, puis par une analyse économétrique. Les résultats infirment la pertinence d'un effet d'incitation. Une seconde étude teste l'impact de l'émigration sur la pauvreté au Cameroun via les effets sur la productivité et les transferts à partir de la simulation d'un modèle d'équilibre général calculable dont les résultats sont introduits dans une analyse microéconomique. Il apparaît que l'émigration telle qu'elle se présente aujourd'hui accroît la pauvreté à court terme. A partir de ce qui précède, nous concluons sur la nécessité de mettre en place un cadre institutionnel de coopération multilatérale large et ambitieux pour espérer concilier les bénéfices attendus d'une immigration sélectionnée avec les effets positifs potentiels de l'émigration dans les pays en développement. Nous admettons cependant dans une dernière analyse que la mise en place de ce cadre ne pourra s'effectuer qu'à long terme du fait de la difficulté de voir converger les intérêts de chaque partie. Nous illustrons ces difficultés par l'étude du comportement de transfert des clandestins mexicains qui établit que le Mexique pourrait ne pas être pleinement coopératif dans la lutte contre ces migrations car elles lui octroient des transferts plus importants et plus productifs à court terme que ceux issus des migrants légaux.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00965153
Date30 June 2009
CreatorsBoussichas, Matthieu
PublisherUniversité d'Auvergne - Clermont-Ferrand I
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

Page generated in 0.0016 seconds